Troubles du Comportement Alimentaire: Types et Traitements

L'alimentation est une fonction vitale qui apporte les éléments nutritionnels indispensables pour rester en bonne santé. Elle joue aussi un rôle psychologique, affectif et social. Cependant, l'équilibre entre les exigences personnelles, culturelles et métaboliques peut être difficile à trouver. Cela peut ainsi se traduire par des troubles du comportement alimentaire, comme l'anorexie et la boulimie.

Qu'est-ce que les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) ?

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont une série de perturbations du comportement alimentaire auto-imposées. Elles ont un impact important sur la santé physique et psychologique des personnes qui en souffrent. Les plus connus sont l'anorexie et la boulimie, mais l’hyperphagie serait la plus répandue.

Ces troubles concernent en particulier les jeunes filles vers l'âge de 12 à 14 ans ou bien de 18 à 20 ans. Ils apparaissent en moyenne chez 6 à 10 filles pour un garçon et concerneraient une jeune fille sur 200 et une personne sur 1000 en France.

Un trouble du comportement alimentaire (TCA) peut être défini comme une perturbation de la relation à l’alimentation, altérant de façon significative la santé physique comme l’adaptation psychosociale. Ces troubles surviennent principalement chez les adolescentes ou jeunes femmes, mais peuvent également survenir chez les personnes de sexe masculin ou chez les enfants proches de la puberté.

Les TCA concernent près d'un million de personnes en France. Plus de la moitié d’entre elles ne sont pas dépistées et n’accèdent pas encore aux soins !

  • L’anorexie mentale touche environ 1% des femmes et 0,3% des hommes.
  • La boulimie 1,5% des femmes et 0,5% des hommes.
  • L’hyperphagie boulimique concerne environ 3% des femmes et 1,5% des hommes.

De surcroît, les formes moins typiques sont nombreuses. Ce sont des maladies mal connues, qui sont source de complications parfois très graves.

Les TCA restent à ce jour une entité dont l'origine est encore mal connue, et pour laquelle aucune cause directe n'a été identifiée. L'hypothèse la plus courante est que l'anorexie, comme la boulimie, sont dues à l’interaction de multiples facteurs.

En France, il n’existe pas de chiffres officiels. Les prévalences d'anorexie mentale varient de 1,6 % à 4 % et la boulimie de 2 à 5 %. L'anorexie toucherait 70 000 adolescentes et jeunes (entre 15 et 25 ans). Elle concerne à 90 % des jeunes filles. Elle débute le plus souvent après la puberté, avec un âge moyen de début, de 17 ans (on observe deux pics de fréquence autour de 14 ans et de 18 ans). De 10 à 19 ans, les crises de boulimie peuvent concerner jusqu'à 28 % des adolescentes et 20 % des adolescents.

Types de Troubles du Comportement Alimentaire

L'Anorexie Mentale

Appelée aussi "anorexie nerveuse", ce trouble du comportement alimentaire perturbe la relation à l'alimentation. Elle se caractérise surtout par une restriction. La perte de poids intentionnelle est entretenue par la peur de grossir. La jeune fille anorexique maintient le plus souvent un poids faible, en dessous des normes pour son âge et sa taille.

Le risque principal est la dénutrition. Elle peut provoquer des troubles hormonaux et métaboliques, notamment arrêter les règles. Dans certains cas, la pratique excessive des exercices physiques, ou l'utilisation de laxatifs, de coupes faim et de diurétiques peuvent aggraver les troubles.

L'anorexie peut apparaître seule ou accompagnée d'épisodes de boulimie, associés à une sensation de perte de contrôle, un sentiment de culpabilité, de dépression et d'angoisse. Elle peut avoir des conséquences importantes sur le parcours scolaire, ainsi que les relations familiales ou amicales.

L'anorexie mentale la plus classique est celle de la jeune fille entre 12 et 18 ans. Mais il existe des formes prépubères, qui surviennent avant l'apparition des premières règles, et des formes qui débutent à l'âge adulte. Dans 10% des cas, l’anorexie mentale touche le garçon.

Pour faire le diagnostic d'anorexie mentale, on recherche essentiellement trois critères :

  • Un amaigrissement de plus de 15% du poids initial et/ou un indice de masse corporelle (poids en kg/taille en m au carrĂ©) infĂ©rieur Ă  17,5.
  • Une anorexie, une « perte de l'appĂ©tit » qui se traduit plutĂ´t par une lutte active contre la faim et un Ă©vitement de tous « les aliments qui font grossir », frĂ©quemment associĂ©e Ă  d'autres manifestations qui ont toutes pour but de perdre du poids (hyperactivitĂ© physique, vomissements provoquĂ©s, utilisation de mĂ©dicaments, etc…)
  • Une perturbation de l'image corporelle, dans laquelle la personne ne perçoit plus sa propre maigreur, associĂ©e Ă  une obsession du poids et une peur panique de grossir.

En dehors de ces signes cardinaux, on retrouve très fréquemment d'autres signes : une aménorrhée, c'est-à-dire la disparition (ou non-apparition pour les filles pré-pubères) des règles ; c'est un trouble endocrinien que l'on retrouve chez les garçons sous forme d'un désintérêt sexuel associé à une impuissance, souvent de très bons résultats scolaires, un certain désintérêt pour les questions relationnelles (amicales et amoureuses), la famille est au contraire surinvestie, au début, les personnes qui souffrent d’anorexie ne se sentent pas malades et c'est souvent la famille qui demande une consultation.

La Boulimie

La boulimie est un trouble du comportement alimentaire qui se caractérise par des crises répétées d'hyperphagie (l'absorption de grandes quantités de nourriture en peu de temps). Le poids corporel est aussi au centre des préoccupations. Cependant, la jeune fille boulimique arrive souvent à maintenir un poids normal ou juste en dessous.

Le risque principal de la boulimie est en lien avec les conduites de purge. Une purge peut se faire soit par des vomissements, soit par l'utilisation de laxatifs. Les vomissements répétés peuvent provoquer des troubles physiques. Parmi eux : une inflammation des gencives, des troubles dentaires, voire une rupture de l'estomac ou une perforation de l'œsophage dans les cas les plus graves. On peut aussi constater des carences en potassium à cause des vomissements et des diarrhées importantes, mettant parfois en jeu le bon fonctionnement du cœur.

La boulimie fait souvent suite à un épisode d'anorexie mentale, c’est-à-dire de restriction importante, au court des mois ou des années précédentes.

L'âge habituel de survenue de la boulimie se situe entre 18 et 20 ans. Le plus souvent il s'agit de jeunes filles ; la boulimie masculine est plus rare.

Les symptômes boulimiques, comme les symptômes anorexiques, sont sous-tendus par l’insatisfaction corporelle et la peur de grossir. Mais si dans l’anorexie domine la restriction, dans la boulimie il y a perte de maîtrise.

Pour faire le diagnostic de boulimie, on recherche essentiellement trois critères :

  • Il y a d'abord la crise de boulimie elle-mĂŞme, c’est Ă  dire l’ingestion d'une grande quantitĂ© d'aliments dans un temps assez court, qui s’accompagne d’une perte de contrĂ´le sur la prise alimentaire (peur de ne pas contrĂ´ler la quantitĂ© ingĂ©rĂ©e, de ne pas pouvoir s'arrĂŞter de manger). Cette crise se dĂ©roule souvent en cachette, accompagnĂ©e de sentiments de honte et de culpabilitĂ©;
  • Un ou plusieurs comportements compensatoires pour prĂ©venir la prise de poids (exercice physique excessif, pĂ©riode de jeĂ»ne, vomissements provoquĂ©s, prise de mĂ©dicaments…);
  • Comme dans l'anorexie, il y a une prĂ©occupation excessive pour le poids et l’apparence corporelle, avec un dĂ©ficit de l’estime de soi.

Les personnes qui souffrent de boulimie font au moins une crise par semaine, elles peuvent en faire jusqu'à plusieurs par jour. Rarement, les crises s'enchaînent, même jour et nuit : on parle alors d’ « état de mal boulimique ».

Au niveau organique, la complication la plus fréquente est une baisse du potassium sanguin, avec un retentissement cardiaque. On note également la survenue de problèmes dentaires et oesophagiens, et une augmentation caractéristique du volume des glandes parotides.

Un suivi médical somatique rigoureux est indispensable pour le dépistage et le traitement de ces complications.

L'Hyperphagie Boulimique

L'hyperphagie est probablement le trouble des conduites alimentaires le plus répandu. Il touche autant les hommes que les femmes. Les symptômes sont assez proches de ceux de la boulimie, mais l'hyperphagie n'est pas accompagnée de purge.

La personne hyperphagique a tendance à consommer de trop grande quantité de nourriture, rapidement, sans ressentir la sensation de satiété. Ce genre de conduite entraîne rapidement un sentiment de honte et de dégoût et peut parfois mener jusqu’à l’obésité.

Quand il y a des crises de boulimie sans comportements compensatoires pour prévenir la prise de poids, on parle d'hyperphagie boulimique, qui s'accompagne souvent d'obésité.

L’âge moyen de début du trouble est de 21 ans.

L’hyperphagie boulimique, ou accès d’hyperphagie, se présente sous la forme de crises de boulimie incontrôlées et récurrentes, sans comportements compensatoires. Généralement, une certaine restriction est observable, ce qui renforce les pulsions alimentaires.

L’individu va manger de grandes quantités de nourriture en l’absence de sensation de faim, jusqu’à ressentir une pénible distension abdominale. Il recherche cette sensation de distension même si elle est inconfortable. Il mange seul par gêne et va ensuite se sentir coupable et déprimé.

Cette pathologie, qui génère une grande souffrance psychique, occasionne généralement un surpoids important, voire une obésité, parfois morbide.

Encore peu connue, l’hyperphagie est d’ailleurs souvent confondue à tort avec de l’obésité. Pourtant, on n’y retrouve pas de valorisation du surpoids telle que souvent observée dans l’obésité, les comorbidités sont moins nombreuses et l’évolution est plus favorable lorsqu’une prise en charge psychologique adaptée est proposée.

Dans le traitement de cette pathologie mentale, la mise en place d’un régime ne sert à rien.

Autres Troubles du Comportement Alimentaire

On dénombre dans la classification internationale du DSM-5 plusieurs grandes catégories de troubles du comportement alimentaire. Le trouble des conduites alimentaires non spécifié est un diagnostic du DSM-5 utilisé pour qualifier toutes les problématiques qui ne répondent pas précisément aux critères des troubles du comportement alimentaire spécifiques, tels que l’anorexie mentale, la boulimie et l’accès hyperphagique.

  • Le mĂ©rycisme: Il s’agit d’une rĂ©gurgitation ou d’une re-mastication des aliments qui peut durer des heures. Ceux-ci sont Ă  nouveau mastiquĂ©s, ruminĂ©s, puis gĂ©nĂ©ralement ravalĂ©s, en l’absence de nausĂ©es ou de sentiment de dĂ©goĂ»t. Dans le DSM-5, il est prĂ©cisĂ© que cette conduite doit ĂŞtre frĂ©quente, rĂ©pĂ©tĂ©e, et donc « survenir plusieurs fois par semaine, en principe quotidiennement ». Le mĂ©rycisme peut en outre dĂ©buter Ă  tout âge, dès la première enfance. Le mĂ©rycisme est un trouble du comportement alimentaire liĂ© Ă  la notion de plaisir. En effet, par cette remontĂ©e volontaire des aliments, la personne revit, inconsciemment ou non, la satisfaction qu’elle a vĂ©cu lorsqu’elle les a ingĂ©rĂ©s.
  • Le syndrome d’alimentation nocturne (SAN): Il s’agit d’une prise alimentaire non contrĂ´lĂ©e, excessive, pendant la nuit. L’individu se rĂ©veille pour aller manger copieusement. Cette conduite alimentaire peut se produire dans un Ă©tat de demi-sommeil, la personne n’en Ă©tant pas toujours consciente. Le lendemain, elle se rĂ©veille avec un souvenir plutĂ´t imprĂ©cis de ce qu’elle a consommĂ© pendant la nuit.
  • La potomanie: La potomanie est un trouble du comportement alimentaire qui se dĂ©finit par un besoin irrĂ©pressible de boire en grande quantitĂ©, principalement de l’eau (polydipsie) ou de l’alcool (dipsomanie). Ce trouble alimentaire s’inscrit dans une volontĂ© de se purger, se purifier, se nettoyer. Il peut Ă©galement avoir pour objectif de se remplir l’estomac au maximum et ĂŞtre associĂ© Ă  une anorexie mentale.

Causes des Troubles du Comportement Alimentaire

On sait à présent que les troubles du comportement alimentaire sont le résultat de plusieurs facteurs génétiques, neurobiologiques, psychologiques, sociaux et alimentaires. Les personnes ayant une personnalité perfectionniste, une faible estime d'elle-même et un besoin de contrôle ou d'attention sont plus souvent concernées.

Même si le culte de la minceur des sociétés occidentales a un impact négatif, les personnes qui souffrent de TCA ont le plus souvent du mal à convertir certaines émotions (comme le stress ou l'anxiété). Elles trouvent dans ce comportement le moyen de les réguler ou de les dévier.

Un trouble du comportement alimentaire (TCA) se caractérise par une perturbation du comportement en lien avec l’alimentaire, le poids et/ou l’apparence physique de la personne. Le trouble va affecter durablement la santé de la personne, son quotidien et ses relations personnelles et sociales.

Les origines et facteurs de risque des TCA sont nombreux, on parle d’un trouble aux origines psycho-bio-sociales. Il y aurait plusieurs facteurs de vulnérabilité ou de prédispositions de nature génétique ou biologique et des facteurs déclenchants ou précipitants dans le trouble tels que des pressions familiales, sociales ou culturelles, voir émotionnels ou des troubles de la personnalité.

Les pistes de la recherche sont axées d’une part pour mieux caractériser les facteurs de vulnérabilité et d’autre part pour comprendre la physiopathologie. Ainsi, les études épidémiologiques et de biologie moléculaire démontrent l’importance des facteurs génétiques et des gènes candidats sont maintenant identifiés mais il reste à comprendre leurs rôles dans chaque trouble des comportements alimentaires. Pour l’anorexie mentale, les gènes associés supportent le modèle d’un trouble à la fois métabolique et psychiatrique. L’utilisation de l’imagerie cérébrale fonctionnelle montre, par exemple, des altérations de l’activité cérébrale dans les régions impliquées dans la motivation et la récompense. Ramoz N et al. Génétique et épigénétique des troubles des conduites alimentaires.

Que faire en cas de Troubles du Comportement Alimentaire ?

Différents types de traitement existent et sont souvent associés. Les traitements médicamenteux permettent de combler les carences dues à la maladie ou de traiter certains troubles comme la dépression ou l'anxiété.

Cependant, la psychothérapie reste le traitement le plus efficace pour réapprendre à s'aimer, s'alimenter et changer ses habitudes de vie.

Le dépistage est effectué par le psychiatre et doit être exhaustif pour les comorbidités psychologiques et psychiques afin d’apporter une offre de soins pluridisciplinaires et adaptés. Il faut une alliance thérapeutique avec le patient pour qu’il prenne conscience des comportements nuisibles liés à la nourriture, au poids et à son corps.

La prise en charge passe par une psychopédagogie de l’alimentation (se nourrir est vital) et des psychothérapies (augmenter l’estime de soi, réduire la rigidité et la persévérance des comportements néfastes pour la santé du patient). Il y a un contrat de reprise de poids qui peut passer par une hospitalisation.

Les troubles du comportement alimentaire doivent être pris en charge le plus tôt possible pour une meilleure efficacité des traitements et pour éviter des conséquences graves sur la santé.

La prise en charge est d'emblée pluridisciplinaire : médicale, psychologique, nutritionnelle, sociale et familiale. Elle est adaptée à l'âge du patient et à l'intensité de ses troubles.

Le traitement des troubles du comportement alimentaire repose essentiellement sur la prise en charge psychothérapeutique et l’éducation nutritionnelle. Cette prise en charge est également sociale et familiale.

Lors de troubles du comportement alimentaire, les psychothérapies cognitives et comportementales sont souvent mises en œuvre. Elles ont pour objectif de modifier l’attitude globale du patient vis-à-vis de la nourriture. Ces thérapies durent de trois à six mois et nécessitent une vingtaine de séances. Elles font le point sur l’histoire alimentaire de la personne, et en particulier sur l’image qu’elle a de son corps, sur ses attentes ou ses difficultés relationnelles.

Dans le cas de la boulimie, elles permettent d’identifier les facteurs déclenchants des crises et d’apprendre à adopter un comportement autre que la frénésie alimentaire. Ces thérapies sont presque toujours associées à des mesures d’éducation nutritionnelle qui visent à modifier les croyances du malade sur les aliments et sur la relation entre alimentation et prise de poids.

Une thérapie familiale peut également être entreprise, si les conflits de l’adolescent avec ses parents sont importants, ou si la famille souffre beaucoup des conséquences du trouble du comportement alimentaire.

Un antidépresseur, la fluoxétine (Prozac et ses génériques), peut être prescrit dans le cadre de troubles boulimiques. Il contribue à diminuer la fréquence des crises, des vomissements ou des prises abusives de laxatifs, en complément d’une psychothérapie. Il est utilisé, pendant les premiers mois du traitement, à des posologies souvent plus élevées que celles préconisées dans le traitement de la dépression.

Signes d'Alerte

ATTENTION AUX SIGNES D’ALERTE ! Chez les adolescentes, une perte de poids de 10% ou plus, des variations brutales de poids et de comportement, une aménorrhée, une préoccupation excessive autour de l’image du corps, de l’alimentation et de la diététique, ainsi qu’une mauvaise estime de soi, doivent être considérés comme des signes d’appel d’un comportement anorexique ou boulimique.

D’autres signes comme les vomissements, le suivi « à la lettre » de régimes avec une perte de poids significative, une activité physique intense, témoignent d’un trouble alimentaire qui s’installe...

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