Alimentation et Cortisone : Effets Secondaires et Conseils

Les corticoïdes sont des médicaments utilisés dans de très nombreuses pathologies, allant des allergies aux maladies auto-immunes, en passant par la myopathie de Duchenne et les formes très graves de Covid-19. Une personne sur 100 en prendrait aujourd’hui en France ! Il est donc crucial de comprendre leurs effets et comment adapter son alimentation en conséquence.

Les Corticoïdes : Qu'est-ce Que C'est ?

Le mot « corticoïdes » désigne à la fois des substances naturelles produites par l’organisme, et des substances de synthèse utilisées comme médicaments. Au naturel, les corticoïdes sont des hormones secrétées par une petite glande située au-dessus de chaque rein, la glande surrénale. Le cortisol (ou hydrocortisone) et la cortisone en font partie. Ces hormones jouent un rôle primordial dans de grandes fonctions du corps comme la défense de l’organisme contre les agressions (l’immunité), le contrôle de l’inflammation, l’utilisation des sucres ou encore la gestion du stress.

Les corticoïdes de synthèse sont des médicaments similaires aux hormones naturelles, développés dès les années 1950. Ils comprennent notamment la prednisone (Cortancyl®), la prednisolone (Solupred®), la dexaméthasone ou encore la méthylprednisolone (Solumédrol®).

En 3 mots :

  • Corticostéroïdes: Autre nom donné aux corticoïdes naturels et de synthèse, le suffixe « stéroïde » indiquant que leur structure chimique comporte un stérol. Les corticoïdes de synthèse sont d’ailleurs également nommés « anti-inflammatoires stéroïdiens ».
  • Glucocorticoïdes: Autre nom donné aux corticoïdes naturels et de synthèse en raison de leur effet sur le métabolisme des sucres ou glucides.
  • Corticothérapie: Nom donné à tout traitement (« thérapie ») par corticoïdes.

Quand doit-on prendre des corticoïdes ?

Les propriétés des corticoïdes font qu’ils sont aujourd’hui utilisés pour soigner de très nombreuses maladies, de l’eczéma à la sclérose en plaques. Le corticoïde prescrit, sa forme (comprimés, injection, lotion, pulvérisation...), la dose et le rythme de prise (tous les jours, un jour sur deux...) dépend de la maladie, de la personne malade et des habitudes du médecin. Pour une même maladie, l’efficacité d’une même corticothérapie est variable d’une personne à l’autre.

Les Corticoïdes et les Maladies Neuromusculaires

Les corticoïdes sont utilisés dans le traitement de certaines maladies neuromusculaires en raison de leurs effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs. Voici quelques exemples :

Dystrophie Musculaire de Duchenne

L’effet anti-inflammatoire et immunosuppresseur des corticoïdes entrainerait une diminution de la fibrose musculaire, à même de ralentir l’évolution de la maladie : retarder la perte de la marche, préserver plus longtemps les fonctions respiratoire et cardiaque ainsi que la mobilité des membres supérieurs, réduire le risque de scoliose nécessitant une opération. La corticothérapie fait partie du traitement précoce préconisé dans de nombreux pays dont la France pour les enfants atteints de myopathie de Duchenne, en complément des autres moyens de prise en charge. Elle est proposée habituellement vers l’âge de 5-6 ans et souvent poursuivie après la perte de la marche, afin de préserver la force des membres supérieurs et de retarder le déclin des fonctions cardiaques et respiratoires.

  • En France, il existe des différences de prescription dans la dystrophie musculaire de Duchenne d’une consultation spécialisée à l’autre : le plus souvent, le médecin prescrit de la prednisone ou de la prednisolone, disponible sur simple ordonnance en pharmacie.
  • Parfois, le médecin prescrit du deflazacort (Calcort®, Emflaza®), un médicament disponible en France au cas par cas, uniquement dans la myopathie de Duchenne, à l’âge de 2 ans ou plus, sur demande du médecin auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé l’autorité (ANSM) d’une autorisation dite « d’accès compassionnel ».
  • Selon les experts, le choix entre prednisone/prednisolone et deflazacort reste discuté. Les recommandations françaises actuelles préconisent la prednisone ou la prednisolone, sauf en cas de surpoids et/ou de troubles du comportement où la prescription de deflazacort peut être proposée.

Myasthénie Auto-Immune

L’effet immunosuppresseur des corticoïdes est utile dans myasthénie, une maladie auto-immune c’est-à-dire due à un dysfonctionnement système immunitaire. Il réagit à des constituants de son propre organisme et les corticoïdes agissent sur cette réaction immunitaire inappropriée. Le traitement d’une personne atteinte de myasthénie peut comporter des corticoïdes si ses symptômes ne sont pas améliorés de façon suffisante ou durable par les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase. La corticothérapie initiale habituelle repose sur la prednisone ou la prednisolone.

Myopathies Inflammatoires

Les myosites sont également des maladies auto-immunes. Le traitement de fond d’une personne atteinte de myosite, hors myosite à inclusions, débute le plus souvent par des corticoïdes seuls ou associés à un autre type de médicament immunosuppresseur. Des études ont montré de potentiels bénéfices des corticoïdes dans la dystrophie musculaire congénitale de Fukuyama et dans différentes myopathies des ceintures (LGMD). De même, des résultats prometteurs d’une corticothérapie dans les laminopathies congénitales ont été présentés lors des 17e Journées de la Société française de myologie, fin 2019 à Marseille.

Précautions Lors d’une Corticothérapie Prolongée en Comprimés

Les comprimés de corticoïdes sont à prendre au cours d’un repas. Sauf indication contraire du médecin, il faut les prendre en une seule prise, le matin. Parce que la prise matinale reproduit le rythme naturel de sécrétion du cortisol par les glandes surrénales, qui est maximale autour de 8 heures. Les pansements gastriques (Maalox®, Phosphalugel®, Gasviscon®...) réduisent l’absorption digestive des corticoïdes et donc leur efficacité. En cas de doute sur un médicament, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien. Et prévenez toujours les professionnels de santé consultés (généraliste, pharmacien, chirurgien, anesthésiste…) lorsqu’un traitement corticoïdes est en cours.

Un traitement prolongé par corticoïdes contre-indique certains vaccins : contre la rubéole, la rougeole et les oreillons (ROR), la varicelle, la fièvre jaune, le zona et les rotavirus, le BCG et le vaccin contre la grippe administré par voie nasale. Si nécessaire, ces vaccinations peuvent être programmées avant la mise en route du traitement ou après son arrêt. Il ne faut jamais arrêter de façon brutale un traitement prolongé par corticoïdes car cela risque de provoquer une insuffisance des glandes surrénales et favorise une rechute de la maladie (myosite, myasthénie) le cas échéant. Lorsque la prise des corticoïdes par la bouche s’avère impossible (vomissements, difficultés à respirer…), cela entraine de fait un arrêt brutal du traitement. Dès lors, contactez votre médecin qui pourra prescrire une autre voie d’administration.

À fortes doses, les corticoïdes répriment l’activité du système immunitaire (effet immunosuppresseur) et de ce fait peuvent augmenter le risque d’infection. Dès lors, il faut éviter autant que faire se peut le contact avec les personnes qui ont une infection contagieuse (gros rhume, bronchite, gastro-entérite, grippe, bouton de fièvre…) et consulter rapidement son médecin en cas de fièvre, toux, diarrhée, brûlures urinaires.

Effets Indésirables Possibles des Corticoïdes

Un traitement prolongé et/ou à forte dose de corticoïdes par voie orale peut entrainer à court terme ou plus tardivement différents effets secondaires. Pour certains effets comme la moindre résistance aux infections, le risque augmente avec la dose quotidienne de corticoïdes. La corticothérapie au long cours peut entraîner divers effets indésirables : augmentation de la glycémie (taux de sucre dans le sang) et du cholestérol, hypertension artérielle, fragilisation des os, rétention d’eau ou encore prise de poids. Si nécessaire, le médecin peut prescrire du calcium et/ou de la vitamine D par voie orale. Pour limiter ces effets, il est nécessaire d’adopter un régime alimentaire spécifique.

  • Les corticoïdes peuvent diminuer la résistance aux infections.

Adapter son Alimentation en Cas de Corticothérapie

Adapter son alimentation lors d’un traitement à la cortisone est essentiel pour limiter les effets secondaires et préserver sa santé à long terme. Voici quelques conseils nutritionnels:

Réduire sa consommation de sel

Les corticoïdes prescrits sous forme d’injections ou de comprimés par voie orale vont provoquer une rétention hydrosodée et augmenter la tension artérielle. D’où la nécessité de réduire la quantité et l’absorption de sel. Le sel de table mais aussi les aliments riches en sel (plats préparés, eaux minérales, charcuteries, crustacés et poissons salés, fromages) doivent être limités. Il est possible de miser sur des "faux sels", à base de chlorures de potassium ou de magnésium, et d’avoir recours aux épices pour relever le goût de ses plats.

Réduire sa consommation de sucre

La cortisone a un effet diabétogène. Les corticoïdes sont issus du cortisol qui est une hormone hyperglycémiante. Il est donc primordial de réduire les quantités de sucre. Dans l’idéal, il faudrait se limiter au fructose contenu dans les fruits, sans en manger plus de deux par jour.

Réduire ses apports en matières grasses

Réduire ses apports en matières grasses (huile, beurre, charcuteries, fromages) car ils stimulent la lipogénèse et sont athérogènes, c’est-à-dire qui favorisent les dépôts dans les artères.

Consommer des protéines

Consommer des protéines (viandes, poissons, laitages) à chaque repas pour prévenir la fonte musculaire et l’ostéoporose.

Manger des fruits et légumes

Manger au moins trois fruits et légumes par jour pour prévenir la perte en potassium, responsable d’une augmentation du risque d’ostéoporose. On en trouve notamment dans les bananes et le chocolat.

Consommer des aliments riches en vitamine D

Un traitement par cortisone au long cours doit systématiquement faire l’objet d’un dosage de la vitamine D et d’une supplémentation en cas de déficit. Classiquement, on propose une ampoule de vitamine D à renouveler tous les trois mois. Dans l’alimentation, les poissons gras (saumon, hareng, truite) sont particulièrement riches en vitamine D.

Pratiquer une activité physique

Équilibrer son alimentation ne suffit pas à limiter les effets secondaires liés à la prise de cortisone. En complément, il est indispensable de pratiquer une activité physique régulière. Cela permet de limiter la prise de poids, de diminuer le risque d’ostéoporose, de conserver la masse musculaire et de diminuer le risque de développer un diabète de type 2.

Tableau Récapitulatif des Recommandations Alimentaires

Nutriment Recommandations Aliments à privilégier Aliments à limiter
Sodium Réduire la consommation Épices, herbes, aromates Plats préparés, charcuteries, fromages, eaux minérales riches en sel
Sucre Réduire la consommation Fruits (1-2 par jour), légumes Sucres raffinés, sodas, pâtisseries
Matières grasses Réduire la consommation - Huile, beurre, charcuteries, fromages
Protéines Consommer à chaque repas Viandes maigres, poissons, laitages, légumineuses -
Potassium Augmenter la consommation Bananes, légumes secs, pommes de terre -
Vitamine D Assurer un apport suffisant Poissons gras (saumon, hareng, truite), supplémentation si nécessaire -

Conseils Complémentaires

  • Éviter les aliments transformés et plats préparés: Ces produits sont souvent très riches en sodium pour la conservation.
  • Consommer des fibres: Les fibres facilitent la digestion et aident à stabiliser la glycémie. Les légumes, les fruits, les céréales complètes et les graines en sont d'excellentes sources.
  • Hydratation: La cortisone peut favoriser la rétention d’eau, mais il est quand même important de bien s’hydrater. Buvez régulièrement de l’eau et évitez les boissons sucrées et gazeuses.

Les modifications de vos habitudes alimentaires peuvent quelquefois vous sembler astreignantes, voire difficiles à respecter. Ce régime alimentaire pourra être moins strict si votre médecin juge que votre état de santé s’est amélioré et qu’il devient alors possible de diminuer votre corticothérapie.

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