Alimentation et hépatite C : Guide complet pour protéger votre foie

Les hépatites sont des inflammations aigües ou chroniques du foie. Or, cet organe joue un rôle essentiel dans la digestion. Lorsqu’il est atteint par un virus, il convient de le protéger en adaptant son alimentation. Une alimentation équilibrée et adaptée peut aider le foie à mieux fonctionner et lui éviter un surcroît de travail. Le foie intervient directement dans les processus nutritionnels (transformation, détoxification, stockage du glucose et des vitamines liposolubles (A, D, E, K)).

Le rôle vital du foie et son impact sur la nutrition

Le foie est un organe essentiel à la vie. Il intervient dans un grand nombre d’activités de l’organisme directement liées à la nutrition. Le foie transforme les aliments en substances nécessaires à la vie, à la croissance et à leur utilisation par les autres organes. Il fabrique les éléments essentiels à une bonne coagulation du sang, ce qui permet d’éviter les hémorragies. Il stocke de l’énergie sous forme de glycogène et est capable de la mettre à la disposition de l’individu en quelques minutes, en cas d’effort intense et prolongé. Il capture, transforme et rend inoffensifs, avant de les éliminer, les toxiques contenus dans les aliments, l’eau, les boissons ou dans l’air respiré. C’est ce qui se passe en particulier pour l’alcool : quand le foie n’est pas malade et dans une certaine limite, il est capable de métaboliser et d’éliminer l’alcool. De même, les médicaments absorbés, après avoir produit leur effet thérapeutique, sont neutralisés par le foie, ce qui évite une accumulation dangereuse. Mais cette fonction diminue considérablement lorsqu’une hépatite chronique est active.

Le foie a une forte influence sur l’état nutritionnel grâce à son rôle dans le métabolisme intermédiaire des nutriments et des sels biliaires. Un foie malade perturbe la digestion, l’absorption, le stockage et le métabolisme des nutriments, ce qui peut être la cause de carences en vitamines et minéraux ainsi que d’une malnutrition au niveau des protéines et des calories. Il est donc évident que des régimes alimentaires s'imposent pour éviter un surmenage du foie en cas d'une affection du foie.

Les hépatites : une atteinte du foie aux lourdes conséquences

Or, les hépatites sont des maladies inflammatoires causées par cinq principaux virus (A, B, C, D ou E) ou des substances chimiques toxiques, comme l’alcool ou les médicaments. Les hépatites en fonction de leur origine peuvent être aigües (les plus fréquentes) ou chroniques (lorsque l’inflammation persiste au moins 6 mois). Un foie malade est un organe encrassé par les toxines. "Lorsqu'il est endommagé, le foie ne parvient plus à traiter les graisses. Ces dernières s'accumulent dans le foie et cette surcharge - appelée stéatose - peut entraîner une inflammation du tissu hépatique et des lésions cellulaires au niveau du foie, mais aussi des complications hépatiques graves, alerte le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon et président de l'APHC (Association pour l'amélioration de la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques du foie).

Principes d'un régime alimentaire équilibré pour les hépatites

En accord avec votre médecin, il est important de définir un apport calorique adapté à votre poids, à votre taille, votre activité, vos dépenses en énergie, et de le répartir sur l’ensemble de la journée. Il faut également s’assurer d’avoir un apport adéquat en liquides (environ 1,5 litres à 2 litres par jour) : eau, lait, jus de fruits, bouillons chauds ou encore boissons nutritives (lait de soja, soupes de légumes).

Aliments à privilégier

  • Consommer des aliments riches en protéines pour lutter contre les infections et pour régénérer le foie, comme du poisson.
  • Consommer beaucoup de fruits, de légumes et de céréales faciles à digérer. Les légumes peuvent être consommés en soupe, en gratin ou crus (lavage et épluchage). Les pâtes de fruits sont également excellentes.
  • Les aliments cuits en papillote ou à la vapeur sont fortement conseillés. Grâce à ces cuissons douces, tous les nutriments sont conservés et il n’est pas nécessaire d’ajouter de matière grasse.
  • Contrairement aux idées reçues, la consommation de chocolat ne présente pas de risque particulier pour les patients atteints d’hépatite.

Ce qu’il faut éviter

  • La consommation d'alcool est à proscrire pendant au moins 6 mois, tant que l'ictère (c’est-à-dire la coloration jaune de la peau) persiste et surtout au cours du traitement. L'alcool est toxique pour le foie : il faut au contraire le protéger et lui donner le temps de se régénérer.
  • Limiter les aliments riches en graisse d'origine animale. Le foie étant incapable de produire suffisamment de bile pour les éliminer, les laitages doivent être allégés (produits pasteurisés) et les viandes riches en gras remplacée par les légumineuses et le poisson.

Le pamplemousse : faux ami ou allié ?

Le pamplemousse est un aliment très intéressant pour le foie car il favorise la détoxification hépatique et l’élimination du LDL-cholestérol (le mauvais cholestérol). Un de ses composés, la naringénine, un flavonoïde possédant de fortes propriétés antioxydantes, permet de diminuer d’environ 17% le taux de LDL-cholestérol. Certaines études ont également montré que la naringénine possède une activité contre le virus de l’hépatite C.

Cependant, il faut faire attention ! La consommation de pamplemousse peut limiter l’efficacité de certains traitements contre l’hépatite. En effet, le pamplemousse bloque le fonctionnement de certaines enzymes, les cytochromes P450, puissants agents du métabolisme des médicaments. Parlez-en à votre médecin pour éviter toute interaction avec vos traitements.

L'importance de l'exercice physique

L’exercice physique permet d’améliorer la sensibilité à l’ et améliore l’état du foie. Il est ainsi recommandé de lutter contre la sédentarité et d’augmenter son activité physique et sportive. un exercice physique régulier (comme la marche rapide), pendant au moins 30 min la plupart des jours de la semaine. Les personnes ayant des problèmes de maladie cardiovasculaire (angine de poitrine, infarctus du myocarde, artérite des membres inférieurs, etc.), un surpoids ou une obésité doivent consulter leur médecin traitant avant d’en­visager une activité physique intense. La sédentarité est une situation d'éveil caractérisée par une très faible dépense d'énergie.

Conseils supplémentaires pour gérer l'alimentation en cas de cirrhose

Lorsqu’une cirrhose a été diagnostiquée, qu’elle soit due à une hépatite virale ou à l’alcool, même si la cause a été traitée avec succès (hépatite C), ou contrôlée (hépatite B) ou arrêtée (alcool), la cirrhose reste bel et bien là. L’hépatologue gère et prescrit les examens de suivi, le dépistage des varices œsophagiennes et le dépistage du cancer du foie tous les 6 mois par une échographie. Nous parlons ici de cirrhoses non décompensées, sans ascite (liquide dans la cavité abdominale), sans encéphalopathie (troubles neurologiques liés à la baisse des fonctions du foie). La base alimentaire santé, c’est le régime crétois ou diète méditerranéenne. Elle est valable pour les personnes en bonne santé et qui veulent le rester et elle est valable dans le cas des pathologies chroniques comme le VIH, les hépatites, la cirrhose, l’excès de cholestérol, le diabète, mais il faut l’adapter aux particularités de chacun et de chaque maladie…

La cirrhose est plus ou moins bien supportée selon son stade, selon les personnes, leur mode de vie, leur acceptation de la maladie, leur moral, le fait de faire de l’exercice physique ou pas. Les experts préconisent un apport en protéines de 1 à 1,5 g de protéines/kg/jour lors des cirrhoses (pour un poids de 60 kg, il faut de 60 g à 90 g de protéines par jour), pour ne pas perdre de muscles et éviter la malnutrition. Votre spécialiste (ou diététicien) doit déterminer votre taux idéal, selon votre état de santé. Il est souvent conseillé d’adopter un rythme de repas différent, soit de fréquents petits repas, 4 à 6 par jour, incluant une collation en soirée.

Pour pallier la baisse d’appétit, une des solutions est de manger des portions plus petites et plus fréquentes (fractionner les apports en 6 petites collations plutôt que 3 gros repas, dont une collation le soir pour éviter un long jeune nocturne), de varier les goûts (amer, acide, salé, sucré) pour aiguiser l’appétit. Pour les collations entre les repas, boire des jus de fruits ou des boissons au soja, des smoothies, manger des fruits, des bananes, des amandes et utiliser si besoin des boissons nutritives. Evitez de boire pendant les repas et avalez les médicaments à la fin des repas, pour ne pas couper l’appétit. Faire un peu d’exercice avant les repas, une petite marche par exemple peut réveiller l’appétit. Les épices et aromates ouvrent l’appétit : le cumin (un peu de gouda au cumin avant la marche), la cannelle, la coriandre, le fenouil, le gingembre, le fenugrec, etc.).

Stéatose et hépatite C

Si vous êtes en surpoids et/ou avez de la stéatose (graisse dans le foie), l’hépatologue a dû vous dire de freiner sur les kebabs et de perdre du poids pour diminuer la stéatose, car elle accélère la vitesse de progression de la fibrose et multiplie par deux le risque de cancer du foie. La stéatose du foie est fréquente chez les personnes ayant une hépatite C. Chez certains, ayant un virus de génotype 3, la stéatose est due au virus lui-même. Mais pour les autres, la stéatose semble reliée au surpoids et surtout à l’adiposité viscérale (accumulation de tissu adipeux entourant les viscères à l’intérieur du ventre), souvent relié aussi au diabète de type 2 et/ou au syndrome métabolique (tension, glycémie et triglycérides élevés, bon cholestérol bas, tour de taille supérieur à 102 cm chez les hommes et à 88 cm chez les femmes, etc.). Il est possible de cumuler les deux, stéatose virale + stéatose métabolique.

La stéatose est due aux triglycérides en excès dans le sang, venant d’une alimentation trop riche en sucres, graisses et alcool (le whisky serait un bon pourvoyeur de stéatose, ainsi que les alcools forts). La perte de poids, liée à une alimentation saine (régime crétois) et à la pratique d’une activité physique (au moins 3 heures d’exercice par semaine) amène une amélioration de l’état du foie, une diminution de la stéatose et une baisse de la graisse viscérale.

Les bienfaits de certains aliments spécifiques pour le foie

Heureusement, l'alimentation peut soulager un foie malade, fragile, trop gras ou engorgé et l'aider à se régénérer. Une alimentation équilibrée et bien choisie permet de réactiver son bon fonctionnement.

  1. Produits laitiers: Un foie qui dysfonctionne n'est plus capable de stocker la vitamine D, ce qui peut entraîner une carence en calcium et donc une fragilité osseuse (ostéoporose). Les produits laitiers sont donc particulièrement intéressants chez les personnes qui ont un foie malade car les maladies hépatiques peuvent favoriser l'ostéoporose.
  2. Chocolat noir: Pour se régénérer, le foie a besoin d'antioxydants. Et parmi les aliments qui en contiennent le plus, il y a le cacao. "Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le chocolat est bon pour le foie. Oui, à condition qu'il soit noir et avec une teneur en cacao supérieure à 70%", précise notre interlocuteur. Les antioxydants permettent de retarder le vieillissement des cellules du foie, de les nettoyer des graisses et de limiter l'inflammation.
  3. Noix et noisettes: Pour se détoxifier, le foie a également besoin de phosphore, un sel minéral qui a de nombreux bienfaits sur le foie. "Les noix (du Brésil, de pécan, de cajou...) et les noisettes, sont très riches en phosphore, ce qui permet au foie de mieux digérer les graisses qu'il absorbe, d'éviter qu'elle ne s'accumulent trop dans ses cellules et ainsi de le détoxifier", précise l'hépatologue.
  4. Aliments riches en fer: Pour bien fonctionner, les cellules du foie ont besoin de fer. A l'inverse, un excès en fer peut gêner la fabrication de la transferrine. Dans tous les cas, une surcharge ou une carence en fer favorisent l'inflammation, et augmentent ainsi le risque d'hépatite ou de cirrhose.".
  5. Agrumes et fruits rouges: "Les agrumes comme l'orange, le citron ou le pamplemousse sont particulièrement riches en vitamine C, ce qui est très bénéfique pour améliorer la santé du foie et lutter contre l'oxydation des cellules hépatiques", indique notre expert.
  6. Aliments riches en sélénium: Des apports insuffisants en sélénium sont associés à un risque accru de développer une maladie du foie. "Les patients atteints d'alcoolisme chronique ou de cirrhose présentent généralement des taux sanguins de sélénium très faibles", indique l'expert.
  7. Céréales complètes: Elles sont très riches en vitamine E, en sélénium, en magnésium et en fer, des nutriments aux propriétés antioxydantes très puissantes. Elles contribuent à réduire le risque d'inflammation et de lésion du foie.
  8. Café: "Deux à trois tasses de café non sucré par jour stimulent le fonctionnement des cellules hépatiques.

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