Cocottes: Histoire des Demoiselles du Paris de la Belle Époque

Dans le Paris 1900, on les surnomme « amazones », « scandaleuses », « horizontales »! Selon l’expression d’Alexandre Dumas fils, on les appelle aussi « demi-mondaines », ou encore « cocottes », peut-être pour souligner leur goût pour les toilettes emplumées…

Leur maxime? « La fortune vient en dormant… à condition de ne pas dormir seule », comme le clame la Belle Otero. A son image, elles sont une quarantaine d’artistes de scène qui assument de monnayer leurs faveurs.

Car la condition de cocotte n’a rien à voir avec celle des quelque 6 000 prostituées « fichées » par la préfecture de police de Paris à la Belle Époque, encore moins avec les 90 000 modestes lorettes, grisettes ou filles de joie qui font le pied de grue sur les boulevards. Elles seules décident!

Des tarifs exorbitants

Combien? 25 000 francs la demi-heure avec la Belle Otero. Et elle est très à cheval sur l’heure comme a pu le constater monsieur Berguen. Ce riche financier s’est offert une demi-heure avec la sulfureuse vedette du théâtre Marigny. Mais ce dernier à peine « affriolé par l’atmosphère capiteuse », la belle enfile un peignoir.

« Mon cher, lui déclare-t-elle, nous sommes entrés ici à deux heures et demie […]. Il est maintenant trois heures, il y a donc une demi-heure que vous êtes dans ma chambre. J’ai tenu ma promesse. »

Reines du « Gai Paris »

Ces reines du « Gai Paris » brûlent les planches des cabarets. Avec près de 300 cafés-concerts et une quarantaine de théâtres, le Paris de la Belle Époque regorge de lieux où les bourgeois viennent, au minimum, se rincer l’œil.

Inscrits en grosses lettres sur des affiches colorées, les noms - et les images de leurs visages et de leurs corps - de la Belle Otero, Liane de Pougy, Cléo de Mérode ou encore Emilienne d’Alençon offrent la garantie de déplacer les foules. Du Casino de Paris à l’Olympia en passant par l’Alcazar, les cocottes se livrent une concurrence sans merci.

Aux Folies Bergère, immense salle de spectacle de la rue Richer (dans le 9e arrondissement), les demi-mondaines s’essayent vers 1890 au music-hall, un genre nouveau venu de Londres, mélange de cirque, d’opérette, de ballet et de pantomime. C’est un triomphe! « Aujourd’hui, la place prépondérante au concert est réservée aux horizontales de toutes marques… » fustige l’hebdomadaire L’Art lyrique.

Un train de vie luxueux

Un hôtel particulier, une voiture, des rivières de diamants, des fourrures… Les cocottes monnaient chèrement leurs faveurs pour s’offrir un train de vie de grandes dames. Certaines tapent directement dans le haut du panier comme la Belle Otero, experte en conquêtes du gotha - ducs, princes, maharadjahs et rois.

La voir nue et l’appeler « mon bébé rose »? 80 000 francs à débourser pour le librettiste Henri Meilhac. L’addition du comte polonais Roman Potocki? 5 000 francs… par jour! Il faut au moins ça aux courtisanes pour parader en grande tenue - elles dépensent des sommes folles chez les couturiers - au bois de Boulogne ou au théâtre.

C’est là que ces femmes, souvent de basse extraction, se font remarquer par leurs futurs amants. Qu’elles choisissent avec soin, puisque selon la vedette du théâtre des Variétés Emilienne d’Alençon : « Quand tu couches avec un bourgeois, tu es une putain. Quand tu couches avec un prince, tu es une favorite. »

Des business women avisées

Connue pour ses talents d’« horizontale », Irma de Montigny sait se vendre! Cette comédienne est prête à tout pour qu’on parle d’elle, et les journalistes en redemandent!

La presse fait son miel de la moindre aventure des demi-mondaines : comme la fois où la Belle Otero a perdu son porte-monnaie sur le boulevard des Italiens, anecdote que narre Le Figaro du 22 mars 1900… Ou, versant plus tragique, dans Le Matin du 12 octobre 1906, le récit de l’accident de voiture qui a failli coûter la vie à Liane de Pougy. Les cocottes sont les people de l’époque!

Certaines dévoilent leur intimité dans les gazettes, telle Albany Debriège photographiée pour Les Reines de Paris chez elles (1898) sur son lit défait. Elles sont aussi les stars de publicités pour des biscuits (Cléo de Mérode pour Lefèvre-Utile), du champagne (Clémence de Pibrac pour Mumm) et s’improvisent même journalistes, comme Liane de Pougy, qui devient rédactrice en chef de l’hebdomadaire L’Art d’être jolie, ou la chanteuse Lina Cavalieri qui prodigue ses conseils beauté dans le mensuel Femina.

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