Marinol Sirop: Indications Thérapeutiques et Informations Essentielles

Le dronabinol est le nom donné au THC de synthèse. Historiquement, on retrouve le chanvre dans de nombreux traités de médecine ancestraux à travers le monde.

En Chine, il est mentionné dans le Shen Nung Pen Ts’ao, un ouvrage médical en 50 volumes datant de plus de 2000 ans avant J-C, et considéré pendant plusieurs siècles après sa rédaction comme une référence en médecine chinoise. En Inde également, on fait l’apologie du chanvre et de ses vertus « magiques » dans le 4ème livre des Véda, écrit entre 1500 et 1200 avant J-C. On y trouve mention notamment de préparations cannabiques en traitement des troubles de la vésicule biliaire, du sommeil, contre la dépression, les céphalées, l’épilepsie ou encore en aphrodisiaque, ou même contre la lèpre. On en trouvera par ailleurs en Europe. Dès le Moyen Âge, les herboristes en font un usage principalement externe, contre les abcès, tumeurs, etc. Il sera adopté dans la plupart des pays européens jusque dans les années 50, divers médicaments étant élaborés à base de sirop de cannabis, avant d’être interdit définitivement.

On retrouve dans le chanvre de nombreux composants médicalement intéressants, les 2 plus connus et utilisés étant le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC a été identifié et isolé en 1964 par Raphaël Mechoulam, un scientifique de renommée mondiale pour ses recherches sur les cannabinoïdes, comme étant le composé actif contenu dans le chanvre, c’est à dire la molécule responsable des effets psychotropes. Il partage les vertus anti-inflammatoires, analgésiques de l’aspirine, sans les effets secondaires (troubles gastriques ou rénaux). Ces composants sont assimilés par l’organisme par les récepteurs cannabinoïdes présents dans le corps humain.

En effet, il a été mis en évidence que l’organisme produit lui-même des endocannabinoïdes (ou cannabinoïdes endogènes), jouant un grand rôle dans la régulation de l’appétit, la perception des informations sensorielles relatives à la douleur ou encore la coordination des mouvements. Ces récepteurs se trouvent principalement sur les cellules du cerveau et de la moelle épinière, mais également sur celles du cœur, de l’intestin, des poumons, des voies urinaires, de l’utérus, des testicules, des glandes internes, de la rate et des globules blancs.

Le delta-9-tétrahydrocannabinol est un agoniste des récepteurs cannabinoïdes. Il existe deux types connus de récepteurs cannabinoïdes, les CB1 et les CB2. Les récepteurs CB1 se retrouvent en grandes quantités dans le cortex cérébral, l’hippocampe, les noyaux gris centraux et le cervelet. On en retrouve de petites quantités dans l’hypothalamus et la moelle épinière. Les sièges de ces récepteurs nous permettent de prévoir les effets pharmacologiques du delta-9-tétrahydrocannabinol. Les récepteurs CB1 ne se retrouvent pas dans les centres respiratoires du tronc cérébral.

Il a été démontré que les cannabinoïdes stimulaient l’appétit et atténuaient la nausée et les vomissements. Plus précisément, il a été démontré que l’endocannabinoïde anandamide stimulait la consommation d’aliments. Le delta-9-tétrahydrocannabinol se lie au même récepteur cannabinoïde, ce qui augmente l’appétit.

Indications Thérapeutiques et Disponibilité du Marinol

Depuis 2001, seulement 74 ATU nominatives ont été délivrées pour le Marinol® dans les indications suivantes :

  • Douleurs résistantes aux traitements standards
  • Affections inflammatoires du système nerveux
  • Maladie d’Unverricht-Lundborg
  • Stimulation de l’appétit
  • Syndrome de la Tourette
  • Dystonie résistante aux traitements usuels
  • Douleurs paroxystiques

La délivrance du Marinol se fait en pharmacie hospitalière sur ATU nominative (importation). En France, seules les gélules de 2,5 mg sont disponibles.

Posologie et Administration

  • 2,5mg à 40 mg/jour, 2 prises par jour à prendre 1 heure avant les repas.
  • Titration progressive en commençant par 2,5 mg matin et soir.
  • Adulte : 2 à 50mg/kg/jour chez l’adulte en une à deux prises par jour.

Il est important d'aviser son médecin et son pharmacie en cas de prises d’autres médicaments remis sur ordonnance ou non.

Effets Secondaires Possibles

Comme tout médicament, le Marinol peut entraîner des effets secondaires.

  • Effets peu fréquents (1%): cauchemars, étourdissements, maladresse ou instabilité, maux de tête, anxiété, perte de l’appétit, perte de coordination musculaire, sécheresse buccale, somnolence, altération des sensations. Ils disparaissent souvent en quelques jours à mesure que l’organisme s’habitue au médicament.
  • Effets rares (0,1%) nécessitant une consultation rapide auprès de votre médecin: vision floue ou anomalie du champ visuel. Ils disparaissent souvent en quelques jours à mesure que l’organisme s’habitue au médicament.

Alternatives Thérapeutiques: Sativex et Fleurs de Chanvre

Le Sativex est un spray buccal de 10 ml prêt à l’emploi, fabriqué au travers d’une série contrôlée de processus, aboutissant à un produit fini reproductible (90 pulvérisations). La formulation contient également d’autres cannabinoïdes, terpénoïdes et flavonoïdes à des doses standardisées, qui contribuent à l’unicité du médicament et 0,04 g d’éthanol. La solution de couleur jaune-brunâtre est obtenue à partir de deux extraits mous de Cannabis sativa (feuille et fleur).

Le Sativex est autorisé en Europe dans le traitement auxiliaire pour le soulagement symptomatique de la spasticité chez les adultes souffrant de sclérose en plaques qui n’ont pas suffisamment répondu à d’autres formes de traitement et chez qui l’on décèle une amélioration significative lors d’un essai initial du traitement. On observe en moyenne 60% de patients répondeurs aux nabiximols dans cette indication selon des études observationnelles menées en Espagne et en Allemagne corroborée par une méta-analyse récente avec persistance de l’effet sur long terme excluant tout phénomène de tolérance.

Au Canada, le Sativex est également mis sur le marché comme traitement auxiliaire pour le soulagement symptomatique de la douleur neuropathique chez les adultes souffrant de sclérose en plaques et pour les patients adultes atteints d’un cancer avancé qui présentent une douleur modérée ou grave pendant un puissant traitement opioïde administré à la plus forte dose tolérée contre une douleur de fond persistante, bien qu’un récent essai de phase 3 mené aux États-Unis ait conclu à l’inefficacité du Sativex dans cette dernière indication.

Posologie et Effets Secondaires du Sativex

  • Posologie maximum :12 vaporisation par jour en respectant un intervalle de 15 minute entre chaque dose.
  • Réactions au niveau de la muqueuse buccale : douleur, gêne, picotements, dysgueusie.
  • Sensations d’étourdissement, de fatigue surtout au début du traitement et durant la phase de titration.

Autres Options Thérapeutiques à Base de Cannabis

En 2016, seuls les produits BEDROCAN® cultivés à la demande du ministère de la santé néerlandais et placés sous le contrôle du bureau du cannabis médical néerlandais sont actuellement disponibles pour les citoyens européens. Cependant, ces produits ne sont pas reconnus comme des spécialités pharmaceutiques en France, faute d’AMM ou d’ATUc en cours.

Une production de fleurs de chanvre à visée médicale est également sous contrôle gouvernemental au Canada, en Israël, en Uruguay, en Italie et prochainement en Suisse, en Irlande et en Allemagne (en 2020). Cinq variétés de fleurs standardisées et stérilisées sont commercialisées. A conserver au réfrigérateur.

La vaporisation nécessite un appareil prévu à cet usage, utile également dans le cadre d’un usage adulte sans nocivité. Un seul vaporisateur est homologué actuellement pour l’usage médical : le Volcano de Storz and Bickel (400 €). La biodisponibilité moyenne est de l’ordre de 50% sous forme vaporisée, 25 % sous forme inhalée (selon protocole standardisé) et 10 % sous forme orale. Il y a donc un facteur de conversion de 2.5 entre la dose absorbée per os et par inhalation et de 5 entre la dose absorbée per os et par vaporisation. Attention cependant à ne pas comparer directement les posologies entre la posologie par ingestion et par inhalation.

Toutefois, quelques études cliniques ont révélé une efficacité du cannabis sous sa forme fumée ou vaporisée, notamment pour stimuler l’appétit, lutter contre les nausées et améliorer le confort de vie chez les patients traités par chimiothérapie (cancer, VIH, VHC). De plus, de nombreux rapports de cas on été rapportés dans différentes indications, supportés par des résultats probants d’études réalisées sur les modèles animaux. C’est pourquoi les produits sont distribués dans les officines pharmaceutiques des Pays bas au titre de l’usage compassionnel.

Le CBD et ses Applications Thérapeutiques

Le CBD, bien qu’issu du cannabis, n’est pas un stupéfiant car il est dépourvu de caractère euphorisant et antagonise les effets anxiogènes du THC. Depuis des décennies, certaines variétés de cannabis qui sont cultivées en France légalement (variétés autorisée contenant moins de 0,2% de THC) présentent des fleurs contenant du cannabidiol, comme par exemple la carmagnola, dont le pourcentage de CBD s’élève à plus de 6%.

Une étude a été réalisée aux États-Unis entre 2014 et 2015 chez plusieurs jeunes sujets atteints du syndrome de Dravet et résistants aux traitements antiépileptiques standards. 214 patients âgés de 1 à 30 ans ont participé à cette étude. L’objectif était de déterminer si le CBD permettait de réduire la fréquence moyenne des crises d’épilepsie avec une bonne tolérance. Le CBD a été administré par voie orale à raison de 2 à 5 mg/kg/jour avec une dose maximale de 50 mg/kg/jour. Après 12 semaines de traitement, il a été observé que la fréquence moyenne des crises fut réduite de 36,5%. Il a été conclu que le CBD présentait une réelle efficacité dans la réduction des crises d’épilepsie observée dans le syndrome de Dravet. Cette molécule pourrait constituer un espoir pour de nombreux patients résistants aux traitements standards d’autant plus qu’elle est bien tolérée.

CBD et Schizophrénie

Alors que le THC peut induire à haute dose des troubles psychotiques chez des personnes prédisposées, le cannabidiol (CBD) exerce un effet antipsychotique certain. Son action contrebalance les effets psychoactifs du THC.

42 patients âgés de 18 à 50 ans et tous atteints de schizophrénie ont participé à cette étude. Celle-ci s’est déroulée en double aveugle dans le but de comparer l’effet du cannabidiol à l’amisulpride qui est un neuroleptique. 21 patients ont été traités par amisulpride et 21 par cannabidiol pendant 4 semaines consécutives. L’évaluation de la sévérité des symptômes psychotiques s’est faite à l’aide de l’échelle des symptômes positifs et négatifs (Positive And Negative Sydrome Scale, PANSS), un outil de mesure largement utilisé pour tester l’efficacité d’un traitement antipsychotique. Les résultats n’ont pas montré de différence réelle ni de supériorité d’efficacité du cannabidiol par rapport à l’amisulpride.

Le Cadre Légal en France

L’accès à ce produit commercialisé librement dans plusieurs pays de l’UE est également en vente libre en France et apparaît comme légal selon les déclarations du ministère de la santé. Actuellement, le CBD peut revêtir le caractère de médicament d’un coté (disponible actuelllement sur ATU) si la finalité est de traiter une pathologie ou le cas échéant, de complément alimentaire ou de produits cosmétiques.

En France, il est autorisé de commercialiser et consommer des produits contenant du CBD. Il est néanmoins strictement interdit de commercialiser et de consommer des produits contenant du THC. Cependant, en raison de la réglementation française concernant la culture du chanvre, il est interdit de cultiver le chanvre pour ses sommités florales. Ces restrictions contraignent donc les malades à souffrir en silence ou à s’organiser en réseau pour s’automédiquer illégalement afin de se soulager.

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