Pierre Repp : Le Maître du Bafouillage et des Crêpes Inoubliables

Pierre Bouclet, connu sous le nom de Pierre Repp, était un humoriste et acteur français né le 5 novembre 1909 à Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais) et décédé le 1er novembre 1986 au Plessis-Trévise (Val-de-Marne). Il est surtout célèbre pour son talent unique de "bafouilleur".

Un Talent Unique de Bafouilleur

Pierre Repp s'est produit au théâtre, à la télévision, mais surtout au music-hall et dans les cabarets, à Paris et en tournée.

Il n'avait pas son pareil pour buter sur les mots, en proposer d'autres, aligner des contrepèteries hilarantes parce que toujours surprenantes, le tout avec un sens consommé du gag.

Son sketch « Les crêpes » est resté dans la mémoire populaire.

Le Sketch Inoubliable des Crêpes

Dans ses sketches, il commençait à parler, d'une voix bien posée, sur un sujet anodin, comme la confection du boeuf mironton ou les impôts.

Ainsi, Pierre Repp, présentant une recette de crêpes précise à son public qu'il n'a jamais eu l'occasion de lui confier sa "facilité..."; on attend "d'élocution", en un aimable clin d'oeil à sa spécialité.

Au début, tout va bien et puis voilà que, tout à coup, Pierre Repp prononce, de l'air le plus naturel du monde, un mot qu'on n'attendait pas, mais dont la prononciation ressemble à celui qui devait venir. Et, à la place, on a "équitation", suivi d'une vaine tentative pour prononcer le mot "élocution".

Quand l'humoriste butte sur un mot, et cela lui arrive souvent, il s'y reprend à plusieurs fois pour le dire correctement.

Dans ce même sketch, il nous révèle qu'il "avait un "volon d'Ingres" , non un "violon Grinde", un...un...dada". Et cette passion "c'est la cuisine, surtout la "tassiperie", la passiterie", la...la...les gâteaux".

Cette façon de remplacer le mot imprononçable par un synonyme plus simple, et articulé d'une manière parfaite, fait aussi partie de l'humour spécifique de Pierre Repp.

Et parfois, au milieu de cet amphigouri verbal, Pierre Repp prononce de manière parfaite un mot ou une suite de mots compliqués, et ce à la plus grande stupéfaction du personnage qu'il incarne.

Dans le sketch sur "la machine à laver", son personnage de vendeur, perdu dans des bafouillages qui laissent sa cliente pantoise, réussit à articuler sans la moindre hésitation "couteau hélicoïdal".

Avec Pierre Repp, l'art ancestral des contrepèteries retrouvait un nouveau souffle.

Carrière au Théâtre

Pierre Repp a participé à plusieurs pièces de théâtre, parmi lesquelles :

  • "Orage" (1943), d'August Strindberg
  • "Au petit bonheur" (1962), de Marc-Gilbert Sauvajon
  • "Huit siècles d'amour en chansons" (1964), divertissement musical de Jacques Lesprit
  • "Ta femme nous trompe" (1965), d'Alexandre Breffort
  • "L'erreur est juste" (1967), de Jean Paxet
  • "Le nouveau testament" (1967), de Sacha Guitry

Il y joue le rôle du nouvel époux de l'ex femme de Monsieur, un paisible retraité qui entend profiter de sa tranquillité.

La pièce d'Alexandre Breffort, "Ta femme nous trompe", au théâtre des Capucines se veut une parodie du théâtre de Feydeau.

Pierre Repp termine sa carrière théâtrale en tenant un petit rôle dans une pièce de Sacha Guitry, dont il tira un film, "Le nouveau testament".

Carrière au Cinéma

Pierre Repp a tenus plusieurs troisièmes rôles dans près d'une quarantaine de films.

Voici quelques films dans lesquels il a joué :

  • "La merveilleuse tragédie de Lourdes" (1933), de Henri Fabert
  • "Une femme au volant" (1933), de Kurt Gerron et Pierre Billon
  • "M'sieur la Caille" (1955), d'André Pergament
  • "Bonjour sourire" (1956), de Claude Sautet
  • "Club de femmes" (1956), de Ralph Habib
  • "Quelle sacrée soirée" (1957), de Robert Vernay
  • "Les quatre cents coups" (1959), de François Truffaut
  • "Crésus" (1960), de Jean Giono
  • "Les jeux de l'amour" (1960), de Philippe de Broca
  • "Candide ou l'optimisme au XXe siècle" (1960), de Norbert Carbonnaux
  • "Le tracassin ou les plaisirs de la ville" (1961), d'Alex Joffé
  • "Cartouche" (1962), de Philippe de Broca
  • "Un clair de lune à Maubeuge" (1962), de Jean Chérasse
  • "Un roi sans divertissement" (1963), de François Leterrier
  • "Le tatoué" (1968), de Denys de La Patellière
  • "Peau d'âne" (1970), de Jacques Demy
  • "Je sais rien, mais je dirai tout" (1973), de Pierre Richard
  • "Le gendarme et les extraterrestres" (1979), de Jean Girault
  • "Le téléphone sonne toujours deux fois" (1985), de Jean-Pierre Vergne

La plupart du temps, Pierre Repp est cantonné dans des rôles anecdotiques, qui ne lui valent pas même une identité.

Il est ainsi chauffeur de taxi, conducteur de bus, huissier, paysan, secrétaire ou encore garagiste.

Aussi bafouille-t-il à qui mieux mieux dans nombre de ses rôles.

Carrière à la Télévision

Pierre Repp a également participé à plusieurs productions télévisuelles :

  • "Le trésor des 13 maisons" (1961), de Jean Bacqué
  • "Surprise party chez Lully" (1962), d'Ange Casta
  • "Un coup dans l'aile" (1963), de Claude Barma
  • "Bob Morane" (1965), série dirigée par Robert Vernay et Pierre Malfille
  • "L'homme qui venait du Cher" (1969), de Pierre Desfons
  • Divers épisodes des séries "SOS fréquence 17" et "Agence intérim"
  • "Les caprices de Marianne" (1970), de Georges Vitaly
  • "Molière pour rire et pour pleurer" (1973), série de Marcel Camus

Les rôles demeurent menus, parfois réduits à des apparitions.

Pierre Repp continue à enrichir ses personnages de bègues, en y incluant notamment un cowboy!

L'Héritage de Pierre Repp

Ce talent unique de "bafouilleur", c'est sur les scènes de cabarets parisiens comme "Les Trois baudets" que Pierre Repp l'a rôdé.

Cette rude école lui a appris son vrai métier, celui d'humoriste.

Et, depuis sa disparition, il n'a jamais été remplacé dans le registre qui fut le sien.

Pierre Repp a réuni ses plus célèbres sketches en une série de disques sortis dans les années 50 et 60.

Extrait du Sketch des Crêpes

Voici un extrait du sketch des crêpes de Pierre Repp :

J'ai un violon grinde, un violon d'... euh un dada... Surtout la tasiprie, oui, surtout la pasitrie, la pa... J'fais des crêpes par exemple. Pas n'importe quelle crêpes... Oh ! Enfin je vais peut être marcher sur la marchande, euh... Trois cent tonnes... Trois euh... trois cuillères à boeuf... trois... Comme ça vous n'avez même pas à faire fondre le... Alors je défais ma raline... je délaie ma rafine... ma farine, pot à pot dans de l'eau, peu à peu dans l'dos, peu à peu dans... Je les mange... Je... C'est une manie en France de vouloir faire les crêpes trois trop fois épaisses, euh trois fois trop épaisses, allons, les crêpes, une dentelle quoi, une de Bruges... Des... Mais alors hachés frétains... hachés très... Et le moment venu, vous prenez, alors, comme ceci, la queue de la poêle, la... Et hop !!! Euh vous lan... vous lancez... vous lancez l'une, vous lâchez l'autre et pendant... eh oui c'est vrai... Vous massacrez... Elle m'a dit : - Tu comprends, avec toi on... on ne connaît pas les points de chute... Ma crêpe, pas ma femme ! Alors quand vous en avez une bonne cinquantaine, les mettre à refroidir dans un moule rond, comme les crêpes quand elles sont réussies, les recouvrir de ma-mer-lade, de marma... Et vous mettez l'enfant au four. Euh... Au moment de servir, ajoutez un peu de sauce sucrée... Mais retenez le nom, c'est des nilaquesnies... des calinesnies des nilanesnies, des quisalesnies... des... héhé... c'est un mot polonais hein... C'est ça l'originalité, des crêpes à la fon-ti-cure, à la font... à la... euh des crêpes... C'est aussi bon. Enfin vous... si vous n'aimez pas le chocolat, mettez de la confiture...

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