Bouddhisme et Alimentation : Principes et Pratiques

Le bouddhisme est un mode de vie qui prône la liberté, l’égalité et la compassion. Aujourd’hui, cette pratique est en pleine expansion. En effet, on recense près de 600 millions de bouddhistes dans le monde. Mais cette religion exige une véritable discipline, notamment dans les habitudes alimentaires.

Les Fondements de l'Alimentation Bouddhiste

Aujourd’hui, les personnes qui s’intéressent au bouddhisme ne connaissent pas toujours les pratiques associées à cette religion. Les origines de cette cuisine végétarienne remontent au Moyen-Âge. À cette époque, la viande était d’ores et déjà proscrite chez les moines. Mais la pratique culinaire bouddhiste s’est réellement développée entre le XVIIe et le XIXe siècle, au Japon. Lors de cette période, les moines élaborent de nouvelles techniques de préparation (friture…). En outre, des légumes comme le bambou, la pastèque ou encore les algues s’ajoutent aux recettes.

Au quotidien, une petite majorité des moines s’adonne au jeûne. Généralement, les individus concernés ne mangent plus après l’heure de midi et cette diète dure jusqu’au lendemain, à l’aube. En outre, ils méditent régulièrement. La méditation et la relaxation sont des notions essentielles du bouddhisme. La cuisine bouddhiste se compose essentiellement de céréales et de légumes. Généralement, ce genre de régimes végétariens apporte à l’organisme des vitamines, des minéraux ou encore des fibres. En outre, grâce à cette alimentation équilibrée, la masse graisseuse baisse.

Diversité des Pratiques Alimentaires

Michel Aguilar : Le bouddhisme ne repose sur aucun dogme. Il n’y a donc pas de règles de discipline a priori. Les bouddhistes adaptent leur conduite aux préceptes énoncés par le Bouddha à mesure que cela fait sens, l’éthique individuelle primant sur les comportements. En Asie du Sud-Est, où s’est enracinée l’une des trois grandes traditions du bouddhisme, les moines reçoivent dans leur bol à aumônes de la nourriture végétarienne qu’ils ne choisissent pas et se contentent d’un repas par jour. Il n’y a donc pas d’approche diététique particulière.

Dans le bouddhisme zen, le repas est extrêmement codifié, car il fait partie de la méditation. Dans le bouddhisme himalayen, des rituels complexes sont orchestrés à travers tout un processus d’offrandes. Les approches sont donc extrêmement diverses et le plaisir n’a pas lieu d’être banni. Ainsi, les retraites de méditation, toutes traditions confondues, n’excluent pas un riche repas entre amis.

Le Végétarisme : Un Principe de Non-Violence

L’un d’entre eux est l’interdiction d’ôter la vie à toute personne ou tout animal. De nombreux bouddhistes interprètent cela comme signifiant qu’il ne faut pas consommer d’animaux car cela nécessiterait de les tuer. Les bouddhistes ayant cette interprétation suivent généralement un régime lacto-végétarien.

Selon l’éthique bouddhiste, l’adepte doit donc devenir végétarien. Dans le même temps, l’enseignement du Bouddha reconnaît que personne n’est parfaitement non-violent : c’est toujours une question de degré. Dans l’ordre Coréen de la nonne Jeong Kwan, la viande est bannie pour les moines mais tolérée pour les laïcs, à condition de « tuer l’animal soi-même.

Pour le bouddhiste en général, être végétarien est un moyen de manifester sa compassion à l’égard des animaux. À la différence des hindous végétariens, la viande n’est pas pour lui « impure » en elle-même. De surcroît, de nombreux pratiquants bouddhistes achètent régulièrement des animaux destinés à être tués pour les libérer dans leur milieu naturel ou dans des lieux de refuge où ils sont bien traités. Au Tibet, les animaux dont on « rachète » ainsi la vie finissent tranquillement leurs jours avec le reste du troupeau. Ces pratiques sont encore courantes parmi les fidèles bouddhistes.

Les Règles de la Cuisine "Shojin Ryori"

Comme le rapporte Vogue, les moines bouddhistes en Asie de l'Est et du Sud-Est, suivent tous un régime alimentaire bien spécifique, nommé "shojin ryori", qui signifie la “nourriture pour l'élévation spirituelle” en japonais. Celui-ci accorde avant tout une grande importance à la pureté de l’âme et prend appui sur le précepte de Bouddha, selon lequel “garder le corps en bonne santé est un devoir”. La cuisine "shojin ryori" se veut ainsi la plus respectueuse possible de la nature, mais aussi des “créatures sensibles”, dont le Bouddha dénonçait la mise à mort dans le but de se nourrir.

Elle exclut donc tous les aliments vivants ou d’origine animale, l’idée étant plutôt d'”accepter ce que la nature offre au gré des saisons". Elle s’organise surtout en cinq grands principes visant à transformer complétement sa façon de manger.

La première règle, consiste tout d’abord en une combinaison de cinq saveurs à chaque repas. Les assiettes doivent donc toujours être composées d'éléments acides, amers, sucrés, piquants et salés. Il est ensuite question d’une combinaison de cinq couleurs, à savoir le vert, le rouge, le jaune, le blanc et le noir qui doit être également de tous les menus. Cinq modes de préparation culinaire sont à privilégier : la cuisson à l'eau, la cuisson sur le gril ou dans la poêle, la cuisson à la vapeur, les préparations crues ou fermentées, et la friture.

Tous les produits carnés sont à proscrire absolument. La personne qui cuisine se doit d’adopter trois états esprits différents : "l'esprit joyeux" : être reconnaissant de pouvoir préparer le repas lui-même "l'esprit nourricier" : cuisiner avec compassion, en s'adaptant aux besoins de ses convives "l'esprit magnanime" : tout préparer avec rigueur, en traitant chaque produit avec soin.

Outre cette inclinaison végétalienne, la cuisine “shojin ryori” suit également la règle des 5, que voici : l’abstention des cinq plantes à la saveur âcre : il s'agit d'éviter l'ail, l'oignon, la ciboule, l'ail tubéreux et l'oignon de Chine.

Avantages et Inconvénients du Régime Alimentaire Bouddhiste

Le régime bouddhiste est principalement basé sur la consommation de végétaux. Le régime végétal est riche en fruits, légumes, noix, graines, céréales complètes, légumineuses et haricots, mais peut également contenir certains produits d’origine animale. Ce régime alimentaire sain fournit des composés importants tels que des antioxydants, des substances phytochimiques, des vitamines, des minéraux et des fibres, qui sont associés à une réduction du risque de maladie cardiaque, de diabète et prévient certains types de cancer.

Outre ces bienfaits pour la santé, un régime végétalien ou végétarien peut également avoir un effet bénéfique sur le poids et notamment sur la masse graisseuse. Une étude a montré que les bouddhistes qui ont suivi un régime végétarien pendant 11 à 34 ans avaient moins de graisse corporelle que ceux qui l’ont suivi pendant 5 à 10 ans, et encore moins que ceux qui l’ont suivi pendant 3 à 4 ans.

Un régime végétarien qui limite la consommation de viande peut avoir certaines carences en nutriments s’il n’est pas correctement réalisé, même s’il permet la consommation d’œufs et de produits laitiers. Des études ont montré que les bouddhistes lacto-végétariens consommaient des calories similaires à celles des catholiques non-végétariens. Cependant, ils avaient un apport plus élevé en folate, en fibres et en vitamine A et consommaient moins de protéines et de fer. En conséquence, ils avaient des niveaux de fer et de vitamine B12 plus faibles.

Le Bouddhisme et l'Alimentation Moderne

De fait, nul observateur scrupuleux des xxe et xxie siècles ne saurait cependant réduire le crédit idéologique des traditions de l’Extrême-Orient et en particulier du bouddhisme dans l’adoption de cette pratique diététique : il est clair, pour nombre de ses nouveaux adeptes, que le végétarisme se justifie en des termes qui font directement référence à l’Asie, à ses traditions religieuses, aux représentations du corps et de la nature qui se profilent en filigrane de ces choix. Une alimentation « saine » et « respectueuse de l’environnement », sont les deux principaux motifs d’adoption d’une diète végétarienne.

Il faut donc distinguer entre un végétarisme bouddhique (en lignée directe avec les règles et prescriptions de l’ascétisme monastique du bouddhisme) et un végétarisme d’inspiration bouddhiste (plus ou moins influencé par des principes diététiques qui peuvent n’être que des interprétations occidentalisées et modernisées) mais sans pour autant considérer que l’un serait plus authentique que l’autre. Les deux types se mêlent actuellement tellement dans l’ordre du discours qu’il est bien difficile de les distinguer.

C’est ainsi que le Dalaï-Lama et les autres leaders des grandes organisations bouddhistes qui ont profité des nouvelles configurations géopolitiques de la mondialisation pour s’étendre à l’échelle de la planète (les réseaux tibétains, zen et vipassana) invitent leurs adeptes, et au-delà, les admirateurs de la tradition du Bouddha, à changer leur régime alimentaire… dans le cadre d’une conscience écologique moderne visant à réduire la production de polluants associés à l’industrie alimentaire.

Pour être en meilleure santé, mais aussi pour perdre du poids, il apparaît souvent nécessaire de réapprendre à mieux manger. En matière d’alimentation, on ferait parfois bien de s’inspirer des habitudes alimentaires d’autres cultures. La cuisine bouddhiste par exemple se révèlerait particulièrement vertueuse pour le bien-être mental et physique.

Tableau Récapitulatif des Principes Alimentaires Bouddhistes

Principe Description
Végétarisme Éviter de consommer des animaux pour respecter le principe de non-violence.
Modération Manger uniquement ce qui est nécessaire pour maintenir le corps en bonne santé.
Conscience Écologique Choisir des aliments respectueux de l'environnement et réduire la production de polluants.
Shojin Ryori Cuisine des moines bouddhistes basée sur des aliments végétaux, locaux et de saison.
Règle des 5 Combiner cinq saveurs, cinq couleurs et cinq modes de préparation dans chaque repas.

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