La Mousse au Chocolat de Catherine Bréard : Une Aventure Entrepreneuriale et Gourmande

L'aventure entrepreneuriale de Catherine Bréard débute en 2014, à 10 000 kilomètres de la France, au pays du Soleil-Levant.

Cette histoire est celle d'une passionnée de cuisine originaire de Rouen, Catherine Bréard. Tout a commencé lors d'une promenade dans les rues de Tokyo avec son fils, Alix.

« Avec mon mari, Philippe, nous étions partis rendre visite à mon fils, Alix, installé au Japon depuis plusieurs années, explique Catherine. Alors qu’on se promenait dans les rues de Tokyo, mon fils m’a dit : « Maman, promets-moi qu’un jour, tu vas vivre de ta passion » ».

Et là, c’est le déclic pour cette passionnée de cuisine originaire de Rouen. « Je me suis tout de suite dit qu’il avait raison, que j’avais encore des choses à vivre, et que si je ne le faisais pas tout de suite, je ne le ferais jamais », poursuit-elle.

Une Reconversion Professionnelle Audacieuse

Tout plaquer à 59 ans pour se consacrer à sa passion pour la cuisine et faire découvrir la mousse au chocolat aux Japonais : c’est le pari un peu fou que s’est lancé Catherine Bréard, il y a bientôt 10 ans.

« Maman, promets-moi qu’un jour tu vas vivre de ta passion » : ce sont ces mots prononcés par son fils, Alix, qui ont permis à Catherine Bréard d’avoir le déclic.

À l’époque, elle travaille à Paris chez Pôle Emploi et est en visite au Japon, où il est installé. Alors qu’elle lui répond par l’affirmative, Catherine sait déjà qu’elle tiendra sa promesse. Parce que cette Normande, alors âgée de 59 ans, ne fait « jamais de promesse en l’air ».

À son retour en France, Catherine, qui travaille à la direction de Pôle emploi, fait une demande de reconversion professionnelle qui est acceptée par sa hiérarchie. Elle s’inscrit alors au Cordon bleu, célèbre institut d’arts culinaires et de management hôtelier à Paris, dont elle sort diplômée un an plus tard.

La Mousse au Chocolat : Une Histoire de Famille

Fin 2015, elle tombe sur une annonce pour participer à un concours de mousse au chocolat à Paris. Une annonce qui tombe à point nommé, car la mousse au chocolat, chez les Bréard, c’est avant tout une histoire de famille.

« Quand mon fils était petit, il passait beaucoup de temps avec moi dans la cuisine et je lui faisais souvent de la mousse au chocolat. Il me surnommait d’ailleurs « Maman au chocolat » » raconte-t-elle.

Alors en 2016, quand Catherine entend parler du Concours de la meilleure mousse au chocolat amateur de France, elle décide d’y participer : « J’y suis allée sans vraiment y croire, je me suis dit que j’étais trop vieille pour remporter un tel concours. Et puis j’ai gagné et je me suis dit que mon fils avait raison : ma mousse au chocolat était vraiment la meilleure » se remémore la pâtissière, sourire aux lèvres.

Dans le jury, on trouve des chefs de renom comme Guillaume Gomez, chef cuisinier de l’Elysée, et Gilles Marchal, ancien chef pâtissier du Bristol et directeur de la création de la Maison du chocolat. « Et contre toute attente, j’ai remporté le premier prix de la mousse au chocolat ! », annonce-t-elle avec fierté.

L'Aventure Entrepreneuriale au Japon

Peu de temps après, Alix, son fils et plus grand fan, lui fait une proposition inattendue, celle de venir le rejoindre au Japon pour se lancer, ensemble, dans l’aventure entrepreneuriale. « Il avait fait une étude de marché sur la mousse au chocolat au Japon et il s’était rendu compte que ce dessert n’était pas commercialisé », explique-t-elle.

Le couple n’hésite pas une seule seconde et accepte la proposition. « Si on avait vraiment réfléchi, on ne l’aurait pas fait. On aurait forcément trouvé des freins », explique Philippe, le mari de Catherine, alors à la tête d’une direction de services informatiques de Pôle emploi.

Avant le grand départ, Catherine souhaite toutefois passer son diplôme de pâtisserie. Elle s’inscrit alors à l’Ecole de Boulangerie-Pâtisserie à Paris et obtient son CAP en septembre 2017, à l’âge de 61 ans.

En parallèle, Catherine et Philippe essaient de déposer leur projet sur des plateformes de financement participatif pour obtenir les fonds nécessaires au démarrage de leur entreprise, mais les premières réactions sont loin d’être encourageantes. « On nous disait : « Votre projet, il est top, mais on ne peut pas le prendre pour deux raisons : ce n’est pas un projet tech et vous avez plus de 60 ans » », explique Philippe.

Malgré cet obstacle, le couple ne se laisse pas abattre : il décide de faire appel au love money* et prend la décision de vendre tout ce qu’il possède. « On a finalement investi toutes nos économies dans notre projet. On a rendu notre appartement en location et vendu tous nos meubles ».

En octobre 2017, Catherine, Philippe et leurs 150 kilos de bagages s’envolent pour le Japon. L’aventure peut enfin commencer !

Pionnière de la Mousse au Chocolat au Japon

À son arrivée à Tokyo, le couple n’a qu’une idée en tête : faire goûter sa mousse au chocolat. « Nous ne savions pas si les Japonais allaient aimer, car c’était un produit qu’ils ne connaissaient pas », explique Catherine.

Ils organisent alors des dégustations gratuites jusqu’en septembre 2018 afin de peaufiner leur recette. « Les Japonais étant moins portés sur le sucré, ma mousse au chocolat correspondait à leur palais ».

Après cette série de dégustations, le couple participe au marché de Noël de l’Institut français du Japon et le succès est immédiat : les petits pots de mousse au chocolat de Catherine Bréard partent comme des petits pains.

« À partir de là, ce fut l’emballement du côté des épiceries fines, des grands magasins, des médias et, surtout, des clients, qui adorent le produit mais aussi l’histoire de cette femme d’un certain âge, française et battante. C’est une histoire de goût, de transmission, de passion », a résumé la pâtissière dans Le Parisien.

Les résultats sont tellement concluants que Catherine et Philippe obtiennent en mars 2019 un permis de travail de trois ans renouvelable au Japon. Le couple a réussi son pari : devenir pionnier de la commercialisation de la mousse au chocolat au pays du Soleil-Levant.

Les Défis et la Relance en France

Seulement, l’aventure tourne court. Alors baptisée « Maman Chocolat », attaquée en justice par une major de l’agroalimentaire, la jeune entreprise doit changer de nom. Elle devient « Catherine Bréard » : « J’ai pu conserver mon logo. En revanche, nous avons dû tout jeter et perdu beaucoup d’argent », raconte l’entrepreneuse.

Et puis, comme les ennuis n’arrivent jamais seuls, début 2020, alors que de nombreux contrats étaient signés, le Covid-19 a tout stoppé. Bloquées en France, Catherine Bréard et son équipe ont dû revoir leur copie. L’avenir devait passer par le marché français.

Déconfinée, fin 2021, Catherine Bréard renoue contact avec ses partenaires japonais notamment la plus grande enseigne d’Osaka, Hankyu : « Trop tôt pour la mousse au chocolat, mais ils nous ont commandé une palette de 300 kg de biscuits. Une première pour une fabrication en France !

Un Engagement Social et Local

Comme pour moi, il était impératif de travailler en Économie sociale et solidaire (ESS), je me suis rapprochée d’un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail), en l’occurrence Truffaut à Canteleu (Seine-Maritime), qui a une ligne de pâtisserie. Ce fut un succès.

Si l’ESAT Truffaut ne pouvait pas poursuivre la production faute de capacité à investir, Catherine Bréard a trouvé, avec Les Ateliers d’Etran, près de Dieppe « un partenaire plein d’enthousiasme qui a financé un laboratoire complet ».

Elle raconte : « Sous le contrôle de Marion une encadrante, j’ai formé cinq jeunes en situation de handicap. Ils fabriquent maintenant parfaitement la recette secrète de mes palets avec des matières premières d’exception. »

Depuis quelques jours, les particuliers peuvent acheter tous les conditionnements sur le site Internet. Nos cibles sont également les épiceries fines, les Comités d’entreprise, les collectivités et aussi les hôtels dont déjà les chaînes Mercure Hôtels, Pullman Hôtels et Radisson Blu.

L'Avenir : Expansion et Soutien Local

Mais, chat échaudé craint l’eau froide… Catherine Bréard ne veut plus mettre tous ses œufs dans le même panier : 2024 sera aussi l’ouverture au marché français « avec la fabrication de la mousse au chocolat. Je cherche encore un lieu ou un partenariat principalement en Normandie. Ce n’est pas simple !

Il y a pourtant un intérêt des consommateurs vers le haut de gamme. Nous l’avons vu lors de notre dernière action au Printemps Haussmann où nous avons vendu plusieurs centaines de pots en une journée ou encore au Mercure à Rouen. Je poursuis donc mes recherches et j’espère obtenir du soutien, notamment des collectivités, pour implanter mon laboratoire », indique la cheffe.

Des contacts sont noués au Qatar, à Dubaï, en Corée, « et très prochainement aux États-Unis avec l’arrivée du Printemps à New York.

Une Recette Inimitable

Originaire de Yainville, cette passionnée des fourneaux confectionne ses douceurs avec du chocolat de grande qualité (42% de beurre de cacao), des œufs frais et du beurre 100% local. Pour atteindre un goût inimitable, elle ajoute une pincée de sel et beaucoup d’amour.

Catherine Bréard a, par ailleurs, élargi sa gamme avec des petits palets gourmands, une sorte de cookies à tartiner avec sa mousse au chocolat. Elle anticipe également la réalisation de d’autres déclinaisons avec de nouvelles saveurs.

Un Parcours Inspirant

La passion de Catherine Bréard pour la pâtisserie et pour la cuisine remonte à son enfance et vient de ses racines normandes. Pour la vivre pleinement, elle a quitté son travail en 2014 pour étudier la cuisine à l’Ecole Cordon Bleu de Paris. Fière de sa réussite, la talentueuse yainvillaise s’est inscrite ensuite à l’Ecole de Boulangerie Pâtisserie de Paris qui lui a permis d'obtenir un CAP de pâtissier.

Fille d'ouvriers, orpheline à 15 ans, ouvrière elle-même, Catherine a fini par faire une longue et belle carrière au service formation des Assedic, en passant toujours par la petite porte : "Je m’inventais des diplômes et puis j’y allais."

Catherine commence par faire découvrir gratuitement sa mousse au cours d'événements. Ça marche très fort. Et puis l'affaire devient sérieuse :"On a été très médiatisés, on nous a repérés. Quelqu’un nous a repérés des États-Unis, à New York. On est aussi en discussions sur Taïwan. Moi, je les forme à la fabrication et on fera des licences pour qu’ils puissent vendre nos produits dans leurs boutiques".

Et comme si le Japon ne suffisait pas, alors que Catherine a aujourd'hui 65 ans, sa mousse est partie pour conquérir le monde. Un film est en préparation sur la reconversion professionnelle de Catherine Bréard. Et le mot "fin" n'est pas pour demain : "C’est un concentré de tout ce que j’aime. Et j’espère vivre encore très longtemps.

Après son prix de « meilleure mousse au chocolat amateur » décroché en 2016, Catherine Bréard a fait le buzz deux ans plus tard en devenant la star française du dessert made in France au Japon. Les médias du monde entier se sont emparés du phénomène.

Rapidement, une gamme de biscuits a fait aussi son apparition dans les corners stores nippons, « car les Japonais ne savent pas comment manger la mousse au chocolat. Pour eux, la manger seule paraît bizarre. Ils assimilent cela à une pâte à tartiner. Alors, j’ai eu l’idée de leur proposer un accompagnement avec une biscuiterie à la française. Et, cela a marché ! J’ai formé alors des pâtissiers locaux », explique la cheffe.

Il faut que nous passions à la vitesse supérieure en termes de commandes pour nous, mais aussi pour ces jeunes qui veulent travailler ! »

Aujourd’hui, Catherine et Philippe cherchent des fonds pour poursuivre le développement de leur activité au Japon et en France, en pénétrant le marché de la distribution d’épiceries fines, l’hôtellerie, l’événementiel et la vente en ligne, mais les deux entrepreneurs font, une nouvelle fois encore, face à la frilosité des investisseurs.

« On a créé une entreprise française, pionnière de la mousse au chocolat au Japon, qui propose un super produit et une histoire de vie authentique, mais personne ne veut nous prêter de l’argent parce qu’on a plus de 60 ans ».

Il faut dire que le couple de sexagénaires bouscule le monde de l’entreprenariat et casse les codes imposés par notre société. « En fait, en France, à chaque tranche d’âge, on nous met dans une case. À tel âge, il faut faire ci, à tel âge il faut faire ça… Et bien nous, on a refusé de rentrer dans une case, de suivre un schéma préétabli, et on est encore trop peu nombreux à avoir ce mode de pensée, à vouloir faire bouger les choses, explique Catherine.

Alors le message qu’on porte aujourd’hui, c’est un message d’espoir. Il faut, à tout âge, oser ! Il y a tellement de belles choses à vivre ! ».

Et leur message d’espoir a parfaitement été entendu : la vidéo Brut qui relate leur aventure a été vue par plus de 63 000 personnes, le couple reçoit des centaines de messages de soutien qui proviennent du monde entier et leur histoire a même attiré l’attention du monde du septième art. « On a récemment été contacté par une société de production de cinéma londonienne. Elle souhaite adapter notre histoire sur grand écran » annonce Catherine, avec un grand sourire.

Depuis avril 2023, cinq personnes formées par la pâtissière produisent les biscuits. Un système de vente en ligne a été mis en place début juillet sur le site internet de la marque.

Très attachée à ses racines normandes, Catherine veut désormais y poursuivre son développement, en parallèle de l’international. Elle aimerait produire sa mousse au chocolat dans la région : « Je suis très attachée à la Normandie et aux circuits courts, alors j’aimerais vraiment conserver cet ancrage normand, mais je n’ai toujours pas trouvé d’endroit. Si je dois partir, je le ferai, mais ce serait dommage.

* Le love money consiste à impliquer financièrement des proches (famille, amis…) pour obtenir les fonds propres nécessaires à la création d’une entreprise. Les proches deviennent alors actionnaires de l’entreprise.

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Sa mousse au chocolat « était vraiment la meilleure » Dès son retour en France, elle démissionne et entame une reconversion professionnelle pour se consacrer à sa passion : « Je suis une toquée de la gastronomie. C’est encore plus fort qu’une passion. J’ai toujours aimé ça, mais je n’ai jamais pu faire ce que je voulais vraiment. Alors après ma démission, j’ai décidé de retourner à l’école » explique-t-elle.

La machine est lancée. En 2014, Catherine Bréard obtient son diplôme de cuisine, puis son certificat de pâtissier à l’École Cordon Bleu de Paris. Il faut dire que la pâtisserie, c’est son péché mignon. Et elle a une spécialité : la mousse au chocolat, « la meilleure de toutes », selon son fils.

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