Alimentation du Silure Glane: Régime Alimentaire et Comportement de Prédation

Le silure glane (Silurus glanis) est le plus gros poisson d’eau douce d’Europe pouvant atteindre 2,5m et 100kg. Cette espèce massive a une tête plate et large avec de petits yeux et trois paires de barbillons. La peau est visqueuse et sans écailles.

Le premier tiers du corps du silure est large et trapu, avec une tête aplatie avec de tout petits yeux. Elle est garnie de 2 barbillons sur la mâchoire supérieure et 4 sur la mâchoire inférieure. La gueule est garnie de très nombreuses petites dents qui forment une râpe pour saisir et retenir les proies. La coloration est sombre, tirant sur le vert, marbrée de tâches claires. Il peut exister des variations selon les individus et les milieux. Il existe aussi des individus albinos, entièrement blancs, et des spécimens dit mandarins, jaunes-orangés.

Habitat et Distribution

Le silure fréquente les canaux, les plaines et les grands lacs (zone des brèmes). On le retrouve donc dans de très nombreux milieux de basse et moyenne altitude : lac, étang, zone avale (« zone à brème ») des fleuves et rivières. Plutôt dans les zones calmes et turbides aux eaux chaudes. C’est un poisson de fond. Il peut aussi supporter une certaine salinité et on le retrouve dans des eaux saumâtres, sans être certain qu’il puisse y effectuer la totalité de son cycle biologique.

Originaire d’Europe de l’Est, il a connu une forte extension vers l’Ouest et surtout en France. L’étude des données de pêches électriques réalisées en France montrent que le silure a colonisé la quasi-totalité du territoire français sur les 30 dernières années. L’expansion géographique ne s’est pas accompagnée pour autant d’une explosion des populations.

Le Silurus glanis, est originaire des fleuves de l'Est tel que le Danube. Il a peu à peu colonisé l'Allemagne, le Rhin, pour finalement plus récemment coloniser l'ensemble de l'Europe (les premiers individus pêchés en France ne l'auraient été que dans les années cinquante). Localement, dans certaines pièces d'eau isolées notamment, le silure a été introduit par l'homme volontairement.

Régime Alimentaire et Comportement de Prédation

C’est un carnassier opportuniste et vorace qui chasse de préférence à petite profondeur. Les barbillons du silure et de tous les poissons “moustachus” ont un rôle sensoriel. Ils leur permettent de chasser en détectant les vibrations, l’odeur ou le goût de leurs proies. Il est très sensible aux sons, aux champs électromagnétiques et aux variations de pression dues au mouvement de ses proies. Il capte aussi très bien les signaux chimiques.

Carnivore opportuniste, le silure se nourrit principalement de poissons (carpes, brêmes, gardons, etc…) et de crustacés ou mollusques (écrevisses, corbicules, anodontes, etc…), mais aussi occasionnellement de petits rongeurs ou de jeunes oiseaux d’eau. Ils peuvent aussi manger des écrevisses et des amphibiens, également des moules d'eau douce, anodontes ou des larves de libellules. Il suit sa proie et lorsqu’il est assez proche, l’ouverture très rapide de sa large gueule créé une dépression qui lui permet d’aspirer la proie, qu’il avale entière. Il se nourrit assez peu, sa ration alimentaire journalière représente 1 à 3% de son poids.

L’alimentation est quasi exclusivement nocturne chez cette espèce. Dans les eaux froides (<10°C) il bouge peu, reste surtout posé sur le fond dans les zones les plus profondes, et ne se nourrit quasiment pas. Sa réputation de prédateur vorace semble infondée, car bon nombre de silures pêchés sont retrouvés le ventre complètement vide de toute nourriture. Des études menées à l'aquarium de Touraine montrent qu'un silure de 2 mètres mange en moyenne 1kg de poisson tous les 3 jours en été lorsque la température de l'eau se situe aux alentours de 22 °C.

Les jeunes se nourrissent de petits invertébrés alors que les adultes mangent des poissons, des grenouilles voire des rongeurs, des canards et occasionnellement d’autres oiseaux tels que des pigeons. Les alevins se nourrissent d'abord de plancton et de micro-invertébrés. La taille de leurs proies grandit en fonction de leur croissance. À la fin de la première année, ils deviennent carnassiers opportunistes. Ils ont alors une croissance très rapide.

Comportement de Chasse Inhabituel: Le Cas des Silures du Tarn

En 1983, il a été introduit dans le Tarn où depuis peu, certains individus ont un comportement inhabituel. Avertie par les pêcheurs, une équipe scientifique a observé de juillet à octobre 2011 une gravière sous un pont d’Albi où les pigeons ont l’habitude de se baigner et de boire. Semblables aux orques attaquant les phoques sur certaines plages, certains silures jaillissent hors de l’eau pour les saisir et n’hésitent pas à brièvement s’échouer. Ce travail détaille un comportement de prédation des silures sur pigeons par une technique d’échouage, analogue à celle des orques où les silures utilisent principalement leur odorat et leur sensibilité aux vibrations.

Il est établi que tous les silures de la rivière n’ont pas adopté ce comportement mais, pour certains d’entre-eux, le régime alimentaire est désormais basé à 80 % sur le pigeon. Leur rythme de vie est devenu diurne comme celui de cet oiseau. Les raisons de ce nouveau comportement ne sont pas établies car les proies habituelles ne font pas défaut. Cas particulier : les silures du Tarn à Albi ont développé une technique de chasse particulière ; la capture des pigeons par échouage (à la manière des orques chassant les phoques sur les plages) lorsque les oiseaux viennent à la rivière en été. Des dosages d’isotopes stables ont révélé une consommation forte de pigeons pour certains individus.

Reproduction

La période de reproduction s’étale de mai à juin et n’a lieu que si la température de l’eau est supérieure à 20 °C pendant une période de deux à trois mois. La reproduction du silure s'effectue de mi-mai à la mi-juin. La température de l'eau influe directement sur la date du frai. La ponte a lieu le soir ou à l'aube dans une température de 18 à 21 °C.

Le mâle nettoie au milieu des racines ou parmi les roseaux, une zone de ponte entourée d’une paroi basse de débris végétaux. Le silure fraye en couple, les œufs sont déposés dans un nid préparé à l'avance, le mâle défendra farouchement le nid durant l'incubation contre tout intrus. La ponte est déclenchée par une parade, le mâle entourant la femelle de son corps. Celle-ci dépose alors ses œufs - plus de 20 000 par kilos - sur une zone préalablement dégagée pour ne garder qu’une fine litière végétale à laquelle les œufs vont adhérer. Les deux parents ventilent et surveillent le nid, chassant tout intrus.

La femelle y pond sur les racines de 20 000 à 30 000 œufs par kg de son propre poids. Le nombre d'œufs est fonction du poids de la femelle, on compte de 20 000 à 26 000 œufs par kilo. Les œufs, jaune clair, d’un diamètre de 3 mm, adhèrent au substrat et sont gardés durant 2 à 3 jours par le mâle. L’éclosion a lieu après quelques jours (durée précise dépendante de la température). La phase larvaire dure 4 à 5 jours que l’individu passe fixé au substrat par une papille ventrale.

Les larves, longues de 7 mm, possèdent déjà des barbillons. Même équipées d’une grande vésicule, elles mangent du plancton.

Croissance

Ils mesurent trente cinq centimètres à un an, cinquante à deux ans et atteignent un poids de 2,5 à 3 kilos la troisième année. Un silure de 25 ans pèse environ 65 kilos.

Comportement Territorial

Le silure est territorial. Le silure adulte est agressif envers ses congénères et envers les intrus, ou s'il se sent en danger. Peuvent alors survenir les très rares cas d’attaques sur l’homme : si l’on marche à côté du nid, le silure peut attaquer non pas pour manger mais pour repousser la menace.

Le silure apprécie les eaux profondes et abritées du fort courant, de préférence encombrées et tièdes en surface. Il affectionne particulièrement les fonds mous ou vaseux, principalement en plaine. Il passe la majeure partie de la journée près du fond, mais il peut chasser en journée si son attention est attirée par un poisson montrant des signes de faiblesse sur son territoire. Il s'active plutôt au coucher du soleil, à la recherche de toute nourriture jusqu'au crépuscule.

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