Avec l'arrivée de l'automne, les rhumes et autres virus sont en embuscade. Face à la toux et à la gorge irritée, beaucoup optent pour l'automédication. Cependant, il est crucial de se méfier de certains sirops antitussifs en vente libre.
Des sirops souvent inefficaces, voire dangereux
La tentation de recourir à un sirop antitussif pour calmer la toux est grande. Cependant, environ « 70 % des sirops contre la toux ne servent à rien, mais tous peuvent provoquer des troubles digestifs et des réactions allergiques », prévient le Pr Jean-Paul Giroud.
Pour le Pr Giroud, « l’automédication est utile pour traiter un trouble bénin chez les adultes en bonne santé à condition d’avoir recours à un médicament efficace et bien toléré ». Elle est toutefois « à proscrire chez les nourrissons, les femmes enceintes ou qui allaitent ainsi que chez les personnes âgées polymédicamentées », insiste le spécialiste des médicaments.
De plus, la Haute Autorité de santé (HAS) indique que « les sirops antitussifs et fluidifiants bronchiques sont contre-indiqués » dans le traitement de la bronchiolite aiguë du nourrisson. Ils sont même « dangereux et augmentent le risque d’hospitalisation », renchérit le ministère de la Santé.
Attention aux vieux flacons dans vos placards
Si vous comptez soigner votre toux avec des sirops stockés depuis longtemps, soyez vigilant. Si vos flacons datent de plus d’un an, il est impératif de regarder leur composition attentivement avant d’en prendre une cuillérée. Car s’ils contiennent de la pholcodine, il ne faut surtout pas tenter de soigner sa toux avec.
Selon une récente étude, « la prise d’un médicament à base de pholcodine, utilisé contre la toux, expose à un risque important de faire une allergie grave aux curares, indiqués lors d’une anesthésie générale, même si l’anesthésie a lieu plusieurs semaines après la prise du médicament ». De quoi pousser l’agence sanitaire à suspendre dans la foulée « toutes les autorisations de mise sur le marché (AMM) des sirops contre la toux à base de pholcodine en France ».
« A compter du 5 avril 2023, les AMM des médicaments contenant de la pholcodine (sirops) sont retirées en France, poursuit l’ANSM. Cette mesure fait suite à la décision de la Commission européenne de retirer les AMM de ces médicaments, conformément à l’avis rendu par l’Agence européenne des médicaments. En pratique, en France tous les sirops concernés ont fait l’objet d’un rappel de lots dès le 8 septembre 2022. Il n’est donc plus possible de se procurer de pholcodine depuis cette date ».
Médicaments à éviter selon la revue "Prescrire"
Tous les ans, la revue médicale indépendante "Prescrire" révèle une liste de médicaments à éviter, notamment à cause de leurs effets indésirables graves. Pour 2023, 107 médicaments sont concernés, dont 88 commercialisés en France. Certains médicaments sont plus dangereux qu'efficaces selon la revue médicale indépendante "Prescrire". Ils sont inefficaces ou dangereux, voire parfois les deux.
La revue "Prescrire" a passé au crible tous les médicaments, dans plusieurs domaines : la cardiologie, dermatologie, rhumatologie ou encore psychiatrie. Elle a examiné le "bénéfice-risque", et 107 d'entre eux ont été épinglés pour leur composition. Ils contiennent des molécules qui causent "des dommages disproportionnés pour les patients".
Certains médicaments, autorisés et très commercialisés en France, sont concernés. Ils sont pourtant présents dans quasiment toutes les armoires à pharmacie. L'une des composantes du Vogalib, prescrit contre les vomissements, est par exemple déconseillée car elle expose à des troubles du rythme cardiaque, des AVC, et des morts subites. Le sirop pour la toux Maxilase, lui, peut causer des allergies parfois graves. Le diclofénac, utilisé dans l'anti-inflammatoire Voltarène, peut provoquer des infarctus et des insuffisances cardiaques. Quant au Smecta, il est déconseillé en raison de sa pollution naturelle par le plomb.
Dans la mesure du possible, "Prescrire" conseille des alternatives plus bénéfiques. Pour le Smecta par exemple, "en cas de reflux gastro-œsophagien non compliqué, d'autres médicaments ont une balance bénéfice-risque favorable, comme l'association bicarbonate de sodium + alginate de sodium (Gaviscon° ou autre)." La revue médicale conseille également de prendre du paracétamol plutôt que du Maxilase.
Trois nouveaux médicaments s'ajoutent à la liste "à écarter" cette année : le roxadustat (Evrenzo°), autorisé dans l'anémie liée à une insuffisance rénale chronique, semble augmenter la mortalité chez certains patients ; la teinture d'opium (Dropizal°), autorisée dans les diarrhées sévères, n'apporte pas d'avantage clinique par rapport au lopéramide (Imodium° ou autre) ; les protéines d'arachide (Palforzia°), utilisées dans la désensibilisation en cas d'allergie à l'arachide, augmentent la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne des patients.
Le cas du Nopron
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ASNM) a été contrainte, dans une lettre datant de juin 2013, de rappeler à l’ordre le laboratoire anglais Primus Lab pour avoir tenté de commercialiser en Italie du Nopron, sirop pour la toux interdit en France depuis janvier 2012. Ce produit était à l’origine exploité par le laboratoire français Alkopharm, rappelle Le Figaro, qui avait fait l’objet d’une enquête judiciaire en 2011 pour avoir commercialisé un traitement anticancéreux périmé ! Les autorités avaient, par le biais de cette enquête, fait interdire la mise en circulation de 14 autres produits en France, dont le Nopron.
Antitussifs : ce qu'il faut savoir
La toux est un symptôme désagréable, tant pendant les périodes hivernales à cause des rhumes que le reste de l'année comme lors d'allergies ou d'irritations. Les sirops pour la toux sont nombreux mais doivent être pris avec précaution.
Un antitussif est un médicament qui soulage la toux sèche non productive. Il existe diverses classes d'antitussifs, qui se distinguent par leur mode d'action (centrale ou périphérique) et la nature de leur(s) principe(s) actif(s). Les antitussifs se présentent généralement sous forme de sirops ou de solutions buvables, et plus rarement sous forme de comprimés.
Les antitussifs sont à distinguer des médicaments destinés à la toux grasse (productive) que sont les mucolytiques (ou fluidifiants bronchiques). Ces derniers ont justement tendance à faire tousser pour aider à dégager les voies respiratoires encombrées et faciliter l'évacuation du mucus. C'est pourquoi l'association d'un antitussif avec un fluidifiant bronchique est souvent injustifiée sur le plan médical.
Aussi, les antitussifs sont des traitements symptomatiques qui visent à soulager la toux, mais qui ne traitent pas la cause. C'est pourquoi il est très important de pouvoir identifier l'origine d'une toux et de n'utiliser les antitussifs, traitements d'appoints, que sur une période de quelques jours.
Un antitussif est indiqué lors d'une toux sèche non productive. Ces médicaments ne sont pas indiqués pour des toux grasses car en bloquant la toux, ils empêcheraient l'évacuation des mucus et risqueraient d'aggraver la situation.
En cas de toux chronique, il est impératif d'en connaître l'origine et d'éliminer la cause, car une toux qui dure dans le temps peut être l'un des signes d'une autre pathologie (exemple : allergie, intolérance à une substance ou certains médicaments, affection des bronches ou des poumons comme de l'asthme, etc.). Un avis médical est alors fortement recommandé et des examens complémentaires peuvent être prescrits.
Les antitussifs peuvent être pris par exemple lorsque les voies respiratoires sont irritées et déclenchent de la toux, comme lors d'une affection ORL transitoire (rhume, écoulement nasal, etc.), une sécheresse des muqueuses ORL ou chez les fumeurs, ou encore lors d'une réaction allergique entraînant une toux irritative.
Les antitussifs ont un mode d'action différent selon la localisation de leurs effets (centraux ou périphériques) et la classe thérapeutique à laquelle ils appartiennent. Les antitussifs opioïdes ainsi que la pentoxiverine Clarix® et la Paxeladine® ont une action centrale ; ils agissent directement sur le centre de la toux au niveau du système nerveux central en augmentant le seuil de déclenchement de la toux. Certains ont également des propriétés antispasmodiques.
Les antitussifs antihistaminiques agissent au niveau périphérique en bloquant les récepteurs H1 de l'histamine et en réduisant ses effets sur les bronches, à savoir la toux. D'autres antitussifs ont une action adoucissante et antiseptique (ex : guimauve et thym) ou antispasmodique (ex : lierre grimpant). Il existe également des spécialités homéopathiques contre la toux dont le mécanisme d'action n'est pas connu.
Depuis 2017, tous les antitussifs opiacés contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l'éthylmorphine ou de la noscapine ne peuvent plus être achetés que sur présentation d'une ordonnance. Ainsi à ce jour, tous les antitussifs opioïdes nécessitent une prescription médicale.
Les seuls antitussifs disponibles aujourd'hui sans ordonnance sont les spécialités à base d'oxomémazine (ex : Toplexil®), les antitussifs non opioïdes non antihistaminiques (pentoxyverine Clarix® et Paxeladine®) et les autres antitussifs (lierre grimpant, Prospan®, Herbion®, Hélicidine®, Bronwel® et les spécialités homéopathiques).
Tous les antitussifs peuvent provoquer des réactions allergiques aux principes actifs ou aux excipients qu'ils contiennent. Les antitussifs à base de pholcodine sont aussi à l'origine, de façon rare mais grave, de réactions allergiques aux curares (médicaments utilisés en anesthésie et réanimation) pouvant se manifester par un choc anaphylactique. C'est la raison pour laquelle ils sont retirés du marché à ce jour.
Les antitussifs opiacés présentent certains effets indésirables tels que de la somnolence, des sensations de vertiges, des nausées et de la constipation. La conduite automobile ou de machines peut s'avérer dangereuse en cas de prise de ces médicaments et encore plus s'ils sont administrés le matin ou pendant la journée. De plus, ils sont susceptibles de provoquer de la dépendance (accoutumance) ou encore une dépression respiratoire, et d'autant plus s'ils sont pris trop longtemps (plus de quelques jours) et/ou à fortes doses. Seul le dextrométorphane n'entraîne pas de dépression respiratoire aux doses usuelles.
Les antitussifs antihistaminiques ont comme principal effet indésirable un effet sédatif, qui peut être dangereux en cas de conduite. Ils ont également des effets anticholinergiques (ou atropiniques) tels que de la sécheresse buccale, de la constipation, de la rétention urinaire, des troubles de la vision pouvant déclencher ou aggraver un glaucome.
Les antitussifs opiacés ne doivent pas être utilisés en cas de toux grasse productive (notamment asthmatiforme), d'antécédents d'asthme, d'insuffisance hépatique ou respiratoire, ni en cas de grossesse ou d'allaitement. Ils sont aussi contre-indiqués avec certains médicaments tels que les morphiniques ou certains antidépresseurs (IMAO).
Les antitussifs antihistaminiques sont contre-indiqués en cas d'antécédents d'agranulocytose, de glaucome à angle fermé et de troubles de la prostate (adénome).
Tous les antitussifs sont contre-indiqués chez les nourrissons et les enfants de moins de 2 ans.
La consommation d'antitussifs n'est pas sans risque. Les règles suivantes sont à respecter lors de leur prise : ne pas les utiliser en cas de toux grasse, respecter les durées de traitement préconisées (maximum 5 jours en règle générale), ne pas augmenter les doses en cas de persistance de la toux, ne pas utiliser de fluidifiant en même temps qu'un antitussif et s'assurer de l'origine de la toux avant d'utiliser l'antitussif. Par exemple, certains médicaments comme les IEC (antihypertenseurs) peuvent déclencher de la toux en cas d'intolérance : cette cause est donc à exclure avant de prendre un antitussif.
Les antitussifs opioïdes doivent également être utilisés avec précaution en cas de risque accru de dépendance. L'alcool peut aussi potentialiser l'effet de somnolence provoquée par certains antitussifs. Aussi, la conduite automobile ou de machines doit être évitée avec ces derniers et une prise le soir est à privilégier.
Purple Drank : Danger chez les jeunes
Pas besoin de faire appel à un dealeur ni de vider son porte-monnaie. C'est à l'officine au coin de la rue, ou même dans l'armoire à pharmacie familiale que certains ados trouvent désormais les ingrédients pour se shooter. Quelques médicaments vendus sans ordonnance, des glaçons, de la limonade et vous avez un cocktail explosif : le purple drank, que l'on appelle aussi lean ou sizzurp.
Cette drogue, popularisée par des rappeurs américains dès les années 1990, a pour principal composant un simple sirop contre la toux, généralement violet (« purple ») aux Etats-Unis, d'où son nom de purple drank.
Le phénomène prend une ampleur telle que l'Ordre national des pharmaciens a décidé de tirer la sonnette d'alarme dans son journal interne du mois de mai en appelant les officines à la vigilance lorsqu'elles se retrouvent face à de jeunes minois, manifestement peu souffreteux, qui réclament, par exemple, de l'Euphon ou du Néo-Codion (sirops contre la toux) avec des cachets de Phénergan (contre les allergies ou les insomnies passagères).
Le purple drank est un mélange de codéine (un morphinique contenu dans ces sirops, à l'effet déstressant et désinhibant) et de prométhazine (que contiennent les comprimés antihistaminiques chargés de contrer les effets secondaires de la codéine à haute dose, comme la nausée ou les démangeaisons).
Et, incroyable, la recette est très facilement accessible sur Internet, y compris sur des sites spécialisés dans l'élaboration de cocktails, à côté de celle du mojito ou du blue lagoon. Seule particularité, la mention surréaliste qui l'accompagne : « C'est un cocktail dangereux, qui entraîne une réelle addiction. A éviter absolument ! »
Il en existe de nombreuses variantes, y compris avec alcool pour un effet encore plus appuyé. Et certains consommateurs associent aussi le purple drank avec du haschisch.
Manifestement, à la codéine les petits frenchies préfèrent les sirops contre la toux à base de dextrométhorphane (DXM), encore plus facile à se procurer, car considérés comme peu nocifs et donc éveillant moins de soupçons (Tussidane, Humex, Vicks...).
Le DXM constitue l'une des premières substances expérimentées par les jeunes consommateurs pour ses propriétés hallucinogènes quand il est pris à hautes doses. Or, lorsqu'elles sont supérieures à 2 500 mg, elles sont potentiellement mortelles.
Il n'existe aucune étude sur l'ampleur du phénomène en France. L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) relève que des cas ont été signalés, mais, selon lui, « on ne constate pas un phénomène statistiquement mesurable ».
En 2014, le réseau des CEIP (centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance -- addictovigilance) rapportait toutefois plusieurs cas d'intoxication au purple drank ayant nécessité une hospitalisation chez des adolescents.
Parmi les effets indésirables déclarés, on observe une baisse de la vigilance, une forte somnolence, de la confusion, avec des troubles de l'élocution et des crises convulsives.
Hélicidine : Un exemple de sirop antitussif
HÉLICIDINE est un médicament contenant une protéine extraite de l'escargot, utilisé pour son action sédative sur la toux sèche.
Contre-indications :
- Antécédent d'allergie alimentaire aux escargots
- Allergie aux parabens
- Enfant de moins de 2 ans
Attention :
- Ce sirop n'est pas adapté au traitement de la toux grasse.
- Consultez votre médecin si la toux persiste plus de quelques jours.
Posologie usuelle :
- Adulte : 2 cuillères à soupe, 3 fois par jour.
- Enfant de 25 à 50 kg (environ 8 à 15 ans) : 3 à 5 cuillères à soupe par jour.
- Enfant de 15 à 25 kg (environ 4 à 8 ans) : 1 cuillère à soupe, 3 fois par jour.
- Enfant de 12 à 15 kg (environ 2 à 4 ans) : 2 cuillères à café, 3 fois par jour.
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