Aliments à éviter sous anticoagulants : Guide complet

Faut-il éviter de manger certains aliments quand on prend un traitement anticoagulant ? Destinés à empêcher la formation de caillots sanguins et à avoir un sang plus clair, ils peuvent être prescrits pour prévenir la thrombose après une crise cardiaque ou un AVC (pour éviter une récidive), en cas de phlébite, à la suite d'une intervention chirurgicale et chez des patients avec une valvule cardiaque artificielle, ou atteints de fibrillation auriculaire ou d'une cardiomyopathie.

Le traitement varie en fonction de l'indication et peut prendre différentes formes. Certains (les héparines et leurs dérivés) sont délivrés par voie injectable. Parmi les anticoagulants par voie orale, on distingue les antagonistes de la vitamine K ou antivitamines K (AVK) - utilisés en cas de fibrillation auriculaire valvulaire ou non valvulaire - et les anticoagulants oraux directs (AOD) ou nouveaux anticoagulants oraux (NACO), les anticoagulants les plus récents utilisés en cas de fibrillation auriculaire non valvulaire.

Anticoagulants et alimentation : quels sont les aliments Ă  risque ?

Les anticoagulants sont des médicaments essentiels pour prévenir la formation de caillots sanguins et réduire le risque d'accidents cardiovasculaires. Si vous prenez des anticoagulants, il est important de prêter attention à votre alimentation, car certains aliments peuvent interférer avec leur efficacité. Une alimentation équilibrée reste cruciale, mais certains ajustements peuvent être nécessaires pour éviter des interactions indésirables.

1. Le rĂ´le de la vitamine K

La vitamine K joue un rôle clé dans la coagulation sanguine. Les anticoagulants comme la warfarine agissent en inhibant cette vitamine pour réduire la formation de caillots. Consommer des aliments riches en vitamine K peut donc contrecarrer l’effet de ces médicaments.

2. Aliments riches en vitamine K

Certains aliments riches en vitamine K sont de nature à modifier l’activité des AVK et à faire varier l’INR (International Normalized Ratio) qui est un indicateur de la coagulation sanguine. Selon les recommandations de l’ANSM, la consommation de ces aliments n’est pas interdite mais ils doivent être répartis régulièrement dans l’alimentation et consommés sans excès.

Les aliments les plus riches en vitamine K (3 g/100g) sont le chou, la choucroute, le chou-fleur, les épinards, les brocolis et le persil. Les personnes prenant un antagoniste de la vitamine K doivent donc éviter d’en consommer en grande quantité ou plusieurs jours de suite, et seulement ponctuellement.

D’autres aliments sont également riches en vitamine K : tomates, carottes, salade, foie de veau ou de porc, huile de tournesol, mûres, fraises, pêches, haricots verts ou blancs, asperges, champignons.

2.1. Les légumes verts à feuilles

Les légumes verts sont parmi les sources les plus concentrées en vitamine K.

  • Épinards, chou frisĂ©, brocoli : Ces lĂ©gumes sont particulièrement riches en vitamine K. Il ne faut pas nĂ©cessairement les Ă©liminer, mais les consommer en quantitĂ© stable pour Ă©viter des variations qui pourraient perturber votre traitement.
  • Persil, laitue, chou de Bruxelles : MĂŞme consommĂ©s en petite quantitĂ©, ces aliments peuvent influencer les niveaux de vitamine K dans votre organisme.

2.2. Les huiles végétales

Certaines huiles, comme l’huile de soja ou l’huile de colza, contiennent également de la vitamine K. Si elles sont utilisées en excès, elles peuvent interférer avec votre traitement.

2.3. Les herbes et suppléments à base de plantes

Certaines herbes comme la coriandre, le basilic ou le thé vert concentré en supplément peuvent contenir de la vitamine K.

3. Aliments ayant un effet anticoagulant naturel

3.1. Les aliments riches en oméga-3

Les oméga-3 présents dans les poissons gras (saumon, maquereau, sardines) et les graines (lin, chia) ont un effet anticoagulant naturel. En excès, ils peuvent augmenter le risque de saignement lorsqu’ils sont combinés avec des anticoagulants.

3.2. L’ail et le gingembre

Ces deux aliments, souvent recommandés pour leur bienfait sur le système cardiovasculaire, possèdent également des propriétés anticoagulantes naturelles. Consommés en grande quantité, ils peuvent amplifier l’effet des anticoagulants.

4. Boissons Ă  surveiller

4.1. L’alcool

L’alcool peut affecter le métabolisme des anticoagulants, augmentant leur effet et donc le risque de saignement. Limitez votre consommation d’alcool à un niveau modéré, voire évitez-le totalement en cas de prescription stricte.

4.2. Le thé vert

Bien que sain, le thé vert contient de la vitamine K, ce qui peut interférer avec les anticoagulants. Si vous en consommez régulièrement, maintenez une quantité stable pour éviter les fluctuations.

5. Autres recommandations

5.1. Les aliments industriels riches en sel

Le sel en excès peut aggraver les problèmes cardiovasculaires et interférer indirectement avec votre traitement anticoagulant. Limitez la consommation de plats préparés, de snacks salés ou de conserves.

Conseils pratiques

1. Maintenez une alimentation équilibrée et stable

Il n’est pas nécessaire d’éliminer complètement les aliments riches en vitamine K, mais il est crucial de maintenir une consommation stable pour éviter les variations qui pourraient perturber votre traitement.

2. Informez votre médecin de vos habitudes alimentaires

Si vous introduisez ou modifiez certains aliments dans votre alimentation, consultez votre médecin ou votre pharmacien pour ajuster votre dosage d’anticoagulants si nécessaire.

3. Évitez les compléments alimentaires non prescrits

Certains compléments à base de plantes ou de vitamines peuvent interagir avec vos anticoagulants.

Que faire en cas de doute ou de problème ?

1. En cas de doute sur un aliment

Si vous avez des questions sur l’impact d’un aliment ou d’une boisson sur votre traitement, demandez conseil à votre médecin ou à un diététicien.

2. En cas de symptĂ´mes inhabituels

Des symptômes tels que des saignements prolongés, des ecchymoses fréquentes ou une fatigue excessive nécessitent une consultation médicale immédiate.

3. Pour un suivi régulier

Un suivi médical régulier permet d’ajuster votre traitement et de surveiller vos niveaux de coagulation (INR) pour garantir son efficacité.

Anticoagulants : précautions supplémentaires

La liste est longue et il ne faut jamais en prendre sans consulter son médecin. Les anticoagulants (ou antithrombotiques) de la famille des antivitamines K (AVK) interagissent avec de très nombreuses substances, en augmentant le risque d’hémorragie ou de caillots (thrombose). Il est indispensable de ne JAMAIS prendre un médicament ou un complément alimentaire sans en parler à son médecin.

Ces précautions s’appliquent aux compléments alimentaires, aux produits à base de plantes (voir thèse de pharmacie dans les sources pour une liste complète) ou aux huiles essentielles. De nombreux ingrédients contenus dans ces produits peuvent augmenter le risque d’hémorragie : acides gras oméga-3 (huiles de poisson, par exemple), ail, curcuma, gingembre, ginkgo, ginseng, éleuthérocoque, kava, fève tonka, saule blanc, etc.

Les médicaments et compléments alimentaires contenant du millepertuis sont également contre-indiqués car ils diminuent l’effet anticoagulant et exposent à un risque de thrombose. Par mesure de sécurité, l’usage de ce type de produit doit s’accompagner d’une mesure de l’INR (International Normalized Ratio, un paramètre qui reflète précisément la fluidité du sang) du patient trois ou quatre jours après le début du traitement pour s’assurer que ce nouveau médicament n’a pas déséquilibré le traitement anticoagulant.

Concernant les aliments, il est recommandé de ne pas consommer en trop forte quantité des aliments à teneur élevée en vitamine K, ou de ne pas les consommer deux jours de suite. Il ne s'agit pas d'interdire certains aliments, mais de connaître les aliments riches en vitamine K dont la variation de consommation fait varier les apports en vitamine K.

Que faire en cas d'oubli ou de saignement ?

Si vous oubliez de prendre votre traitement anticoagulant oral (AVK), vous pouvez prendre la dose oubliée dans un délai de huit heures après l’heure habituelle de prise. Passé ce délai, mieux vaut sauter cette prise et de prendre la suivante à l’heure habituelle, le lendemain.

Signalez que vous prenez un traitement par AVK à tous les professionnels de santé que vous consultez (médecin, pharmacien, laboratoire d’analyses, infirmière, dentiste, kinésithérapeute, pédicure, etc.). Si vous présentez un saignement, contactez rapidement votre médecin ou allez aux urgences les plus proches.

Remplissez votre carnet de traitement à chaque prise de sang (résultat de l’INR, dose quotidienne effectivement prise depuis le précédent INR).

Tableau récapitulatif des aliments et leurs effets potentiels

Aliment Effet potentiel Recommandations
Légumes verts (épinards, brocolis, etc.) Riches en vitamine K, peuvent diminuer l'efficacité des AVK Consommation stable et modérée
Huiles végétales (soja, colza) Contiennent de la vitamine K Utilisation avec modération
Poissons gras (saumon, maquereau) Effet anticoagulant naturel (oméga-3) Consommation modérée
Ail et gingembre Propriétés anticoagulantes naturelles Consommation modérée
Alcool Peut augmenter l'effet des anticoagulants Limiter ou éviter
Thé vert Contient de la vitamine K Consommation stable

Focus sur Eliquis (apixaban)

Dans le paysage complexe des anticoagulants oraux, Eliquis (apixaban) se distingue par son mécanisme d'action ciblé et son profil d'efficacité et de sécurité pour les patients nécessitant une prévention des événements thromboemboliques. Eliquis appartient à la classe des anticoagulants oraux directs (AOD) qui agissent en inhibant spécifiquement le facteur X, une étape clé de la coagulation. La surveillance des patients sous Eliquis ne nécessite généralement pas de contrôles de coagulation de routine.

Le suivi médical des patients sous Eliquis et plus généralement sous anticoagulant est très important pour pouvoir identifier rapidement tout signe de saignement ou d'interaction médicamenteuse potentiellement dangereuse. Les patients sous Eliquis nécessite un suivi médical rigoureux, car ce suivi permet de s'assurer de l'efficacité du traitement tout en minimisant les risques de complications.

Lors de vos passages chez les patients sous anti-coagulants, vous devez être particulièrement attentives aux signes avant-coureurs de saignement, tels que des saignements prolongés, des ecchymoses inexpliquées ou des saignements des gencives. Cependant, votre rôle est également d’informer votre patient de ces risques afin qu’il puisse être vigilant.

L'alimentation joue un rôle important dans la gestion des patients sous Eliquis. Ces conseils, combinés à une communication ouverte avec les professionnels de santé, peuvent aider à optimiser le traitement par Eliquis tout en minimisant les risques.

Interactions médicamenteuses et adaptation au traitement

La compréhension et la gestion des interactions médicamenteuses sont cruciales pour les patients sous Eliquis. Les professionnels de santé doivent évaluer tous les médicaments pris par le patient pour identifier les interactions potentielles qui pourraient augmenter le risque de saignement ou affecter l'efficacité d'Eliquis.

L'adaptation au traitement anticoagulant avec Eliquis nécessite quelques ajustements dans le quotidien. Une communication ouverte et régulière avec les soignants est essentielle pour signaler tout effet secondaire, poser des questions et discuter des préoccupations. Durant ces débuts de traitement, votre patient peut être quelque peu perdu sur le style de vie qu’il doit adopter, outre l’alimentation. En tant qu’IDEL, vous êtes là pour assurer son bien-être en le conseillant et en le rassurant.

Lorsqu’un patient est sous anticoagulant, celui-ci doit porter une carte d'alerte médicale ou un bracelet indiquant qu'il prend un anticoagulant. Lorsque votre patient a un rendez-vous chez un spécialiste comme un chirurgien ou le dentiste, veillez à lui rappeler qu’il doit informer le praticien de sa prise d'Eliquis avant toute intervention.

À savoir : Un jeûne prolongé ou un abus d’alcool peuvent non pas réduire l’action du médicament mais au contraire majorer son action. Il existe donc une hausse du risque hémorragique.

Comme nous l’avons vu, aucun aliment n’est strictement déconseillé lorsqu’on prend un traitement anticoagulant. L’objectif est d’adopter une alimentation variée et équilibrée, qui en parallèle du traitement, est aussi un très bon moyen de prévenir la récidive de certaines pathologies. Ainsi on recommande de consommer chaque jour des fruits et des légumes mais aussi des viandes maigres, du poisson gras, des matières grasses végétales de bonne qualité et en quantité raisonnable (huile de colza, huile de noix, huile d’olive, margarine végétale etc.), des œufs, des légumineuses, des légumes secs.

Attention, la valeur de l’INR peut varier entre deux laboratoires d’analyses, en particulier dans des pays différents.

Les personnes qui prennent des traitements anticoagulants par voie orale (AVK) doivent faire attention à se protéger de tout ce qui peut provoquer un saignement : sports violents ou à risque de chute ou de coupure, bricolage, etc. Les personnes âgées, davantage à risque de chute, doivent prendre les mesures adéquates pour sécuriser leur domicile et prévenir les chutes. De plus, utilisez une brosse à dents souple (pour éviter de blesser vos gencives) et un rasoir électrique. Ne marchez pas pieds-nus et ne retirez pas vous-mêmes les cors ni les durillons de vos pieds.

L’utilisation des AVK est contre-indiquée pendant la grossesse et l’allaitement. Il existe d’autres types de traitement anticoagulant que le médecin peut prescrire en cas de besoin. En déplacement, pensez à emporter votre ordonnance, votre traitement en quantité suffisante, ainsi que votre carnet de suivi : certains AVK ne sont commercialisés qu’en France. En cas de voyage avec décalage horaire, demandez conseil à votre médecin pour ajuster vos horaires de prise.

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