Les Médecins de l'Oise Pendant l'Occupation: Entre Collaboration et Résistance

Jusqu’en 1940, les médecins ne constituaient pas un corps bien défini, ni dans l’Oise ni ailleurs.

C’est la loi du 16 août 1940, promulguée par le gouvernement de Vichy, qui institue un « ordre des médecins ».

La même loi réserve l’accès aux professions médicales aux citoyens nés de père français.

Toutefois la loi exclut de fait les étrangers et, particulièrement, les israélites, dont le nombre est limité à 2% du total de la profession (décret du 11 août 1941).

En 1940, l’Oise comptait treize médecins juifs.

Le docteur Breiman, de Crillon, fait partie, en tant qu’ancien combattant décoré, du quota des 2% et peut continuer à exercer.

Les autres doivent cesser leur activité professionnelle et abandonner leur cabinet à un confrère aryen.

Ceux qui ont été démobilisés en zone Sud doivent y rester. C'est le cas du docteur Rabinovici, de Liancourt, qui s’engage dans la Résistance dans la région de Rodez (AS).

Victimes de l'Occupation

Au total, quatorze membres de professions médicales ou para-médicales ont été victimes de l’Occupation.

Ont été déportés : trois dentistes, deux pour raisons ethniques, un pour raisons politiques (Résistance); sept médecins (quatre juifs et trois résistants) et trois infirmiers de l’hôpital psychiatrique.

Un autre médecin (juif) a été fusillé comme otage dans le Puy-de-Dôme.

Restrictions et Pénuries

Le champ d’action des médecins se rétrécit sous l’Occupation.

Dans l’Oise, ils ne perçoivent qu’une allocation de vingt litres d’essence par mois alors que les véhicules de l’époque sont de gros consommateurs de carburant.

Certains praticiens ressortent la voiture à cheval, d’autres se contentent d’une bicyclette.

Aucune vaccination de masse n’a lieu de 1940 à 1944 et, en cas de maladie déclarée, les vaccins sont chichement mesurés.

L’autorité préfectorale redoute la survenue d’épidémies comparables à celle de la grippe espagnole en 1918.

A partir du printemps 1942, la fabrication du matériel chirurgical est interdite.

La pénicilline, d’usage courant dans l’armée américaine, n’apparaît en France qu’en 1946.

Commissions Médicales et le STO

A la mi-1942, les médecins de l’Oise sont directement interpellés par les événements en cours.

Ils sont désormais convoqués aux commissions médicales qui examinent les requis et décident de leur aptitude à travailler en Allemagne.

Ces médecins sont désignés par l’Ordre.

En août 1943, la Feldkommandantur de l’Oise signale au préfet « la mauvaise volonté des médecins français » au cours de l’examen médical des requis, trop prompts à les déclarer « aptes pour la France » ou à délivrer des certificats aux travailleurs permissionnaires.

Elle menace en particulier le docteur Baranger, de Beauvais, d’une affectation en Allemagne ou d’un retrait de l’autorisation d’exercer.

Le cas du docteur Baranger ne devait pas être unique puisqu’une circulaire de Laval, datée du 13 décembre 1943, réquisitionne les médecins pour effectuer les visites médicales de la main-d’œuvre convoquée.

Les médecins de l’Oise déclarent au préfet le docteur Gossart, président de l’Ordre dans l’Oise, qu'ils « refusent de faire des visites d’incorporation et non de simples visites médicales ».

En janvier 1944, le préfet se plaint encore du peu d’empressement des praticiens de l’Oise pour assumer la charge des visites médicales de la classe 1943.

Les médecins invoquent le non-paiement de leurs vacations antérieures.

Résistance et Collaboration

On ne saurait dire que, face à l’Occupation, les médecins aient réagi comme un corps.

Peu d’entre eux ont rejoint la Résistance : Charles Andrieu à Neuilly-en-Thelle, Edmond Caillard à Saint-Just-en-Chaussée, Daniel Hervaux à Attichy, Marcel Gilbert à Brégy, Georges Roos à Noyon.

Ils sont plus nombreux à avoir aidé les résistants en les soignant ou en les transportant (docteur Debray à Creil).

Certains se sont pliés avec docilité aux désirs de l’occupant.

Un médecin de Beauvais, Jean Delie, représente les médecins au Comité départemental de libération.

Après la Libération, un médecin de Compiègne a été condamné comme membre d’un parti « collaborationniste ».

Une femme de médecin a été tondue.

Après la Libération

A la Libération, tous sont confrontés aux carences sanitaires d’une population urbaine sous-alimentée et au retard pris par la médecine française sous l’Occupation.

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