L'Histoire de Chantilly et l'Apport Décisif de l'Aga Khan IV

Disparu le 4 février 2025, le prince Aga Khan IV a été le principal mécène du château de Chantilly. Mais il ne s’est pas limité à donner de l’argent pour la restauration de ce domaine historique de l’Oise. Au matin du 5 février, une triste nouvelle a été reçue par le monde de la culture. Son Altesse Aga Khan IV est mort dans la nuit auprès de sa famille dans la capitale du Portugal, à l’âge de 88 ans.

Le concert de louanges international qui accompagne la mort de l’Aga Khan, le prince Karim Al-Hussaini, décédé ce mardi à Lisbonne (Portugal) à l’âge de 88 ans, a pris un écho particulier dans le Sud Oise, dans ce domaine légué à sa mort, en 1897, par le Prince Henri d’Orléans, duc d’Aumale, à l’Institut de France.

L'Engagement de l'Aga Khan IV à Chantilly

L'Aga Khan IV - le chef spirituel et 49ᵉ imam des ismaéliens nizâristes qui s’est éteint dans la nuit du 4 au 5 février 2025 au Portugal à l’âge de 88 ans - ne s’est pas limité à signer des chèques lorsqu’il a choisi d’aider le domaine de Chantilly. Il y a créé une fondation dédiée. Laquelle a été active durant 15 ans. De 2005 à 2020, l’Aga Khan était à la tête de la Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly, qu’il a lui-même lancée.

En tout ce ne sont pas moins de 70 millions d’euros - provenant de ses fonds personnels et de financements publics mobilisés en contrepartie de ses efforts - qui ont pu être injectés dans la sauvegarde des lieux, propriété de l’Institut de France, grâce à cette fondation mise en place par ce milliardaire philanthrope. Une période durant laquelle le prince a injecté 70 millions d’euros, permettant à un château vieillissant de franchir le pas du XXIe siècle. Décédé ce mardi, le prince Karim Al-Hussaini avait été de 2005 à 2020 à la tête d’une fondation qui a injecté 70 millions d’euros dans un domaine de Chantilly vieillissant, contribuant à en faire la pièce patrimoniale majeure de l’Oise dont la réputation en dépasse désormais les frontières.

Soit : « l’hippodrome de Chantilly, les parterres à la française d’André Le Notre, les Grands Appartements, la salle du Jeu de Paume avec la création d'un espace d'exposition temporaire, la Galerie de Peinture, la création du Cabinet d'arts graphiques avec un second espace pour les expositions temporaires au sein même du château, la restauration des Appartements Privés, la re-création du musée du Cheval de Chantilly, la restauration des toitures des deux nefs des Grandes Écuries ainsi que de la Cour des Remises, la restauration de la maison de Sylvie ».

Hommages et Reconnaissance

Conservateur du patrimoine au musée Condé, ayant travaillé de 2015 à 2020 sous sa présidence, Mathieu Deldicque a, pour sa part, confié à « France 3 Hauts-de-France » : « L'Aga Khan a été un personnage assez fondateur dans l'histoire du domaine et qui a été aussi d'une générosité et d'une vision exceptionnelle ». Révélant que le prince avait conservé ces dernières années des liens très fort avec les lieux bien qu’il se soit retiré de leur gestion effective, il souligne : « Avant lui, le domaine de Chantilly était resté au XIXᵉ siècle. Il a permis une restauration fondamentale d'une partie du domaine. Il a sauvé littéralement, grâce à ces grandes restaurations, le château, le parc et les grandes écuries. Il en a aussi professionnalisé la gestion. Nous lui en sommes très reconnaissants. Son décès, c'est pour nous un sentiment de tristesse ».

Eric Woerth, maire de la commune de 1995 à 2017 a rendu hommage à ce bienfaiteur : Avec une profonde tristesse, je pense aussi à notre ville de Chantilly qu’il a tant aimée.

Sans lui, le Château de Chantilly n’occuperait sans doute pas la place de site patrimonial le plus visité du département de l’Oise.

L'Héritage de l'Aga Khan

Karim al-Hussaini, né en 1936 à Genève, descendant d’une famille princière de l’Empire Perse, hérite du titre d’Aga Khan en 1957, succédant à son grand-père Mohammed Chah. L’Aga Khan IV, l'une des personnalités les plus prestigieuses de la haute société mondiale, imam des Ismaéliens nizârites, une branche de l’islam chiite, et philanthrope à la fortune colossale, est mort mardi à Lisbonne à l’âge de 88 ans, a annoncé sa fondation.

Diplômé d’histoire de l’Islam à Harvard en 1959, il consacra tout au long de sa vie, une partie de sa fortune à la préservation et à l’art islamique à travers la Fondation Aga Khan créée en 1967, et ensuite grâce à l’« Aga Khan Trust For Culture ». Création d’un prix musical et d’architecture richement dotés, engagement dans la restauration du patrimoine islamique avec notamment le financement de la rénovation du centre-ville de Lahore en Inde ou plus récemment la tombe de Humayun à Delhi, le philanthrope a œuvré dans tous les domaines de l’art. Amoureux des chevaux, il avait financé la rénovation du Musée vivant du cheval de Chantilly en 2013, ainsi que l’ensemble des composantes du domaine, dont le château et les Grandes Écuries.

L’Institut de France avait fait de cet ange gardien du patrimoine et érudit d’architecture, membre associé étranger de l’Académie des beaux-arts en 2008. Son fils Rahim al-Hussaini, dit Aga Khan V, lui succède pour devenir le 50e imam des ismaéliens.

Né le 13 décembre 1936 à Genève, Karim Al-Hussaini avait succédé en 1957 à son grand-père Mahomed Shah. Son père, Ali, s'était vu écarté de la succession après son mariage tumultueux avec l'actrice américaine Rita Hayworth. L'Aga Khan IV avait été intronisé la même année, à moins de 21 ans, 49ᵉ imam des ismaéliens nizârites, le deuxième groupe musulman chiite le plus important numériquement avec entre 12 et 15 millions de membres répartis à travers le monde, notamment en Asie centrale et du Sud, en Afrique et au Moyen-Orient.

L’Aga Khan avait les nationalités britannique (sa mère était une aristocrate anglaise) et portugaise, ainsi que la citoyenneté honoraire canadienne, une distinction rarement accordée.

Propulsé sous les feux de la rampe à l'âge de 21 ans, il devient le chef religieux de tous les musulmans ismaéliens du monde à la mort de son grand-père en 1957.

Ses chevaux figurent parmi les plus célèbres du monde et se distinguent régulièrement dans les plus grandes courses de plat. Sa passion pour les chevaux et les courses hippiques l'avaient logiquement mené jusqu'à Chantilly. Par le biais de sa fondation, il a investi dans la restauration du domaine et son développement.

En 2012, il a remporté le septième Prix de Diane, la course hippique la plus prestigieuse de France, qui s'est tenue à Chantilly, un domaine du XVIe siècle situé à proximité de son domaine et pour lequel il a dépensé 40 millions d'euros pour lui redonner son « lustre princier ».

Karim Al-Hussaini est mort dans la nuit du 4 au 5 février à Lisbonne au Portugal à l'âge de 88 ans. Milliardaire, philanthrope, chef spirituel des musulmans ismaéliens nizârites, Karim Al-Hussaini était également passionné par les chevaux et l'art.

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