450g de Viande par Semaine : Un Pas Vers la Santé et le Respect du Climat en France

La première source d’émissions de gaz à effet de serre de notre alimentation est la viande, dont il s’agit de limiter la consommation pour le climat, mais aussi pour notre santé. Les Français consomment deux fois plus de viande que la quantité recommandée au niveau international.

La Consommation de Viande en France : Une Tendance à Revoir

En France, la consommation de viande continue de baisser. Selon le dernier baromètre de Harris Interactive et du Réseau action climat, 53 % des Français ont réduit leur consommation ces trois dernières années. Si les considérations économiques restent la principale motivation (52 %), d’autres facteurs comme la santé (38 %), l’environnement (35 %) et le bien-être animal (33 %) jouent un rôle grandissant.

La tendance à la baisse se stabilise après une forte accélération liée à l’inflation en 2023. Cette année-là, la consommation par habitant de viande diminuait pour la première fois depuis longtemps et les volumes de viandes bovines vendues enregistraient une baisse pour la première fois depuis vingt ans en France, malgré une demande soutenue mécaniquement par la croissance démographique (+ 7 millions d’habitants depuis 2020).

Il est important de noter qu'après deux décennies de baisse entre 1990 et 2012, la consommation de viande par habitant affiche une légère hausse depuis une dizaine d’années : elle a progressé d’un peu plus de 2 % entre 2013 et 2022. Finalement, la quantité de viande consommée par habitant en France est aujourd’hui deux fois supérieure à la moyenne mondiale.

Pourtant, la consommation française reste stable, la consommation de poulet ayant même doublé au cours des 20 dernières années.

Et ce changement pourrait aller plus loin : 79 % des Français affirment qu’ils pourraient encore réduire leur consommation si cela leur permettait d’acheter une viande de meilleure qualité, rémunérant mieux les éleveurs et limitant les importations.

Pourquoi Limiter la Consommation de Viande ?

Aujourd'hui, 22 % de l'empreinte carbone française vient de notre alimentation, bien trop riche en viande. Au niveau mondial, le système agricole et alimentaire produit 34 % des émissions de gaz à effet de serre. De nombreux scénarios ont été élaborés par des scientifiques de tous les pays, et ils sont presque tous d'accord sur un point : il faut réduire les produits d'origine animale (en particulier les produits laitiers et la viande) et les aliments transformés, et privilégier à l'inverse les aliments végétaux (fruits, légumes, légumineuses, fruits à coques, céréales complètes).

En France, il faudrait réduire la consommation globale de viande de 50 % pour respecter nos engagements climatiques.

450g de Viande par Semaine : Un Objectif Réalisable

Parmi les scénarios possibles pour réduire l'impact de notre alimentation sur notre bilan carbone, Réseau Action Climat démontre qu'il est "possible de réduire de 50 % la consommation de viande tout en satisfaisant l'adéquation nutritionnelle et sans avoir recours à des produits enrichis ou à des supplémentaires". Autrement dit, que l'on peut se passer de la moitié de la viande que nous consommons actuellement sans aucun impact sur notre santé ou nos besoins nutritionnels.

Une étude affirme que pour atteindre les objectifs de limitation du réchauffement climatique, il faudrait réduire de moitié la consommation actuelle de viande en France, soit arriver à 450 g maximum par personne par semaine, « tout en satisfaisant l’ensemble des apports nutritionnels recommandés », soit sans carences. C’est ce qu’explique une étude du réseau Action Climat et de la Société française de nutrition, publiée mardi 20 février.

« Les résultats montrent qu’il est possible de réduire de 50 % la consommation de viande tout en satisfaisant l’adéquation nutritionnelle et sans avoir recours à des produits enrichis ou à des supplémentations. » Si ces changements étaient adoptés, « cela permettrait donc non seulement de réduire fortement les impacts environnementaux de notre alimentation, mais aussi d’améliorer considérablement sa qualité nutritionnelle et ainsi de contribuer à la prévention des maladies non transmissibles liées à l’alimentation (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, certains cancers…) », justifie l’étude.

L’étude propose, en compensation, « davantage de fruits et légumes, de légumineuses, de fruits à coque et de produits céréaliers complets qu’aujourd’hui, avec une consommation modérée d’œufs et de produits laitiers, et une forte diminution des produits gras, sucrés et/ou salés ».

Par exemple, l'ONG propose un régime alimentaire type permettant de réduire de 35 % notre impact carbone en réduisant à 450g la quantité de viande par semaine, tous types de viande confondus, en consommant 65 à 100g de légumineuses par jour (comme au Danemark, en Grèce ou en Italie), et en recommandant la consommation quotidienne de deux petites poignées de fruits à coques non salés, en privilégiant les noix.

Le Rôle de l'État et du Programme National Nutrition Santé (PNNS)

L’impact climatique n’est pas de votre seul fait : l’information des consommateurs joue un rôle très important dans l’alimentation, et c’est ici à l’État de remplir sa part du contrat. L’État a également la responsabilité d’agir dans la restauration collective, en particulier dans les cantines scolaires, où il peut par exemple rendre obligatoire la proposition d’une alternative végétarienne quotidienne, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’alimentation et familiariser la population à une alimentation plus végétale. 70% des Français y sont favorables ! Enfin, ses rôles de législateur et de régulateur du secteur économique donnent à l’État une très forte influence sur l’alimentation des Français.

Les pouvoirs publics disposent notamment des recommandations officielles de consommation alimentaire du Programme National Nutrition Santé. Le PNNS, créé en 2001, est bien connu grâce à ses messages invitant à manger au moins 5 fruits et légumes par jour, ou à ne pas manger trop gras, trop sucré et trop salé.

Toutefois, les recommandations du PNNS ont été élaborées en prenant en compte les enjeux de nutrition et de santé humaine, mais pas les enjeux environnementaux. Or c'est loin d'être le cas partout. De plus en plus de pays ont intégré l'impact de l'alimentation sur le climat et l'environnement, et la France est à la traîne, après avoir été pionnière dans ce domaine en créant le PNNS en 2001. Au total, 25 États dans le monde ont intégré ces enjeux (dont, en Europe : l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne et l'Italie).

Le Réseau Action Climat et la Société Française de Nutrition invitent donc les pouvoirs publics à inscrire la révision des recommandations du PNNS dans la Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat, dans la perspective de mettre en place un PNNS-Climat pour traiter de façon cohérente les enjeux climatiques et nutritionnels.

Dans ce sens, l’étude formule des propositions concrètes pour faire évoluer les recommandations alimentaires du PNNS, en invitant en particulier à ne pas consommer plus de 450 g de viande par semaine (toutes catégories de viandes confondues (bœuf, porc, volaille, charcuterie, etc.), et à consommer des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs, etc.) et deux petites poignées de fruits à coque (amandes, noix, etc.) chaque jour.

Les Légumineuses : Une Alternative Essentielle

En conséquence de cette diminution de l’alimentation carnée, les légumineuses s’imposent comme une alternative majeure. 85 % des Français déclarent être prêts à en consommer davantage pour compenser la baisse de viande.

Manger Mieux : Un Choix Militant

En France 30% de la viande que nous consommons est importée, et le chiffre monte même à 50% pour le poulet ! Par ailleurs, la crise du revenu des agriculteurs n’est pas provoquée par les consommateurs, mais par les firmes agro industrielles et la grande distribution qui tirent les coûts vers le bas dans une logique de rentabilité extrême dont les premiers perdants sont les agriculteurs et les éleveurs.

La transition vers des régimes alimentaires durables ne pourra pas avoir lieu sans la mobilisation des acteurs publics comme privés pour faire évoluer les habitudes alimentaires des Français. Cette révision devra s’accompagner de politiques publiques plus globales visant à rendre le système agricole et alimentaire français plus durable, en soutenant les agriculteurs et les ménages les plus vulnérables dans cette transition. Pour le Réseau Action Climat, la diminution de la consommation de viande doit s’accompagner de politiques pour orienter la demande vers de la viande de meilleure qualité et produite de façon durable sur nos territoires.

Autre apport de cette étude : La défiance des Français envers les distributeurs : 90 % des sondés veulent une transparence totale sur l’origine de la viande dans les plats préparés, et 83 % souhaitent la fin de la commercialisation des viandes issues d’élevages intensifs.

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