OGM et Alimentation : Informations Essentielles

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) suscitent de nombreux débats et interrogations. Cet article vise à fournir des informations claires et détaillées sur ce qu'est un OGM, ses applications, et les enjeux liés à son utilisation dans l'alimentation.

Qu'est-ce qu'un Organisme Génétiquement Modifié (OGM) ?

L’acronyme OGM signifie « Organisme Génétiquement Modifié ». C'est un organisme vivant ayant subi une modification, non naturelle, de ses caractéristiques génétiques initiales, par ajout, suppression ou remplacement d'au moins un gène. L'opération correspondante est dite transgenèse. D’un point de vue règlementaire, les textes européens définissent un OGM comme un « organisme, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle ».

Transgenèse

La technique historique qui a longtemps été utilisée pour créer des OGM est la transgenèse. Elle consiste à ajouter un ou plusieurs gènes d’une autre espèce dans le génome de l’organisme, dans le but d’en modifier les caractéristiques. Contrairement à la technique de croisement traditionnelle qui ne s'applique qu'à des espèces proches parentes ou identiques, la transgenèse peut être réalisée à partir d'espèces différentes.

Le maïs MON810, seul OGM autorisé à la culture dans l’Union Européenne, est issu de transgenèse : il a été conçu par l'ajout d'un gène provenant d'une bactérie du sol Bacillus thuringiensis qui permet à la plante de produire une molécule insecticide.

Nouvelles Techniques Génomiques (NTG)

Plus récemment, et en particulier depuis le début des années 2000, de nouvelles techniques de génie génétique se sont développées pour modifier le génome de manière ciblée, de moduler l’expression des gènes ou d’appliquer la transgenèse dans des situations particulières. Ce sont les nouvelles techniques génomique (ou "NTG" ou "NGT" en anglais pour "New Genomic Techniques"). Contrairement à la transgenèse, ces techniques n’impliquent pas nécessairement l’ajout de gènes entier issus d’autres espèces dans l’organisme final. En revanche, les différentes étapes de génie génétique menées pour obtenir ces organismes peuvent impliquer de recourir à de la transgenèse, même si aucun gène extérieur n’est censé être présent dans l’organisme final (hors effets indésirables).

Ces techniques comprennent par exemple :

  • la mutagenèse dirigée : induction de mutations aléatoires ou non au niveau d’un site précis du génome ; cette famille de technique, la plus utilisée à ce jour, fait souvent appel aux « ciseaux génétiques » CRISPR-Cas9.
  • la cisgenèse ou intragenèse : transgenèse réalisée à partir de gènes issus soit de la même espèce soit d’espèces compatibles sexuellement.
  • l’agro-infiltration : mise en contact des cellules des tissus des plantes avec des bactéries OGM contenant le ou les gènes d’intérêt, ce qui permet transitoirement leur expression par la plante.

Un projet de règlement est en cours de discussion au niveau européen. Son adoption conduirait à modifier le cadre réglementaire applicable à ces techniques (voir partie actualités).

Applications des OGM

Les OGM ont des applications nombreuses dans divers secteurs :

  • Agriculture : Amélioration des rendements, résistance aux insectes et aux herbicides.
  • Recherche fondamentale : Compréhension des mécanismes biologiques.
  • Industrie : Production de molécules d'intérêt.
  • Santé : Production de vaccins, médicaments (insuline) et thérapies géniques.

Quelques exemples tirés des produits d'OGM déjà commercialisés :

  • Retard du pourrissement du fruit (tomate).
  • Amélioration de la composition moléculaire de l'huile (colza).
  • Résistance aux insectes (coton, pomme de terre).
  • Résistance aux virus (courge).
  • Résistance aux herbicides (soja, coton).

Utilisation des OGM dans le Monde et en Europe

Dans le monde

La surface mondiale cultivée d’OGM correspond en 2019 à 190 millions d’hectares soit environ 10% des surfaces totales cultivées selon l’ISAAA. Les plus gros producteurs mondiaux sont les Etats-Unis, le Brésil, l’Argentine, le Canada et l’Inde. À eux cinq, ils totalisent 91% des surfaces d’OGM cultivées en 2019. Les quatre plantes OGM les plus cultivées sont le coton, le soja, le maïs et le colza. En surface, elles correspondent à 99% des cultures OGM. Le reste se partage principalement entre la luzerne et les betteraves sucrières, mais il existe également quelques autres fruits et légumes. Les techniques OGM sont également utilisées pour la création de fleurs d’ornement.

Dans l'Union Européenne

Seule une variété d’OGM est autorisée à la culture au sein de l’Union européenne : le maïs MON810, modifié pour acquérir une résistance à certaines insectes ravageurs (trait Bt). Il n’est cultivé que dans deux pays : en Espagne (107 000 hectares en 2019) et au Portugal (5 000 hectares en 2019). Ces surfaces sont inférieures à 0,1% de la totalité des surfaces européennes cultivées.

En outre, de nombreux OGM sont autorisés à l’importation au sein de l’Union Européenne. 78 variétés végétales sont, en 2021, autorisées à l’importation. Elles sont essentiellement destinées à l’alimentation animale (tourteaux de soja par exemple) : ainsi, selon l’ISAAA, 70% des importations destinées à l’alimentation animale dans l’Union Européenne sont issues de plantes génétiquement modifiées en 2019.

En France

La culture d’OGM à des fins commerciales est interdite en France depuis 2008. La France a d'abord fait usage des clauses de sauvegarde et mesures d'urgence prévues par la directive 2001/18/CE et le règlement 1829/2003 pour interdire la culture, sur son territoire, du maïs MON810. Ainsi, la loi n°2015-567 du 2 juin 2014 interdit la mise en culture des variétés de maïs génétiquement modifié.

Les OGM autorisés à l'importation et à la mise sur le marché dans l'Union européenne sont également autorisés en France pour les mêmes usages. Leur commercialisation est soumise aux exigences prévues dans la réglementation européenne, notamment aux règles de traçabilité et d'étiquetage.

Risques et Controverses

L'ingestion de produits contenant des OGM ou issus d'OGM crée une incertitude sur la présence d'une substance indésirable qui pourrait causer des réactions allergiques. Le risque le plus généralement soulevé est celui de la dissémination des gènes de plantes génétiquement transformées.

Le pollen est le vecteur privilégié de la dissémination des gènes végétaux. Toutes les cellules d'un OGM comportent le transgène qui est donc présent dans le pollen. Une culture transgénique peut alors transmettre, par fécondation, le transgène à des plants avoisinants, cultivés ou sauvages et permettre l'apparition de mauvaises herbes résistantes aux herbicides, par exemple.

Acteurs Économiques

Les entreprises engagées dans l'industrie chimique ont investi massivement dans la recherche dans le domaine des biotechnologies. "A l'échelle de la planète, une quinzaine d'entreprises des sciences de la vie3 détient plus de 30% du marché des semences et 81% du marché agro-chimique. Les groupes basés aux Etats-Unis dominent par leur nombre mais les Européens ne sont pas en reste. L'on assiste à un jeu de fusion et d'absorption qui ne cesse de transformer la hiérarchie de cette filière.(…) La concentration spatiale de ces firmes en Europe et en Amérique du Nord est évidente et traduit la domination agricole totale de ces deux grands ensembles géographiques sur le reste du monde. Les rares firmes que l'on trouve en Asie ne doivent leur salut qu'aux multiples accords qu'elles ont passés avec les sociétés du Nouveau et du Vieux Monde.

Prenons l'exemple de Nestlé : le groupe s'engage dés 1996 dans une démarche pro-OGM. Il se déclare fermement convaincu que le génie génétique apportera des avantages substantiels, tant aux agriculteurs et à l'industrie qu'aux consommateurs. Mais, suite aux réticences affirmées de l'opinion publique, donc des consommateurs, reprises à leur compte par les distributeurs, Nestlé change d'attitude et envisage de proposer des produits avec ou sans OGM selon les pays.

Réglementation et Étiquetage

Les textes européens définissent des obligations d'étiquetage pour tous les produits alimentaires, tous les additifs et les arômes contenant 1% ou plus de matériel génétiquement modifié (règles adoptées par le Parlement Européen le 2 juillet 2003).

En France, il existe deux types d’étiquetage :

  • Un étiquetage obligatoire des produits contenant des OGM, défini par la législation européenne.
  • Un étiquetage volontaire des produits "sans OGM", défini par un décret français adopté en 2012.

Selon la législation européenne, l’étiquetage des produits alimentaires est obligatoire pour tout ingrédient, additif ou arôme qui contient plus de 0,9 % d’OGM. Ce seuil s’applique à chaque ingrédient, indépendamment de sa proportion dans le produit fini. Il ne s’agit pas d’un seuil sanitaire, établi en fonction des risques pour l’homme.

Surveillance et Contrôle

Le plan de contrôle annuel conduit par la DGCCRF vise à vérifier l’absence d’OGM dans les lots de semences mis en culture en France. Il a pour but de protéger l’environnement de toute dissémination d’OGM. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) contrôle les OGM en France.

Ces contrôles, qui sont censés vérifier le respect de la réglementation relative à la mise sur le marché et à la culture des OGM, portent sur :

  • Les cultures : vérification du respect de l'interdiction de la mise en culture d'OGM (ministère chargé de l'Agriculture).
  • Les semences : recherche de la présence d'OGM et vérification du respect des règles d'étiquetage (ministères chargés de l'Agriculture et de la Consommation).
  • Les denrées alimentaires et les aliments pour animaux : recherche de la présence d'OGM non-autorisés et vérification du respect des règles d'étiquetage (ministère chargé de la Consommation).

Perspectives d'Avenir

Le Protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques est entré en vigueur le jeudi 11 septembre 2003. Il s'agit du premier instrument international juridiquement contraignant à régir les mouvements transfrontières d'organismes vivants modifiés résultant de la biotechnologie moderne.

Tableau Récapitulatif des Surfaces Cultivées en Maïs OGM en France

Année Surface (ha)
1998 1500
1999 150
2000 34
2001 15
2005 492,8
2006 5 000
2007 21 200

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