Aliments Mercier à Beaulieu-sous-la-Roche : Une Histoire de Famille et d'Innovation Bio

À l’écart des grands axes, Beaulieu-sous-la-Roche se découvre au détour d’une route sinueuse et ombragée, au cœur de la vallée du Jaunay. Entre bocage et océan, à vingt minutes de La Roche-sur-Yon, la commune d’environ 2 200 habitants surplombe la rivière, depuis l’éperon granitique qui a inspiré son suffixe, « sous-la-Roche ».

Et la beauté des paysages n’est pas pour rien dans la dénomination du village, Beaulieu, dérivé de Bello Loco, « le plus ancien nom que l’on connaisse pour notre commune », relate l’auteur Guy Perraudeau, décédé en 2013, dans un ouvrage qui lui est consacré (1).

Une Affaire de Famille Ancrée dans l'Histoire Locale

A Beaulieu-sous-la-Roche, les Aliments Mercier, c'est d'abord une affaire de famille. Elle a commencé avec le moulin de l'arrière-grand-père, Baptiste Arnaud, puis survécu à la crise des années 30.

1878 : Construction du moulin à vent, activité de meunerie. Baptiste ARNAUD, issu d’une famille de meuniers établie à la Richardière de Landeronde, installe son moulin plus moderne sur une hauteur de la commune de Beaulieu au lieu-dit « Le grand moulin ». Il est proche du bourg et sur un axe de circulation important.

Le moulin de la famille n’avait qu’une paire de meules, le nouveau en aura 3, augmentant ainsi son débit de fabrication. Le procédé technique du moulin à vent, très innovant pour l’époque, est récompensé à l’exposition universelle d’un verre à l’effigie du moulin. Ce système de rotation et de réglage du chapeau augmente la mise au vent à la place de la perche habituelle utilisée pour tourner le chapeau.

Par la suite, M. Arnaud édifiera un bâtiment d’un étage à la minoterie, avec une machine à vapeur. La fille ainée des 5 enfants de Baptiste ARNAUD, Emma, s’installe avec son mari boulanger à Beaulieu-sous-la-Roche. A la mort accidentelle de leur père par un coup de pied de son cheval, les 5 enfants survivants travaillent ensemble à la boulangerie.

La crise financière de 1929 amène les frères à fermer définitivement la minoterie et à se séparer. Raoul s’établit en tant que boulanger à Arcachon. Il reviendra à Beaulieu, en tant que distributeur de matières premières et de matériel de boulangerie quelques années plus tard.

Un Tournant vers l'Alimentation Animale et le Bio

Dans les années 60, l'entreprise prend un nouveau virage et se lance dans la fabrication d'aliments pour bétail. Le fils cadet de Raoul, Jean Jacques MERCIER est dès l’adolescence nostalgique de l’ancien moulin de sa famille. Après avoir arrêté ses études le brevet en poche, il convainc son père de relancer l’activité du moulin en orientant son fonctionnement vers l’alimentation animale qui débute à l’époque.

« J'ai d'abord commencé par les labels, puis je suis passé aux produits biologiques », se souvient Jean-Jacques Mercier. A l'époque, c'était un précurseur. Aujourd'hui, c'est un marché qui a le vent en poupe.

M. Mercier se rend à Paris pour créer ses formules, puis régulièrement pour les faire évoluer, grâce à un calculateur analogique. Poulets noirs, pintades et canards, les volailles du marais breton sont majoritairement destinataires de ces aliments. Dans un premier temps, le moulin ne les produit qu’en farine, et sous-traite leur granulation en Charentes-Maritimes.

Par la suite, l’usine s’équipe d’une presse de 30 chevaux, puis de 60 chevaux, puis d’une seconde presse. L’entreprise veut se démarquer de la concurrence en s’orientant vers les produits de qualité supérieure et les produits de niche. Ainsi elle devient pionnière dans l’ouest de la France dans la production de volailles bio avec la méthode Lemaire-Boucher* et en partenariat avec le volailler Menuet Lagardère, à La Roche-sur-Yon.

Par la suite, la société FRESLON rachètera Menuet Lagardère et développera l’activité Volailles Bio.

* La méthode Lemaire-Boucher : Etudiée, conçue et mise au point pour la réalisation d’une agriculture n’utilisant ni engrais ni produits chimiques de synthèse.

  1. en ameublissant profondément le sol sans retournement car le renversement des couches du sol par les charrues est défavorable à la flore microbienne aérobie et anaérobie. Ainsi, le labour classique est remplacé par un ameublissement sans retournement, effectué par un appareil appelé "Fouilleuse".
  2. en compostant la fumure organique, qui provoque une très vive fermentation chaude de la matière organique brute et aboutit à l’obtention d’une matière assainie de haute valeur fertilisante.
  3. en associant les végétaux, par des rotations de culture et en laissant une très large place aux légumineuses. Celles-ci créent un climat favorable en protégeant les insectes utiles, luttant contre les mauvaises herbes, humidifiant la matière végétale mure et en formant des hormones de croissance.
  4. en ajoutant du Lithothamne des Glénans, algue riche en Calcium, Magnésium et Oligo-éléments. Pêchée vivante et micro-pulvérisée pour ne pas la brûler, elle se révèle un activateur bio-catalytique doué d’un pouvoir antiviral puissant. Son action rééquilibrante permet aux plantes et aux animaux d’élevage de retrouver santé, résistance et fécondité.

La création d’un cahier des charges européen de la production d’aliments biologiques l’année précédente incite Les établissements Mercier à certifier leur activité bio auprès d’Ecocert.

Une Production 100% Bio et des Objectifs Ambitieux

Située à Beaulieu-sous-la-Roche, la minoterie a converti l'ensemble de ses produits au bio. « On est la seule usine 100 % bio du Sud-Loire.

L'entreprise fabrique les « repas » des poulets, porcs et autres moutons...

« Bien nourrir l'animal, pour mieux nourrir l'homme. » Cet adage, Jean-Jacques Mercier en fait sa devise. Depuis une quarantaine d'années, l'entreprise Mercier a développé des aliments bio.

Aujourd'hui, son savoir-faire est reconnu. Son esprit novateur aussi. Ça n'a pas toujours été le cas. « À l'époque, nous sommes passés pour des fous, voire des illuminés », sourit Geneviève Mercier. Jean-Jacques, lui, se souvient d'avoir joué aux « apprentis sorciers ».

« Je me suis replongé dans des bouquins pour trouver certains végétaux afin de faire évoluer nos formules (1), de maîtriser la croissance et la qualité des volailles. » Car bio ou pas, les aliments doivent aussi être bons sur le plan gustatif. « Les animaux sont, eux aussi, très exigeants.

Aujourd'hui, l'augmentation du nombre d'élevages bio tire sa production. Suffisamment pour permettre à Mercier de franchir un nouveau cap.

La minoterie Mercier a produit, en 2011, près de 14 500 tonnes d'aliments et elle souhaite atteindre les 20 000 tonnes en 2012. Des travaux sont à venir. « Sachant que le stockage demande davantage de ventilation pour une meilleure conservation, explique Jean-François Sauvêtre, directeur industriel. 70 % de nos aliments sont destinés aux volailles.

Parmi leurs objectifs, l'augmentation et la diversification des matières premières. Actuellement, environ 50 % de leurs céréales sont cultivées localement (les pois fourragers, la féverole)... Ils privilégient les productions bios de l'ouest et des Pays de la Loire. Seul petit bémol à son goût, le manque de semences bios et la faible production de soja bio en France, qui est pourtant un élément important dans les formules...

Assurer un débouché durable au groupe d’éleveurs engagés à ses côtés est le souhait permanent des établissements Mercier. Ainsi, lorsque l’entreprise FRESLON rachète l’abattoir PAGOT à St Jean de Monts, avec un fort potentiel de développement, ils accompagnent cet investissement.

Les investissements, marque du groupe Nutriciab, facilitent le passage de l’usine à la fabrication d’aliment exclusivement BIO. L’usine est ainsi complètement sécurisée et sa traçabilité simplifiée. Associée à un partenaire de longue date, la CAPL, l’entreprise reprend une ancienne huilerie et la modernise pour la trituration du tourteau de soja bio.

Nutriciab œuvre ainsi à la création d’une filière volaille bio pour les éleveurs et les entreprises qui les accompagnent : approvisionnements en tourteau de soja bio d’Aliments Mercier, lui-même fournisseur de VBO, Volailles bio de l’ouest, groupement d’éleveurs de volailles. Les volailles sont ensuite abattues chez Freslon, abattoir vendéen qui fait partie du groupe depuis 2010. La filière est ainsi achevée sécurisant les débouchés des éleveurs et la qualité des produits bio.

Les investissements se poursuivent dans l’usine par l’augmentation des cellules de produits finis. Ces investissements ne se font pas au hasard, ils sont la preuve de la bonne santé de la société, de sa volonté de progression et d’amélioration de sa traçabilité.

Le challenge de l'entreprise pour les cinq prochaines années est de gagner des parts de marché en dehors de la région.

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