L’allergie aux fruits de mer touche une partie importante de la population mondiale et la France n'est pas épargnée par ce phénomène. En France, 4% de la population s'est vu diagnostiquer une allergie aux fruits de mer.
Description de l'Allergie Alimentaire
On désigne sous le nom de réaction adverse aux aliments l’ensemble des réactions aux aliments ou aux additifs alimentaires dont le mécanisme est soit une intolérance (cas le plus fréquent), soit une véritable allergie. L’allergie alimentaire constitue une préoccupation importante en allergologie du fait de l’augmentation de son incidence cette dernière décennie et des nombreuses controverses nées de la confusion entre une allergie vraie et une intolérance alimentaire.
Il est important de distinguer deux entités bien distinctes :
- L’allergie alimentaire définie comme l’ensemble des manifestations cliniques digestives et extra-digestives aigues ou chroniques liées à une réponse immuno-allergique contre des allergènes alimentaires.
- L’intolérance alimentaire (pseudo-allergie ou fausse allergie alimentaire) qui correspond aux symptômes prenant l’apparence d’une réaction allergique et consécutifs à l’ingestion d’un aliment, indépendamment de la mise en jeu d’une réaction immunologique vraie et en relation le plus souvent avec un mécanisme non spécifique d’allure histaminique.
A la différence de l’intolérance, la réaction allergique fait suite à une sensibilisation préalable par l’allergène et ne peut donc survenir qu’au second contact avec celui-ci. Elle est plus fréquente en cas de terrain atopique défini comme l’aptitude du système immunitaire à produire des quantités excessives d’immunoglobulines d’isotype E (IgE) en réponse à des stimulations allergéniques. L’atopie se manifeste le plus souvent par une rhinite, une conjonctivite voire un asthme.
La prévalence de l’allergie alimentaire médiée par les immunoglobulines E est estimée entre 6-8 % chez l’enfant de moins de 2 ans et à 1,5 % chez l’adulte aux Etats-Unis et entre 1,4 et 3,8 % tous âges confondus en Europe. En France, la prévalence de l’allergie alimentaire est estimée entre 2,1 et 3,8 %.
Le caractère héréditaire de l’allergie comme celui de l’atopie est bien établi avec l’identification d’un certain nombre de gènes contrôlant la réponse à IgE. Ainsi, le risque de développer une allergie alimentaire atteint 5 à 15 % lorsqu’aucun des parents, ni aucun membre de la fratrie n’a d’allergie tandis que ce risque peut atteindre 20-40 % ou 40-60% lorsqu’un ou les deux parents respectivement ont des antécédents d’atopie.
Parmi les réactions aux aliments, seule l’allergie vraie implique un mécanisme immunologique caractérisé par une rupture de la tolérance orale avec une réponse excessive de l’immunité cellulaire et humorale à un antigène donné. La pseudo-allergie ou intolérance alimentaire a quant à elle une origine qui peut être pharmacologique, toxique ou métabolique.
L’allergie alimentaire résulte d’une absence, d’un retard ou d’une rupture de la tolérance orale qui correspond à un phénomène physiologique de non-réponse immunitaire vis-à-vis d’un antigène administré par voie orale alors que ces antigènes peuvent entraîner une réaction immunitaire s’ils sont introduits par une autre voie. L’immunité cellulaire et humorale sont toutes deux impliquées dans l’allergie alimentaire.
Ainsi, en réponse à la reconnaissance d’un allergène présenté par les cellules présentatrices d’antigène, les lymphocytes T auxiliaires Th2 s’activent et produisent des cytokines (IL-4 et IL-5), caractéristiques d’un terrain allergique. Ces cytokines favorisent la production d’IgE, la maturation des polynucléaires éosinophiles et le recrutement dans les tissus des mastocytes qui jouent un rôle clé dans la réponse allergique.
L’allergie alimentaire se divise en réactions immunitaires IgE dépendantes (la plus étudiée et la plus fréquente) et en réactions non-IgE dépendantes moins bien connues. A la différence de l’allergie alimentaire, l’intolérance alimentaire regroupe des entités cliniques variées dont l’origine peut être enzymatique, pharmacologique ou liée à des aliments riches en amines vaso-actives.
A la différence de l’intolérance, l’allergie alimentaire requiert un premier contact avec l’antigène (appelé phase de sensibilisation) avant le déclenchement de la réaction allergique. Cette étape préalable est indispensable. Lors de la phase de sensibilisation, les IgE spécifiques de l’antigène vont se fixer sur leurs récepteurs à haute affinité FceRI exprimés à la surface des polynucléaires basophiles et des mastocytes dans les muqueuses du tube digestif, des bronches et des voies aériennes et dans la peau. Cette phase de sensibilisation est asymptomatique et dure 10-15 jours chez l’homme.
Cette sensibilisation préalable conduit au déclenchement de la réaction allergique IgE-dépendante en cas de nouvelle exposition à l’antigène. Celle-ci est initiée par la libération rapide et massive par exocytose de médiateurs solubles soit pré-formés comme l’histamine, la sérotonine, certaines protéases ou la tryptase contenus des granules intracytoplasmiques à l’origine des manifestations immédiates de l’allergie, soit néo-formés comme les médiateurs lipidiques (prostaglandines, leucotriènes, thromboxanes), les cytokines ou les kinines qui participent aux manifestations tardives de la réaction allergique et au recrutement secondaire de cellules inflammatoires sur le site de la réaction allergique.
Tous ces médiateurs solubles augmentent la perméabilité intestinale qui va favoriser une polysensibilisation alimentaire fréquente chez ces patients. Néanmoins, l’activation des mastocytes peut survenir, indépendamment d’une réaction immunologique, en cas de stimulation par exemple d’un certain nombre de récepteurs exprimés à leur surface. Cette activation du mastocyte non spécifique d’antigène s’accompagne, comme dans la réaction allergique, de la libération de médiateurs solubles à l’origine d’une augmentation de la perméabilité vasculaire responsable d’œdèmes, d’une contraction du muscle lisse responsable d’une bronchoconstriction et d’une accélération du transit intestinal et de la survenue d’urticaire.
Tandis que les manifestations cliniques de l’intolérance alimentaire vont survenir de façon aléatoire et imprévisible, celles de l’allergie alimentaire seront systématiques à chaque exposition avec l’allergène chez un patient préalablement sensibilisé, quel que soit la dose d’allergène ingéré. Même si les réactions d’intolérance alimentaire peuvent parfois être sévères (réactions anaphylactoïdes, oedèmes de Quincke), elles n’engagent pas le plus souvent le pronostic vital à la différence des réactions allergiques graves qui peuvent être léthales.
La nature des aliments en cause dans l’allergie alimentaire est variable en fonction de l’âge et des habitudes alimentaires. L’immunogénicité des aliments dépend notamment de leur préparation culinaire (épluchage, cuisson), de leur mode de conservation et de leur digestion sous l’effet d’enzymes digestives. Tous ces paramètres peuvent être à l’origine de modifications des aliments démasquant certains antigènes immuno-réactifs et rendant ainsi un aliment immunogène.
Symptômes de l'Allergie aux Crevettes
L’allergie alimentaire IgE dépendante se manifeste par un tableau clinique varié associant des symptômes majeurs, mineurs ou inhabituels. Une des caractéristiques clés est leur survenue dans la majorité des cas de quelques minutes jusqu’à 4 heures après l’exposition à un allergène. Plus rarement, le délai d’apparition des manifestations est retardé de plusieurs heures rendant plus difficiles l’identification de l’allergène en cause.
L’expression clinique de l’allergie alimentaire est variable en fonction de l’âge. Ainsi, tandis que les manifestations cutanées (urticaire aigue, dermatite atopique) ou digestives (coliques du nourrisson) prédominent au cours de l’allergie aux protéines du lait, les manifestations cutanéo-muqueuses, digestives et broncho-pulmonaires prédominent à l’âge adulte. De même certaines allergies alimentaires comme celles aux protéines du lait de vache disparaissent dans la majorité des cas après 18 mois tandis que d’autres vont persister toute la vie (arachide, noix).
Les manifestations systémiques sous forme de choc anaphylactique sont les formes cliniques les plus graves et se caractérisent par la rapidité de survenue des symptômes, leur vitesse de progression et l’atteinte simultanée de plusieurs organes : prurit suivi d’une urticaire généralisée, angio-œdème, difficultés respiratoires (avec spasme laryngé et/ou asthme), douleurs abdominales, vomissements, hypotension artérielle, troubles de conscience voire choc puis coma. En France, on estime à 250 le nombre de cas annuel de chocs anaphylactiques sévères liés à une allergie alimentaire. Ces réactions sévères sont imprévisibles et peuvent parfois débuter par une réaction locale (prurit localisé des extrémités, syndrome oral, troubles digestifs) qui se généralise secondairement mais peut aussi débuter d’emblée par un collapsus.
Les manifestations cutanées et muqueuses sous forme d’urticaire aiguë ou chronique, localisées ou diffuses associées ou non à un angio-œdème sont les plus fréquemment observées au cours d’une allergie alimentaire (présentes dans ≈ 70 % des cas). Ces manifestations cutanéo-muqueuses sont isolées dans près de la moitié des cas ou combinées à d’autres manifestations cliniques comme des manifestations broncho-pulmonaires, gastro-intestinales ou des symptômes touchant la sphère oro-pharyngée.
Les manifestations respiratoires sont de gravité variable allant de la simple crise d’asthme au bronchospasme sévère réfractaire aux traitements classiques. Celles-ci peuvent être déclenchées par la simple inhalation de protéines alimentaires (vapeur de cuisson de poissons ou crustacés). De même certains patients allergiques aux plumes d’oiseau peuvent présenter des accidents respiratoires à l’ingestion d’œuf réalisant le classique syndrome « œuf-oiseau ».
Dans certains cas, l’allergie alimentaire s’exprime sur la sphère oro-pharyngée sous forme d’une aphtose buccale, une rhino-conjonctivite voire un œdème laryngé de Quincke dans les cas les plus sévères. Le syndrome oral dit « de Lessof » se manifeste par un prurit des lèvres et de la bouche, un œdème ou une urticaire labiales et une sensation de picotement vélo-palatin, voire une striction pharyngée. Ces manifestations typiques surviennent très souvent lors de réactions allergiques croisées entre des pneumallergènes (pollens du bouleau par exemple) et des fruits ou des légumes. Elles apparaissent très rapidement après un simple contact ou après l’ingestion des fruits ou légumes crus en cause.
Parmi les allergènes les plus fréquemment incriminés, on retrouve le céleri, les pommes, pêches, abricots, cerises et tomates. Les manifestations gastro-intestinales sont aussi fréquentes dans l’allergie alimentaire (≈ 50 % des cas) le plus souvent associées à d’autres symptômes notamment respiratoires ou cutanéo-muqueux. Dans deux tiers des cas, les symptômes digestifs de l’allergie se manifestent par des douleurs abdominales et dans un tiers des cas par de la diarrhée. La séméiologie digestive de l’allergie alimentaire n’est pas spécifique et ressemble souvent à celle des troubles fonctionnels digestifs.
Diagnostic de l'Allergie aux Crevettes
De même, les manifestations cliniques de l’intolérance alimentaire sont semblables à celles observées avec l’allergie alimentaire. Il n’est donc pas possible sur les seules manifestations cliniques de distinguer ces 2 entités et même certaines formes sévères d’intolérance alimentaire (dites réactions anaphylactoïdes) peuvent mimer un choc anaphylactique.
Le diagnostic d’allergie alimentaire est difficile et nécessite une démarche diagnostique rigoureuse visant à rassembler un faisceau d’éléments cliniques et biologiques évocateurs grâce à un interrogatoire minutieux et la mise en évidence d’une sensibilisation à un ou plusieurs allergènes alimentaires en rapport avec une histoire clinique compatible. Ces éléments conduiront alors à la réalisation d’un test de provocation orale. La positivité d’un test de provocation orale à un trophallergène chez un patient atopique ayant une sensibilisation à cet allergène et dont l’histoire clinique est évocatrice conduit alors à une quasi-certitude diagnostique.
L’étape clinique avec l’interrogatoire est fondamentale. Elle permet de rechercher une atopie et des antécédents allergiques personnels et familiaux afin d’identifier les patients à risques. L’histoire clinique et notamment la nature des symptômes, leur délai de survenue par rapport aux repas, leur fréquence, leur reproductibilité vis-à-vis d’un aliment, le contexte associé (prise concomitante de médicaments ou d’alcool, exercice physique).
Une bonne connaissance des allergies croisées qui correspondent aux manifestations allergiques dus à des allergènes différents sans pour autant qu’il y ait eu, au préalable un premier contact sensibilisant avec chacun de ces allergènes (par exemple dans les allergies alimentaires à la viande de porc et aux poils de chat ou aux plumes d’oiseau et à l’œuf) est utile si l’allergène n’apparaît pas d’emblée. De plus, la tenue d’un journal alimentaire ou enquête catégorielle précisant les aliments consommés et la nature et l’intensité des réactions allergiques associées sur une période de 1 à 2 semaines de régime normal peut s’avérer une aide précieuse pour identifier l’aliment responsable. Il permet de classer les aliments ingérés, leur caractéristique, la fréquence de consommation et peut aussi orienter vers une intolérance (consommation excessive d’aliments riches en histamine ou histamino-libérateurs).
Tous les aliments sont potentiellement allergéniques, mais certains ont un potentiel sensibilisant accru comme la cacahuète, le lait, l’œuf, le poisson, les noix ou les crustacés. Le risque de développer une allergie alimentaire dépend évidemment des habitudes alimentaires.
Traitement de l'Allergie aux Crevettes
Le traitement de l'allergie alimentaire est préventif et consiste à éviter de consommer tous les aliments à l’origine de réactions allergiques. Il s'agit d'un régime d'éviction des allergènes prescrit par le médecin au terme du bilan allergologique. Ce régime exclut les allergènes identifiés et tous les aliments les contenant. Une organisation particulière pour la préparation ou la prise des repas, à la maison, au travail ou à l’école est nécessaire. Dans les lieux où sont proposés des repas à consommer sur place ou à emporter, l’information concernant les allergènes est tenue à la disposition du consommateur, sous forme écrite, de façon lisible et visible.
Depuis janvier 2022, un premier traitement de l’allergie à l’arachide (Palforzia®) chez les patients de 4 à 17 ans, traitement pouvant être poursuivi après 18 ans, est remboursé. Ce traitement est à base de poudre de graines d’ Arachis hypogrea. Les prises sont réalisées par le patient à domicile selon un protocole personnalisé rédigé par l’allergologue. Des effets secondaires allergiques sont possibles, justifiant d’être particulièrement vigilant.
Il n’existe pas de traitement spécifique. Il n’y a pas non plus de désensibilisation possible, comme on le ferait avec les pollens ou la poussière. La meilleure solution consiste à éviter tout contact avec l’aliment responsable. En cas de réaction allergique modérée, la prise d’un antihistaminique voire de cortisone suffit. En cas de choc anaphylactique, il est urgent de pratiquer l’injection d’adrénaline (contenue dans un stylo auto-injecteur que l’allergique doit toujours avoir sur lui). Quoiqu’il en soit, en cas de doute, ne prenez pas de risque et consultez un allergologue.
Pour éviter les réactions allergiques, il faut éviter de consommer les aliments mis en cause. Il est donc important de lire avec attention les étiquettes des préparations culinaires afin d’éviter tout souci. Les cosmétiques contiennent souvent des huiles de poissons ou de l’huile de foie de morue. Les personnes sensibles doivent également éviter de consommer des produits provenant d’animaux nourris de farines de poissons (volaille, œufs, etc.).
En cas de manifestation allergique légère, le médecin prescrit un antihistaminique. Un médicament de type bronchodilatateur peut être également recommandé en cas de signes respiratoires peu importants de type asthme modéré. En cas de manifestations graves du syndrome allergique, vous devez contacter de toute urgence un service médical. Le traitement de la crise sévère allergique est l'injection d'adrénaline. La personne restera sous surveillance médicale pendant plusieurs heures. Un protocole d'urgence sera établi afin d'éviter la survenue d'une nouvelle crise pouvant être fatale. Un stylo auto-injecteur d'adrénaline devrait être constamment à portée de main. Il sera à utiliser dès l'apparition de nouveaux symptômes allergiques.
Allergies Croisées
Dans le cas de l'allergie aux crevettes, la personne peut présenter une sensibilité aux autres crustacés (langouste, homard, crabe, par exemple). L'allergie croisée avec les autres fruits de mer et le poisson n'est pas systématique. Un risque d'allergie croisée existe également entre les crevettes, les acariens et les escargots.
Certaines personnes souffrent d’allergies croisées - par exemple, si vous êtes allergique au pollen, vous pouvez également réagir à un aliment contenant des allergènes similaires. Dans le cas des allergies alimentaires, cela peut signifier que si vous êtes allergique au pollen de bouleau, vous pouvez également réagir aux noix ou aux fruits comme les pommes et les prunes, ou aux fruits comme les bananes et les kiwis. Si vous êtes allergique à l’armoise, vous pouvez être plus sensible au céleri, aux carottes, à l’ail, aux poivrons ou au persil.
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