Le royaume animal regorge de curiosités qui éveillent notre fascination et parfois même notre incrédulité. Parmi ces étrangetés de la nature, le pénis du cochon occupe une place à part, tant par sa forme inhabituelle que par ses caractéristiques biologiques singulières.
Anatomie et Reproduction
Cet organe reproducteur, qui a inspiré mythes et légendes à travers les âges, présente en effet une structure spiralée exceptionnelle, qui n’est pas sans rappeler la forme emblématique de la queue de cet animal. Dans le cadre de la reproduction, cette particularité anatomique facilite l’accouplement avec la laie en s’adaptant à la configuration interne de ses organes génitaux. Cette innovation de la nature soulève l’intérêt à la fois dans les domaines de la reproduction, de la zoologie et même de l’élevage porcin, où la connaissance approfondie de l’appareil reproducteur du porc peut influer sur les pratiques d’élevage.
Dans le contexte de l’industrie agroalimentaire, la structure du pénis de cochon peut être étudiée principalement pour optimiser la reproduction et l’élevage. En assurant une meilleure compréhension de la reproduction porcine, on peut augmenter l’efficacité de la production de porcs, ce qui a un impact direct sur la rentabilité des entreprises du secteur. Dans le contexte du business et de l’élevage porcin, l’anatomie du pénis de cochon est pertinente car elle influence directement la réussite de l’insémination artificielle, une pratique courante dans ce secteur.
Utilisation dans l'Industrie Agroalimentaire
Le monde des affaires est peuplé de niches surprenantes, et celle des sous-produits du porc ne fait pas exception. Les chefs avant-gardistes sont toujours à la recherche de nouveaux ingrédients pour surprendre leurs clients. Différentes cultures à travers le monde ont depuis longtemps intégré des pièces comme le pénis de cochon dans leur alimentation quotidienne. Historiquement, les communautés agraires ne voulaient pas gaspiller de la viande, c’est pourquoi elles utilisaient chaque partie de l’animal. Ce principe de non-gaspillage a conduit à l’utilisation de la pénis de cochon en cuisine, notamment dans certaines régions où la charcuterie traditionnelle valorise l’intégralité de l’animal.
Signification Culturelle et Tabous
Dans plusieurs cultures, la pénis de cochon est entourée de tabous, souvent en raison de sa nature d’organe sexuel, ce qui peut susciter du dégoût ou de la réticence. Cependant, dans d’autres, comme en Chine, elle est considérée comme un mets délicat, bénéfique pour la santé et faisant partie intégrante de certains plats.
Recherche Scientifique et Médicale
Au-delà de son utilisation dans l’alimentation, le pénis de cochon revêt une importance particulière dans le domaine de la recherche scientifique et médicale. Les organes des cochons sont souvent utilisés dans les recherches biomédicales en raison de leur similitude avec ceux des humains.
Mythes et Légendes Égyptiennes Autour du Porc
Pour lire quelque chose de substantiel sur le porc dans la documentation égyptienne, il faut attendre le corpus des Textes des Sarcophages, ces textes funéraires écrits pour l’élite de la société du Moyen Empire, préservés soit sur leurs cercueils en bois soit sur papyrus. La formule dont je vais d’abord présenter ici un extrait est attestée sur un nombre assez important de sarcophages. Elle introduit directement à la mythologie du porc.
Le mythe transmis par la formule 157 des Textes des Sarcophages s’énonce sous forme d’un récit dialogué entre les dieux Rê et Horus, assorti de gloses. On apprend qu’un jour Horus fut blessé à l’œil, et qu’il s’en est plaint à Rê. Son œil, après avoir été frappé, ne voyait plus que du « blanc » et du « noir ». Un récit étiologique désigne les coupables sous la forme d’un oryx blanc et d’un porc noir. Or, cette bête noire est particulièrement inquiétante ; le texte y insiste : elle est une manifestation - c’est-à-dire, une forme - du dieu Seth, l’adversaire par excellence, le meurtrier d’Osiris, qui de surcroît veut dépouiller Horus de son héritage (la fonction royale).
Il résulte du forfait commis par le porc-séthien, que l’animal est devenu, par ordre divin, un « interdit » pour Horus, c’est-à-dire que le porc doit être tenu à l’écart du dieu, pour sa sauvegarde et sa guérison.
Voici un extrait des Textes des Sarcophages (CT II, 343 et 344) illustrant l'interdit du porc pour Horus :
Texte | Traduction |
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« (…) et il (= Seth, sous forme de porc) avait causé une blessure à son œil. Alors Rê dit : le porc est l’interdit d’Horus » (CT II, 343) | Seth, transformé en porc, blesse l'œil d'Horus, menant à l'interdiction du porc par Rê. |
« C’est ainsi qu’advint l’interdit du porc pour Horus (ḫpr bwt šꝪ pw n ḥr), du fait des dieux et de ceux qui sont à sa suite » (CT II, 344) | L'interdiction du porc pour Horus est décrétée par les dieux suite à l'attaque de Seth. |
Le porc noir, qui est en fait une forme animale que prend Seth pour combattre, a ainsi blessé l’œil d’Horus, au cours d’une péripétie pour laquelle aucun détail supplémentaire n’est donné. À la suite de cette mésaventure, le porc est devenu, par ordre divin (Rê et « les dieux »), un interdit-bwt pour Horus, interdit assurant la sauvegarde du dieu et sa guérison. Toutefois, le texte précise que cet animal était auparavant sacrifié (ḫr) à Horus, encore enfant, c’est-à-dire avant sa blessure à l’œil.
Il est à remarquer que ce texte ne traite pas de la consommation (licite ou illicite) du porc, mais simplement du rapport entretenu (débouchant sur une mise à distance) entre le dieu et le porc noir séthien. Ceci posé, ce texte apparaît comme la plus ancienne information issue de la documentation archéologique proche-orientale évoquant un interdit sur le porc : une mise à l’écart. En revanche, ce texte ne jette aucun éclairage sur les règles de consommation humaine.
L’œil Blessé et la Lune
L’attaque du porc contre Horus n’est pas anodine : elle inflige une blessure à « l’œil », c’est-à-dire à une part essentielle de la personnalité de ce dieu. Les conséquences de cette affaire sont importantes. En premier lieu, relevons que le thème de la mutilation est très largement exploité dans les textes religieux égyptiens : comme l’écrit Dimitri Meeks, ces mutilations « n’atteignent pas le corps des dieux en tant que tel, mais une part de sa virtualité ». Dans les mythes, le corps des dieux se trouve ainsi sans cesse tourmenté, attaqué ou mutilé - le cas d’Osiris, découpé et dispersé, en est le plus fameux exemple. Les membres volés ou blessés doivent être restitués (une fois guéris) à leur propriétaire, et vivent, parfois détachés de leurs corps d’origine et acquérant du coup une sorte d’existence autonome, des aventures multiples, des tribulations dont les rebondissements constituent tout le sel et l’élan des narrations mythologiques.
Or, c’est bien parce que l’organe atteint symbolise à lui seul quelque chose de la prérogative fondamentale de la divinité que celui-ci est l’enjeu de convoitise, d’une lutte de pouvoir et de violences directes. Voyons donc ce qui est atteint dans la « personne » d’Horus par l’entremise de son œil. En premier lieu, il faut préciser que « l’œil d’Horus » est l’objet d’un discours ayant plusieurs implications différentes. « L’œil d’Horus » est d’une part le symbole de toute offrande ; d’autre part, sous le nom de « l’œil-sain » (oudjat), il est le symbole de la plénitude, de l’intégrité du dieu cosmique, et par là même du monde. La mutilation de l’œil devient très tôt un point central du discours mythologique, en tant que symbole du crime séthien.
Or, cet œil, qu’il s’agit de restituer, de soigner, de recomposer, est aussi un astre. En effet, dans la pensée égyptienne, une conception met en avant le fait que le soleil et la lune sont tout comme les yeux d’un dieu céleste ; nous sommes avec ce discours dans le monde de la métaphore, de la transcription en images poétiques d’une théologie basée sur l’étiologie des fonctionnements cosmologiques. Aussi, les vicissitudes des astres, leurs mouvements et leurs états - le soleil se lève, est parfois caché par les nuages, se couche, change de teinte, paraît, faiblit, disparaît à l’horizon occidental, etc. ; la lune et ses phases croissantes, décroissantes, d’invisibilité ; la lune qui disparaît, réapparaît, etc. - bref, tout cet ensemble de phénomènes peut être ramené à des phases d’une lutte cosmique.
L’obscurcissement momentané de la lune, les phases lunaires, voire les éclipses (lunaires ou solaires), sont alors perçues comme autant d’attaques de l’astre par des ennemis cosmiques, méfaits perpétrés surtout par Apep (Apophis), ou par Seth. À partir de la seconde moitié du mois lunaire, l’astre qui suit sa phase progressive de décours, est conçu comme un être attaqué par une force hostile, et peu à peu englouti. Dans le mythe, ces attaques mettent en péril la marche du monde, mais sont constamment repoussées. L’astre, souvent « blessé » (les phases décroissantes, obscures, etc.) est nécessairement toujours victorieux. Rendre à l’œil horien sa santé, le recomposer, le restituer, le soigner, le « compléter », tout ceci fonde dès lors une opération rituelle. Le processus qui amène à la « guérison » symbolique de l’œil blessé est compris alors comme une phase chronologique analogue à celle qui amène à la plénitude lunaire.
L’œil horien, que le porc noir a blessé, représente donc la lune. Seth, sous forme de porc, est ainsi coupable d’un crime dont le retentissement est cosmique. La lune et ses phases successives sont pour les Égyptiens un symbole céleste de la force de récurrence qui anime tout l’univers. Le destin de l’astre, associé au cours du temps et parfois simultanément à plusieurs divinités, est crucial dans la pensée religieuse. Attaquant l’œil-astre, assimilé aussi à Osiris, le porc contrarie en quelque sorte la marche du monde. C’est un crime majeur.
Ce mythe du porc « attaquant la lune » est porté essentiellement par le récit que nous venons de lire, puis par la série de ses transformations, que nous verrons dans la suite. Il faut encore relever que cette mise en relation du porc avec la lune n’est pas inconnue des récits grecs, mais pour des raisons diverses, explicitées dans plusieurs anecdotes. Pour Plutarque, le fait que les porcs « s’accouplent pendant le décours de la lune » serait l’une des causes de leur détestation chez les prêtres ; pour Manéthon (cité par Élien), le porc est « détesté par le soleil et la lune » ; Plutarque, encore, évoque que Typhon avait trouvé le corps d’Osiris alors qu’il chassait un porc sauvage. Hérodote, de son côté, évoquait un sacrifice du porc à la lune.
Antécédents dans les Textes des Pyramides
Avant de nous pencher sur les conséquences de cette affaire, et de prendre connaissance de la documentation postérieure aux Textes des Sarcophages, il convient de se demander si le mythe a des antécédents dans la littérature funéraire de l’Ancien Empire, à savoir dans les formules funéraires royales des Textes des Pyramides. Il se trouve qu’une allusion à un mythe lié à la blessure de l’œil d’Horus semble apporter des éléments de comparaison, mais le passage n’est pas sans susciter quelques difficultés d’analyse. Une formule de protection de la tombe du roi défunt consigne des imprécations menaçant les dieux, qui se réfèrent à leurs mésaventures. Le texte mentionne pour chaque cas un nom dépréciatif (peut-être forgé pour l’occasion, bâti sur une mésaventure, évoquant par exemple une blessure qui aurait frappé le dieu), et invite semble-t-il le dieu en question à fuir vers le lieu où cet événement serait survenu.
Ainsi, est-il dit à Osiris : « Va au sud, à Nédit ! », lieu connu pour être celui où Seth l’a mis à mort ; Thot est quant à lui qualifié de « Celui qui n’a pas de mère », en référence probable au mythe évoquant sa naissance particulière. En ce qui concerne Horus, c’est à la blessure de son œil que la formule renvoie.
(…) Puisse Horus ne pas venir (= contre le roi défunt) avec une mauvaise intention ! Ne lui ouvre pas tes bras, mais dis lui :« Ton nom est Aveugle- (à-cause)-du-porc » (šp-šꝪꝪw) (?) ! Va à Anpet (Mendès) ! (Va) au nord, va à Nétjer (Iseion, nṯr (w)) ! ».
Les éditeurs et traducteurs de ce corpus divergent passablement sur la lecture de ce passage ; il me faut ici évoquer leurs différents avis. Raymond Faulkner ne traduit pas le terme suivant šp (« Blind of… ») qu’il considère être de sens inconnu. Étienne Drioton avait émis l’hypothèse qu’il pouvait s’agir ici du substantif « porc » (šꝪỉ), dans une graphie particulière :šꝪꝪw. Cependant, sous cette forme, ce substantif n’est pas autrement connu comme variante graphique pour šꝪỉ « porc ». L’absence de déterminatif empêche de déterminer formellement la signification précise du mot. Cette graphie curieuse conduit Jürgen Osing à rapprocher ce terme d’une maladie de l’œil connue ultérieurement sous le nom de šꝪrw, mais sans avancer d’autres arguments qu’une éventuelle évolution phonétique. James Allen traduit quant à lui par « Fated Blind ».
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