La viande, au cœur du repas traditionnel quotidien, reste très importante dans l’alimentation des Français, bien que les habitudes évoluent. La viande est ancrée dans la culture et dans les traditions françaises, une tendance encore renforcée par l’américanisation de la société durant les Trente Glorieuses, notamment avec la popularité grandissante des chaînes de restauration rapide, et par l’élevage intensif qui a fortement baissé le prix de la viande. Les Français figurent ainsi aujourd’hui parmi les plus gros consommateurs de viande d’Europe et du monde.
Consommation actuelle de viande en France
En 2022, le Français moyen consommait 44,7 kilogrammes de viande par an, ce qui se situe légèrement en-dessous de la moyenne européenne de 48,8 kilogrammes par an, mais reste élevé par rapport à la moyenne mondiale. Sur un an, un Français mange en moyenne 85,2 kilogrammes équivalent-carcasse (kgec), selon une publication du ministère de l’Agriculture fin juillet 2023. En moyenne, les Français ont mangé plus de viande en 2022 qu’en 2021.
« En 2022, la consommation apparente totale de viande, calculée par bilan, est en hausse pour la deuxième année consécutive : + 0,8 % sur un an du volume total consommé, soit + 0,5 % en moyenne par habitant », explique ainsi l’étude. Si l’on se penche sur les chiffres évoqués par l’étude, on constate que la consommation de viande à domicile a reculé, comme l’année précédente. Un fait expliqué notamment par la hausse des prix.
Dans le détail, c’est la viande de boucherie (viande rouge) qui augmente, quand celle de volaille et de lapin baisse. « Si on prend un peu de recul, les données du Ministère indiquent que la consommation par habitant en 2022 est similaire à ce qu’on trouve au début des années 2010, voire 2006.
Types de viande consommés
Les trois types de viandes les plus consommées par les Français sont le porc, la volaille et le bœuf. Chaque année, les Français mangent en moyenne :
- 32,5 kg de viande de porc
- 26,3 kg de viande de volaille
- 24,2 kg de viande bovine
- 3 kg de viande ovine
- 200 grammes de viande de cheval
Recommandations nutritionnelles et consommation
En matière de nutrition, connaître les bonnes quantités n’est pas tout : encore faut-il savoir les mesurer. Le Programme National Nutrition et Santé (PNNS) établi par le ministère chargé de la Santé recommande le seuil de 500 grammes de viande cuite (hors volaille) par semaine. L’objectif de ce repère nutritionnel ? Vous donner un moyen simple, pratique et immédiat d’évaluer si votre consommation de viande correspond à la bonne quantité : ni trop, ni trop peu. Personnalisé, il évolue selon l’âge, le sexe, la morphologie… du propriétaire de la main.
Malgré les recommandations, un Français sur deux mangerait trop de viande chaque semaine. En moyenne, un Français mange 1,15 kg de viande rouge. On est pourtant loin de ce chiffre. 500 grammes. C’est la quantité maximale de viande qu’il est recommandé de consommer par semaine, selon le Fonds mondial de recherche contre le cancer. Nous consommons trop de viande par rapport à ce qui est conseillé. Plus de deux fois.
Impacts de la consommation de viande
La production de viande, en croissance continue dans le monde, a un impact environnemental élevé. En plus de la problématique de la souffrance animale liée à l’élevage intensif, la production de viande nécessite d’importantes quantités d’eau et contribue significativement au réchauffement climatique en raison des fortes émissions de CO2 qu’elle génère. Pour produire un kilogramme de viande de bœuf, il faut 15.500 litres d’eau, et pour la production d’un kilogramme de viande de porc, 6.000 litres, contre seulement 320 litres pour la production d’un kilogramme de légumes.
La production de viande est également responsable d’un volume important d’émissions de CO2. La production d’un kilogramme de steak de bœuf émettrait environ 130 kilogrammes de CO2 selon les estimations, soit plus de 10 fois plus qu’un kilogramme de saumon, et 50 fois plus qu’un kilogramme de tomates. L’impact est réel puisque la consommation de viande représente la troisième source de pollution la plus importante par habitant en France, après la voiture et le gaz et le fioul.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), dans un rapport de 2013, le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). « On estime ainsi qu’entre une alimentation « classique » et un régime moins carné, les émissions de gaz à effet de serre passent de 1,6 tonne à 1 tonne de CO2 équivalent par an et par habitant.
La consommation excessive de viande présente aussi des risques pour la santé. La viande fournit au corps des protéines, des nutriments et du fer, mais des risques de cancer ayant été liés à la consommation de viande, l’Assurance maladie française conseille de limiter la consommation de viandes rouges et de charcuteries et d’éviter les préparations panées ou frites.
Évolution des comportements de consommation
41 % des Français ont réduit leur consommation de viande en 2023 et les alternatives végétariennes et végétaliennes explosent dans les supermarchés et restaurants. La France se trouvait encore il y a quelques années parmi les pays de l’UE qui consomment le plus de viande par habitant, mais la tendance est à une stagnation voire une baisse de la consommation de viande. Les 33 % de Français susceptibles de manger moins de viande peuvent paraître peu nombreux par rapport à leurs voisins européens, mais la tendance est bien là, avec des jeunes générations de plus en plus végétariennes ou même végans.
En 2024, contre seulement 3 % des Baby-Boomers, 17 % de la génération Z suivent un régime sans viande. De plus en plus de personnes, en particulier parmi les jeunes, sont sensibles au bien-être animal et aux conséquences environnementales et climatiques d’une consommation excessive de viande. Certains décident de consommer des produits carnés biologiques, d’autres excluent complètement la viande de leur alimentation.
Mais ce n’est pas la santé qui inquiète le plus, ce sont bien la conscience environnementale et le bien-être animal qui sont les deux premières raisons invoquées par les personnes ayant réduit leur consommation de viande en France.
La tendance à la baisse de consommation de foie gras, passée de 297 à 170 grammes par habitant entre 2011 et 2021, montre cette attention grandissante portée à la souffrance animale. De plus en plus de consommateurs se tournent vers les produits carnés certifiés par le label « agriculture biologique », qui garantit de meilleures conditions de vie aux animaux. En 2023, 40% des Français ont consommé de la viande biologique, contre encore seulement 20% en 2015. Cependant, si le chiffre d'affaires total issu de la vente de viande biologique est en baisse depuis 2021, après des années d’augmentation, c’est avant tout pour des raisons de prix.
A la place de la viande, il est possible de consommer des protéines d’origine végétale, comme les lentilles ou les pois chiches (végétarien ou végan), ou de remplacer la viande par des œufs ou encore par du poisson (pescétarien ou pesco-végétarien).
Commerce de la viande en France
La viande constitue un marché important pour la France. Avec des recettes dépassant les 47 milliards de dollars en 2023, la France est le cinquième marché de la viande le plus rémunérateur du monde. La viande consommée par les Français est donc principalement de la viande d’élevage, et la France en produit en grandes quantités, surtout du porc, du bœuf et du poulet. En 2022, le porc était la viande de loin la plus produite en France, avec plus de 2,1 millions de tonnes produites.
La viande constitue un commerce important pour la France, qui exportait l’équivalent de plus de 950 millions d’euros de viande porcine et plus d’un milliard d’euros de bœuf en 2023. Mais la France importe aussi beaucoup de viande. Chaque année, elle importe l’équivalent de plus de 3,4 milliards d’euros de viande et d’abats de d’autres pays de l’Union européenne (UE), et 500 millions d’euros du reste du monde. Pour la volaille, la balance commerciale de la France est déficitaire depuis des années. En 2021, elle était déficitaire de plus de 530 millions d’euros. En revanche, concernant la viande bovine, la France bénéficiait d’un excédent de plus de 630 millions d’euros en 2022.
Inflation et prix de la viande
L’inflation galopante déclenchée par la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie et les importantes sommes d’argent versées aux entreprises pendant la pandémie de Covid, qui a touché la France en particulier en 2022, a également impacté le secteur de la viande. L'indice des prix à la consommation (IPC) de la viande, qui permet de mesurer l'inflation, après être resté stable entre février 2021 et février 2022, était en forte hausse entre février et mai 2023. Depuis ce moment-là, les prix se maintiennent à un niveau élevé. Ces importantes hausses de prix ont de fortes conséquences sur le pouvoir d’achat des Français et sur leurs comportements de consommation.
Consommation mondiale de viande
La consommation mondiale de viande est de 323 millions de tonnes en 2017 contre 67 millions en 1957 soit une multiplication par 5 en 60 ans selon la FAO. Elle devrait progresser de 15 % de 2018 à 2028 et atteindre 470 millions de tonnes en 2050 : la hausse provenant à hauteur de 76 % des pays émergents. La consommation mondiale de viande est de 323 millions de tonnes en 2017 contre 67 millions en 1957 soit une multiplication par 5 en 60 ans selon la FAO.
Selon un des scénarios de prospective élaboré par le GIEC, l’humanité devrait atteindre, en 2050, une consommation moyenne de 500 g de viande et de 1 litre de lait par semaine et par personne. Il y a près de 20 pays en développement dont la consommation de viande par tête est inférieure à 10 kg, à comparer à la moyenne de 80 kg dans les pays développés.
Voici un tableau récapitulatif de la consommation mondiale de viande:
| Année | Consommation mondiale (millions de tonnes) |
|---|---|
| 1957 | 67 |
| 2017 | 323 |
| Prévision 2028 | ~371 |
| Prévision 2050 | 470 |
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