L'Évolution du Logement Populaire en Région Parisienne (XIXe-XXe Siècles)

L’industrialisation a dilaté l’espace de résidence en région parisienne, établissant une ségrégation dans le logement et dissociant résidence et activité. Les offres d’emplois industriels expliquent l’afflux des populations, et les quartiers populaires de Paris se sont prolongés dans les communes attenantes, comme La Villette.

Pourtant, la banlieue attire de plus en plus en raison des travaux d’urbanisme et de l’augmentation des loyers dans Paris. L’industrialisation entraîne l’arrivée d’ouvriers en banlieue sud-est (Ivry) et surtout en banlieue nord (Saint-Denis). Aux communes industrialisées avec des logements locatifs, collectifs, toujours peu spacieux, s’opposent les communes de l’est et de l’ouest, sans industrie, sans ouvriers dans un premier temps.

La crise du logement populaire se poursuit et les logements surpeuplés ou insuffisants caractérisent les quartiers et communes périphériques de Paris. Le développement de la banlieue permet l’amélioration du logement populaire.

Les Premières Initiatives et la Réaction des Pouvoirs Publics

Le socialisme français prend peu en compte la question du logement. Il estime qu’il n’y a pas « de solution à la crise du logement en régime capitaliste ». La loi Jules Siegfried (1894) autorise la constitution de sociétés privées d’habitations à bon marché.

Les lois Strauss (1906) et Ribot (1908) permettent l’organisation de sociétés anonymes et de sociétés coopératives avec l’aide des communes et des départements. Les premières sociétés d’HBM, privées, coopératives ou municipales, apparaissent alors, bien que la Première Guerre mondiale arrête ces projets.

L’industrialisation accélère l’installation de provinciaux, de travailleurs étrangers ou coloniaux. Et les premiers Algériens arrivent alors. Mais la question de leur hébergement ne se pose pas encore ! Aux abords de quelques usines, des baraques les préfigurent.

Les pouvoirs publics réagissent de façon étroite. L’initiative individuelle s’accroît. Mais dans les années 1920, des réformateurs urbains, autour d’Henri Sellier, qui administre l’office départemental des HBM depuis sa création en 1915, d’André Morizet et d’architectes, amorcent une réflexion d’ensemble. Des initiatives viennent aussi des milieux patronaux et politiques.

Un ensemble de lois modifient la situation sur le plan financier, dans le cadre d’une extension urbaine aménagée. L’action des pouvoirs publics apparaît décisive (Office départemental des HBM de la Seine, mais aussi ville de Paris et rares offices municipaux). L’action des pouvoirs publics répond malgré tout à la crise du logement.

Crise Économique et Interventions Politiques

Mais la crise économique des années 1930 frappe l’industrie du bâtiment et le gouvernement arrête les dépenses. Des expérimentations municipales se produisent à Ivry notamment. Et le maire de Gennevilliers s’en inspire à partir du Front populaire et surtout après la guerre !

La crise du logement devient un vecteur possible pour un combat politique. Un changement d’attitude commence à se manifester dans la prise de conscience par le Parti communiste de l’ampleur de la crise du logement comme vecteur possible d’une implantation.

L’urgence d’une politique de logement social se dessine alors que l’État, engagé dans la poursuite d’une politique d’économies, tient moins compte des besoins populaires. Le Front populaire inverse la tendance mais en quelques mois, l’orientation ne donne pas d’effets dans le logement.

Devant la persistance de la crise, l’habitat pavillonnaire poursuit sa poussée. Les lotissements s’étendent et le total de logements individuels construits, le plus souvent précaires, dépasse amplement les réalisations collectives. L’attitude par rapport à la propriété du logement se modifie.

Les couches moyennes cherchent depuis longtemps à acquérir leurs logements. En milieu populaire, une telle aspiration commence à se répandre, entraînant de nouvelles sociabilités.

L'Après-Guerre et les Grands Ensembles

Pendant la guerre, la crise du logement s’accentue en raison des destructions. Dans l’immédiat après-guerre, le parc immobilier reste insuffisant, ancien, exigu et inconfortable. Le retard s’aggrave.

Des projets de rénovation grâce à l’architecture industrialisée s’esquissent (Le Corbusier, André Lurçat à Saint-Denis). La législation se modifie. À partir de 1951, les habitations à loyers modérés remplacent les HBM.

Avec la poursuite de l’expansion démographique, la crise du logement s’aggrave. Comme réponse, en raison de la nécessité de reconstruire, l’État joue un nouveau rôle financier et réglementaire (création d’un ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, du Commissariat à la construction et à l’urbanisme pour la région parisienne).

Conséquence de la crise du logement aux aspects spécifiques (vétusté et insalubrité notamment de nombreux logements), très tôt apparaissent les bidonvilles, notamment pour les populations étrangères ou nord-africaines.

Le parti pris du logement collectif coïncide avec la progression du mouvement ouvrier en banlieue et tout particulièrement du Parti communiste. La construction de grands ensembles résulte d’un plan complet privilégiant les fonctions résidentielles en banlieue qui absorbe les populations chassées de Paris par les opérations de rénovation, comme la cité des 4 000 à La Courneuve, avec les conséquences dans la représentation qu’on en donne.

Évolutions Récentes et Défis Actuels

En région parisienne, près d’un Francilien sur deux habite un logement différent en 1990 par rapport à celui de 1982. Des évolutions affectent le logement populaire, surtout collectif.

Les habitants des grands ensembles connaissent les difficultés de transports, le bruit, la déshumanisation, la monotonie. Des particularités des populations apparaissent : jeunes couples avec enfants, absence de vieilles personnes, sous-équipement et ses conséquences sur les adolescents et les jeunes, afflux d’étrangers, extension du chômage.

D’où l’image récurrente que diffusent les média : le grand ensemble signifierait délinquance, désespoir. La maison individuelle connaît un succès ancien et croissant dans tous les milieux sociaux, y compris les milieux populaires.

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