Recommandations nutritionnelles pour la pancréatite aiguë

La prise en charge de la pancréatite aiguë (PA) fait l’objet de nombreux articles originaux, d’études randomisées parfois apparemment contradictoires, portant sur divers aspects thérapeutiques : équilibre hydroélectrolytique, antibiothérapie, drainage de la nécrose, nutrition artificielle, traitement de la cause notamment biliaire, etc.

La pancréatite est une inflammation du pancréas, une glande responsable de la production d’enzymes digestives et d’insuline. Une alimentation adaptée permet de prévenir les symptômes tout en limitant les carences alimentaires et la perte de poids.

Différencier la pancréatite aiguë de la pancréatite chronique

Il est important de distinguer la pancréatite aiguë de la pancréatite chronique. La pancréatite aiguë se caractérise par une inflammation soudaine et sévère du pancréas, résultant souvent de calculs biliaires ou d’un alcoolisme chronique. Elle se manifeste par des douleurs abdominales sévères, des nausées et des vomissements.

La pancréatite chronique se développe sur une période prolongée, généralement à la suite d’une inflammation récurrente du pancréas. Les crises douloureuses sont entrecoupées d’épisodes de rémission, mais provoquent petit à petit la destruction de la glande pancréatique. Elles surviennent souvent après un repas et sont à l’origine de douleurs abdominales persistantes, d’une perte de poids et des problèmes digestifs.

Rôle de l'alimentation

L’alimentation joue un rôle clé dans la gestion de la pancréatite chronique : certains aliments peuvent aggraver les symptômes et l’inflammation du pancréas tandis que d’autres la préviennent. Les consignes alimentaires sont les mêmes en cas de pancréatite aigüe et chronique, à moins que la pancréatite aigüe soit liée à une lithiase vésiculaire grave. Dans ce cas, elle nécessite une prise en charge hospitalière et la mise en place d’une alimentation entérale par sonde pendant quelques semaines.

Une alimentation adaptée est indispensable pour :

  • réduire la stimulation du pancréas et lui permettre de se reposer ;
  • soulager les symptômes en évitant les aliments susceptibles d’aggraver les douleurs, les nausées et les vomissements ;
  • prévenir les carences nutritionnelles, car la pancréatite chronique peut entraîner des difficultés d’absorption des nutriments, en particulier des graisses et des vitamines liposolubles comme les vitamines A, D, E et K ;
  • prévenir la perte de poids et les complications telles que le diabète ou les problèmes de digestion en réduisant la charge sur le pancréas et en favorisant une meilleure santé digestive.

Conseils généraux

En complément des conseils diététiques, il est conseillé de surveiller votre hygiène de vie, de pratiquer une activité physique régulière, de faire attention à votre sommeil, d'apprendre à gérer votre stress et d'arrêter de fumer.

En cas de pancréatite chronique, respectez absolument ces trois premiers conseils :

  • Mangez lentement et prenez le temps de bien mâcher les aliments pour ne pas trop solliciter le pancréas.
  • Fractionnez votre alimentation en misant par exemple sur trois petits repas principaux et deux à trois collations équilibrées par jour pour optimiser la digestion.
  • Évitez les restrictions alimentaires inutiles et adoptez une alimentation variée et équilibrée. En cas de doute, consultez un(e) spécialiste qui saura vous conseiller.

Le régime idéal

Le régime idéal pour faire face à la pancréatite chronique s’approche du régime méditerranéen :

  • misez sur des fruits et légumes frais riches en vitamines et en antioxydants ;
  • privilégiez les céréales complètes (avoine, quinoa, riz brun, orge, etc.) ;
  • n’oubliez pas les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges, etc.) ;
  • pensez aux protéines maigres (blanc de poulet, dinde, lapin, poissons maigres comme le lieu noir, le cabillaud, le colin, la sole, produits laitiers faibles en gras, sources végétales de protéines, etc.)
  • ne supprimez pas les graisses saines (avocats, poissons gras comme le saumon, les harengs, les maquereaux, graines, noix, etc.).

L’alimentation doit rester équilibrée : pas question d’éviter le gras. En revanche, opter pour des graisses saines et alternez les sources de d’oméga-3 et d’oméga-9. Et si vous tolérez les produits laitiers, choisissez des options faibles en matières grasses comme le lait demi-écrémé ou écrémé, les yaourts demi-écrémé voire écrémé, sucrés ou non et les fromages (dans la limite de 30 g par jour).

N'oubliez pas de prendre en compte votre tolérance individuelle pour ajuster progressivement votre alimentation. Ce qui fonctionne pour vous ne fonctionnera pas forcément pour une autre personne souffrant de pancréatite chronique.

Quels fruits et légumes ?

De manière générale, les fruits et les légumes ne sont que très peu digérés par le pancréas car ils contiennent essentiellement des fibres et de l’eau : deux nutriments qui ne sont pas digérables. Il est toutefois conseillé de continuer à manger des fruits et des légumes dans le cadre d'une alimentation variée ! Choisissez donc des fruits et des légumes de saison et cueillis à maturité pour augmenter vos apports en vitamines et minéraux. Selon les saisons, mieux vaut privilégier des légumes riches en vitamines comme les carottes, les courgettes, les patates douces, les potirons, les haricots verts, les poireaux, les asperges, les épinards, etc. Même son de cloche pour les fruits : choisissez des bananes, des pommes cuites, des poires mûres, des pêches, des nectarines, des prunes, etc.

Aliments à éviter

Il est préférable d'éviter certains aliments qui peuvent augmenter l’inflammation du pancréas et aggraver les symptômes :

  • Les aliments trop riches en matières grasses, tels que les aliments frits, les viandes grasses et les produits laitiers entiers, qui peuvent être difficiles à digérer.
  • Les aliments épicés tels que les piments forts, les sauces piquantes et autres condiments épicés, qui peuvent irriter le système digestif et augmenter l’inflammation du pancréas.
  • Les aliments riches en sucre ajouté, tels que les bonbons, les produits sucrés, les sodas et les boissons sucrées, qui peuvent entraîner des pics de glycémie et aggraver l’inflammation du pancréas.
  • Les viandes grasses et les viandes transformées, telles que le bacon et les charcuteries, qui peuvent être difficiles à digérer et aggraver l’inflammation du pancréas.
  • Les produits laitiers entiers, tels que le lait entier et les fromages (consommés en excès), qui peuvent être difficiles à digérer et peuvent aggraver les symptômes de la pancréatite.
  • Les matières grasses saturées, comme la crème fraiche entière, les huiles de coco ou de palme ou le beurre cuit.
  • La caféine, que l’on retrouve dans le café, dans le thé et dans certaines boissons énergisantes, qui peut stimuler la production d’acide gastrique et aggraver les symptômes de la pancréatite.

Si vous prenez des enzymes pancréatiques, faites attention à votre consommation de fibres, qui peuvent altérer leur action. Au risque de nous répéter, il s’agit de recommandations globales qui peuvent être adaptées en fonction de votre situation individuelle et des conseils de votre médecin ou de votre nutritionniste.

Boissons recommandées et à éviter

En cas de pancréatite aiguë ou chronique, mieux vaut privilégier des boissons non irritantes pour l’estomac et le pancréas, afin de ne pas aggraver l’inflammation.

Il est important de rester hydraté en buvant au moins 1,5 litre d’eau tout au long de la journée. Des bouillons légers et non gras peuvent aussi être intéressants pour l’hydratation, tout comme les tisanes à bases de plantes comme la camomille ou la menthe poivrée. Vous pouvez aussi opter pour des jus de fruits dilués avec de l’eau pour réduire leur acidité. Sans oublier les alternatives végétales au lait de vache ou de brebis, comme le lait d’amande ou de riz.

L’alcool est toxique pour le pancréas et fortement contre-indiqué après une crise de pancréatite aigüe ou lorsqu’on souffre de pancréatite chronique.

Prise en charge hospitalière

La prise en charge de la pancréatite aiguë nécessite une hospitalisation initiale pour surveillance, l’évolution étant imprévisible et les complications fréquentes (20%). Le patient est à jeun initialement avec réhydratation intraveineuse (Ringer).

Pour en savoir plus: la prise en charge de la pancréatite aiguë

  • Hospitalisation initiale
  • Réhydratation intraveineuse (Ringer)
  • À jeun initialement

Pancréatite légère: réalimentation orale précoce sous 24-48 heures (délai guidé par la faim) avec des aliments solides pauvres en graisses.

Pancréatite (modérément) sévère: nutrition entérale naso-gastrique.

Si nécrose pancréatique surinfectée: antibiothérapie.

TAG:

En savoir plus sur le sujet: