La Cocotte: Une Histoire de Saveurs et de Traditions

Elle fêtera ses 100 ans l’an prochain : la cocotte. Hier, c’était un ustensile de grand-mère, aujourd’hui, c’est devenu un accessoire glamour et réputé dans le monde entier. Si la cocotte connaît un tel succès, c’est avant tout parce qu’elle sait concocter des mélanges merveilleux. Coup de cœur des cuisines, c’est d’abord un symbole historique du made in France. Un temps mal-aimée, elle est relancée par les chefs et demeure très tendance. La cocotte est culte.

Les Origines et l'Évolution de la Cocotte

Tout a commencé par une histoire belge. Née dans l’Aisne, en Picardie, la cocotte Le Creuset a traversé les époques sans souci du qu’en dira-t-on. Plus que jamais en vogue aujourd’hui, elle fait le bonheur des becs fins les plus délicats et s’est rendue indispensable dans les cuisines.

Quand elle montre le bout de son nez sous le petit nom de cocotte, au 19ème siècle, l’évolution de l’espèce fait son œuvre. La révolution industrielle est passée par là, fini les bronzes - fer ou laiton de ses ancêtres, elle adopte la fonte. Nouveau nom, nouvelle allure, la cocotte a déjà un tempérament de feu. Mais elle ne sait pas encore qu’elle rencontrera le creuset de son cœur en Picardie.

En 1925, tandis que la France chantonne "Valentine" et ses petits petons, que le style "garçonne" fait fureur et qu’Alain Decaux gazouille ses premières histoires depuis son berceau, une drôle de petite rondouillarde vient s’enjailler sur les fourneaux. Ils s’installent à Fresnoy-le-Grand, dans l’Aisne, pour y bâtir leur fonderie. Leur idée ? Créer une cocotte qui soit belle, de couleur, fonctionnelle, et d’une solidité sans faille.

Début XVIIIe siècle, l’industriel anglais Abraham Darby se rend au Pays-Bas et étudie les techniques de fabrication néerlandaises employées pour fabriquer des marmites. Celles-ci sont réalisées par coulage du laiton dans des moules en sable. Dès lors, c’est sous la dénomination de dutch oven que quantités de récipients en fonte de fer sont commercialisés.

Au XIXe siècle, ces dutch oven connaissent un grand succès auprès des colons d’Amérique du Nord. Les fabricants hollandais les travaillent aussi en tôle d’acier embouti, dans des formes similaires à celles connues aujourd’hui. Les cuisinières les utilisent dès lors sur le gaz ou directement sur le feu. Elles ont l’avantage d’être plus légères que leurs homologues en fonte de fer. Depuis 1950, leur fabrication est essentiellement concentrée dans le nord de la France, dans le Cher ou la Loire.

Le Secret de Fabrication et les Couleurs Emblématiques

Le secret de fabrication reste le même, et c’est un secret bien gardé. A leurs débuts, toutes les cocottes avaient la même couleur, l'orange volcanique, et ce pour une bonne raison. Cette couleur représente le métal en fusion.

C’est ainsi, la cocotte aime se pomponner. Alors même si son orange volcanique et ses rondeurs sont emblématiques, elle est bien décidée à ne pas s’en contenter. N’est pas cocotte qui veut, dans la famille on se doit de rester fashion ! Ses créateurs l’ont bien compris, qui la font passer par toutes les couleurs. Elle n’est pas peu fière, en 1958, d’arborer sa nouvelle silhouette : profilée, un rien futuriste, elle s’est allongée pour devenir rectangulaire.

A nouvelle ligne nouveau petit nom, ce sera la Coquelle. Dans les années 70, elle ne rechigne pas à retrouver ses rondeurs avec la "Mama", sous le trait d’Enzo Mari. Sous celui de Jean-Louis Barrault, la voilà qui s’allonge de nouveau dans les années 80 avec la "Futura". Pas du genre à s’en formaliser, au contraire, la cocotte a les poignées résolument ancrées dans les époques qu’elle traverse.

Côté vestiaire, c’est la valse des émaux avec des couleurs en veux-tu en voilà : de l’orange au rose pâle, du vert au gris, du bleu au cassis etc, en passant par le fameux jaune Elysée dont raffolait Marilyn Monroe dans les années 60, au point de constituer sa collection personnelle de cocottes.

La Cocotte-Minute: Une Révolution dans la Cuisine

Il y a 70 ans, la Cocotte-Minute fait son entrée dans nos cuisines. Pratique et légère, elle permet une cuisine saine et rapide. C'est une révolution ! Retour sur la petite histoire de cet autocuiseur qui fit la renommée de la marque SEB. La Cocotte-Minute est l'autocuiseur star de nos cuisines depuis 70 ans. Elle voit le jour en 1953, à l'usine SEB (Société d’Emboutissage de Bourgogne) de Selongey, en Bourgogne.

Ustensile de cuisine révolutionnaire, la Cocotte-Minute a permis à SEB d'avoir une renommée mondiale. On compte à ce jour, 75 millions d'unités vendues dans le monde. Cette reine des cuisines, au sifflement si caractéristique, est un autocuiseur fabriqué par emboutissage, un procédé qui consiste à travailler une plaque de métal pour lui donner une forme creuse. Robuste, la Cocotte-Minute est usinée en acier inoxydable. Sa fermeture hermétique et sa soupape qui laisse s'échapper la vapeur, permettent à la Cocotte-Minute d'être sûre et de trouver sa place dans nos cuisines.

La Cocotte-Minute n'a pas toujours porté ce nom. Loin de là ! Pendant 25 ans, le célèbre autocuiseur s'est appelé Super Cocotte. Il faut attendre 1978 pour que SEB change le nom de son produit phare pour Cocotte-Minute après le rachat du nom de marque d'un de ses concurrents malheureux. Depuis, Cocotte-Minute est une marque déposée qui ne peut être utilisée que par SEB. Mais sa grande qualité reste sa rapidité de cuisson.

Les préparations à l'aide de la Cocotte-Minute permettent de diviser par au moins par deux le temps de cuisson. Prenons un exemple : le célèbre bœuf bourguigon qui se cuisine traditionnellement en trois heures avec un faitout est prêt en seulement une heure avec la Cocotte-Minute.

La Cocotte Staub: Innovation et Tradition

Côté industrie, on innove pour améliorer la qualité de la cuisson. Mais c'est surtout pour ses picots qui permettent d'arroser continuellement le plat qu'elle est devenue un ustensile mythique pour tous les cuisiniers. La cocotte Staub fête ses 40 ans, et présente pour l'occasion sa petite sœur la Chistera.

Quarante plus tard, le modèle initial a très peu changé. Et pour fêter son anniversaire, Staub lance pour la première fois un nouveau modèle de cocotte, dont le design a été revu par le designer Samuel Accoceberry. Dans les années 70, Francis Staub travaille dans le milieu culinaire. Francis Staub se penche sur l'une des problématiques des cuistots : lorsque les ingrédients mijotent, l'eau s'évapore sous l'effet de la chaleur, desséchant parfois le plat.

Ce sont ses échanges avec les chefs cuisiniers qu'il côtoie, qui inspirent à Francis Staub la création des picots, en 1978 : d'une part, les couvercles de ses cocottes sont plats ; d'autre part, le dessous des couvercles est en relief, de telle sorte que l'eau évaporée se condense le long de ces picots, et retombe uniformément sur toute la préparation. Parmi les grands noms de la cuisine que fréquente Francis Staub, l'on compte le chef lyonnais Paul Bocuse, qui a découvert très tôt les cocottes du créateur alsacien.

Francis Staub choisit la fonte pour sa capacité à diffuser la chaleur lentement et de manière homogène. Une vraie ode à la cuisine "à l'ancienne", où les ingrédients mijotent longuement, tout en étant constamment arrosés par leur propre jus. Les cocottes en fonte ont l'avantage de passer sur tous les feux même l'induction, mais aussi directement de la plaque au four.

A côté du noir traditionnel, l'on trouve donc des cocottes bleues, rouges, grises, jaunes, vertes, bordeaux, etc. "Les cocottes Staub ont toujours été fabriquées en France", nous assure Nathalie Chabert. En témoigne, le ruban bleu-blanc-rouge qu'arborent tous les produits de la marque.

Depuis 1974, l'entreprise a diversifié son offre : cocottes de différentes tailles, y compris des petits formats pour des portions individuelles, ou encore de formes originales (coeur, vache, etc.), mais aussi des poêles, grills, sauteuses, woks, plats ou théières. "A ses débuts, Staub vendait essentiellement aux professionnels, mais aujourd'hui les ventes sont équilibrées entre particuliers et hôtellerie", indique Nathalie Chabert.

Le designer basque s'est inspiré de la forme des chisteras, ces paniers courbes utilisés à la pelote basque pour renvoyer la balle.

La Cocotte: Un Art de Vivre et une Présence Iconique

Être une cocotte, c’est tout un art : dans ce tourbillon effréné de lignes et d’émaux, elle est restée fidèle et n’a jamais cessé de glouglouter. Que le premier qui n’ait pas succombé à ses fumets envoûtants lève la main ! Il faut bien se rendre à l’évidence, la cocotte est (aussi) un tantinet charmeuse.

Les gourmets n’ont pas de mots assez doux pour la qualifier, sous son couvercle elle sait y faire pour promettre monts et merveilles de son petit ragoût savamment mitonné. Il faut dire qu’elle est particulièrement chouchoutée pour répondre aux attentes de ses futurs aficionados, en backstage ça s’active. On ne lui refuse rien.

Un moule en sable (seul capable de supporter les 1500° degrés de la fonte en fusion), individuel, spécialement conçu pour elle : détruit après chaque cuisson, il fait de la petite marmite un modèle unique. Un matériau, la fonte, qui excelle à capter la chaleur pour mieux la conserver et la distiller en douceur : la voilà nantie d’un art consumé de la cuisson à l’étouffée.

Ne lui dites pas qu’elle est d’un âge canonique, elle vous répondrait qu’elle est juste iconique. Pour preuve la collection jaune Elysée de Marilyn, vendue aux enchères en 1999 pour la modique somme de 25300 dollars. Ses créateurs Octave Aubecq et Armand Desaegher la voulaient résistante, presque un siècle plus tard leur trouvaille a fait ses preuves. Mieux que ça, elle n’a pas pris une ride, ça laisse rêveur.

Un secret ? Peut-être bien les voyages, qui, c’est bien connu, forment la jeunesse. La cocotte y emmène en balade sa maison mère, depuis le temps ces deux-là ne peuvent plus se passer l’une de l’autre : de lignes en lignes, de couleurs en couleurs et de collections en collections, elles écument les podiums. Mais un tel succès ne saurait lui faire tourner la tête. La maison Le Creuset est toujours ancrée à Fresnoy-le-Grand, la petite aristocrate des fourneaux est attachée aux traditions. Rien de tel que le bercail pour retrouver des couleurs.

Elle est partout, attise toutes les convoitises, attire tous les regards et se pavane, aussi bien photogénique en violet, en bleu azur, en gris qu’en vert. Sous ses rondeurs, elle mitonne, rôtit, mijote et confit des préparations classiques et originales depuis des décennies, sans fausse note ni impair. Ploc, ploc : entendez-vous la cocotte chanter ? Que vous aimiez cuisiner ou non, vous la connaissez depuis toujours.

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