Les rapaces, qu'ils soient diurnes ou nocturnes, sont des prédateurs fascinants, caractérisés par leur vue perçante, leurs serres puissantes et leurs becs crochus. Ces attributs, spécialement conçus pour la prédation, en font des chasseurs hors pair.
Diversité des Régimes Alimentaires chez les Rapaces
La variété des régimes alimentaires des rapaces est grande. L’autour des palombes, par exemple, se nourrit essentiellement d’oiseaux, tandis que le balbuzard pêcheur affectionne les poissons. La bondrée apivore, quant à elle, mange quasi exclusivement des insectes, notamment des guêpes, des frelons et leurs larves. L’alimentation du gypaète barbu est constituée d’ossements et autres ligaments prélevés sur des carcasses.
De façon générale, la teneur en protéines et la teneur en graisse sont inversement proportionnelles. La teneur en protéines diminue avec l’âge de la proie. L’utilisation exclusive de proies nouveau-né peut donc entraîner un déficit à la fois en énergie et en acides gras. Le fait d’éviscérer la proie entraîne une baisse de la matière grasse par rapport à l’animal entier.
Les Rapaces Nocturnes : Des Alliés Naturels des Agriculteurs
Le régime alimentaire des rapaces nocturnes a été longuement étudié par les ornithologues. Il est très bien connu aujourd'hui. La plupart du temps, les Chouettes et les Hiboux avalent leurs proies entières, sans les dépecer. En outre, ils ont des sucs digestifs beaucoup moins puissants que les rapaces diurnes.
Lorsque le gésier a assimilé les éléments nutritifs, tous les restes osseux, poils ou plumes ont régurgités et expulsés par l'œsophage, sous forme de boulettes dites " pelotes de réjection ", ou de régurgitation. Ces pelotes sont plus ou moins faciles à trouver selon les espèces :
- Pour la Chouette effraie, aux mœurs anthropophiles, elles sont faciles à récolter dans les clochers, les granges…
- Pour le Hibou Moyen-duc, qui forme des dortoirs de quelques dizaines d'individus en hiver, elles peuvent être ramassées au sol en grand nombre à cette saison, dans un petit bois de conifères…
- Concernant la Hulotte, cela dévient nettement plus difficile, car elles sont dispersées en milieu forestier…
Les pelotes de réjection constituent donc un matériel de 1er choix et l'analyse de leur contenu renseigne précisément sur le régime alimentaire. Les rapaces nocturnes sont de grands consommateurs de micro-mammifères, et tout particulièrement de RONGEURS : les campagnols et mulots de différentes espèces sont à la base du régime alimentaire des rapaces nocturnes.
Le Hibou des marais et le Hibou Moyen-duc ont un régime alimentaire spécialisé, dans lequel les rongeurs (et surtout les campagnols) occupent une place prépondérante (99% pour le premier, 90 à 95% pour le deuxième). La Chevêche a un régime alimentaire diversifié, avec des proies variées (du lombric au micro-mammifère, en passant par de nombreux insectes selon la saison), mais attention, si on raisonne en terme de " bio-masse " (l'énergie réellement fournie par les proies consommées), les rongeurs sont inégalés et contribuent pour 90% à la satisfaction des besoins vitaux.
L'Effraie des clochers consomme 65 à 70% de rongeurs, elle se singularise par une part importante de musaraignes, un insectivore (environ 25%), catégorie de proie généralement négligée par les autres rapaces nocturnes.
Exemple Régional : La Chouette Effraie
Un ornithologue allemand du nom d'Uttendoerfer a analysé des dizaines et des dizaines de milliers de pelotes de réjection de Chouette effraie. Sur 77.602 vertébrés identifiés :
- 74250 sont des mammifères (95,7%)
- 2414 sont des oiseaux (3,1%)
- 936 sont des batraciens (1,2%)
Concernant les mammifères (la principale catégorie de proies) :
- Rongeurs : 72%
- Campagnols : 53,4%
- Mulots et souris : 18%
- plus un peu de rats et lérots.
- Insectivores 27,5
- Musaraignes : 27,5%
- plus quelques taupes
Rongeurs + Insectivores = 99,5% des mammifères
Les rapaces nocturnes sont donc de précieux auxiliaires de l'agriculture, contribuant à la régulation des populations de rongeurs.
L'Épervier d'Europe : Un Chasseur Spécialisé
L’Épervier d’Europe est l’un des plus petits rapaces diurnes d’Europe et le plus commun, après la Buse variable et le Faucon crécerelle. Au menu de l’Épervier d’Europe figurent en premier lieu les oiseaux de petite taille. Il déguste, par ordre de préférence : Moineau domestique, Grive musicienne, Pinson des arbres, Alouette des champs, Bruant jaune, Fauvette grisette, Mésange charbonnière, Hirondelle rustique, Merle noir, Étourneau sansonnet, Pipit des arbres, Verdier d’Europe, Rougegorge familier, Fauvette des jardins ou encore Mésange bleue.
Tandis que les mâles se nourrissent plutôt de petits passereaux comme le Moineau domestique, le Pinson des arbres, le Rougegorge familier ou encore les hirondelles, les femelles ont tendance, du fait de leur plus grande taille, à chasser des proies plus grosses comme les pigeons ou les grives. De cette façon, les partenaires se font moins concurrence sur leur territoire pendant la période de reproduction.
Adaptation et Survie
Les rapaces sont confrontés à de nombreuses menaces, notamment la destruction des habitats, la perturbation des lieux de nidification, les accidents de chasse, les lignes électriques et les éoliennes. La pollution environnementale, l’urbanisation et l’utilisation de pesticides et de rodenticides représentent également des défis majeurs.
Malgré ces défis, les rapaces jouent un rôle écologique important en assurant la santé environnementale de leur habitat naturel. Ils retirent les animaux âgés, malades et faibles des populations de proies, et aident à maintenir sous contrôle ces populations.
TAG: