La couleuvre est un serpent très commun en France que nombre d’entre nous rencontrent fréquemment au cours d’une promenade dans la nature ou tout simplement en plein cœur de leur jardin. Craintive et inoffensive, la couleuvre fait pourtant peur à nombre de personnes qui éprouvent une véritable phobie pour les reptiles ou la confondent avec la vipère.
Identification et Habitat
En France, « couleuvre » est un terme qui désigne plusieurs espèces de serpents appartenant à deux familles distinctes, les Lamprophiidae et les Colubridae, dont la majeure partie est non venimeuse. Selon son espèce, la couleuvre peut être de couleur verdâtre ou jaunâtre, grise ou d’un brun plus ou moins foncé, et son corps est parfois parsemé de taches. Bien que souvent proches sur le plan physique, couleuvres et vipères ne doivent pas être confondues. La couleuvre possède des pupilles rondes. Il ne faut pas classer toutes les couleuvres parmi les serpents non-venimeux car certaines possèdent bel et bien des crochets à venin peu mobiles qui se développent au fond de la mâchoire supérieure.
En France, on peut trouver des couleuvres en forêt, au bord des cours d’eau, et à proximité des étangs et des mares, dans les garrigues, les bosquets, sous les pierrailles, sur les coteaux et dans les lieux arides ou les fourrés. Certaines espèces vivent uniquement dans les régions les plus ensoleillées de France. C’est le cas de la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) et de la Couleuvre girondine (Coronella girondica) appelée aussi Couleuvre bordelaise. D’autres se plaisent dans une plus large partie du pays, et certaines recherchent les lieux particulièrement en hauteur.
En règle générale, la couleuvre est un reptile qui affectionne tout particulièrement les endroits chauds et humides, deux caractéristiques que l’on retrouve dans le fumier des vaches. C’est la raison pour laquelle il n’est pas rare de trouver des couleuvres dans les étables. Ce sont des lieux où ces serpents aiment se réfugier et où ils peuvent chasser des souris pour se nourrir sans difficulté.
Reproduction et Cycle de Vie
La plupart des couleuvres sont ovipares. Elles pondent donc jusqu’à une trentaine d’œufs fécondés qui éclosent ensuite en plein cœur de l’été. Il existe une exception : la couleuvre Coronelle (Coronella, de la famille des Colubridae), qui est ovovivipare.
Régime Alimentaire
La couleuvre se nourrit aussi d’insectes ce qui évite de vaporiser sur les plantations des produits insecticides plus ou moins polluants. Le jardinier a vraiment tout intérêt à protéger ce serpent inoffensif qui ne mord pas l’Homme. On peut ainsi lutter contre les souris, les campagnols et autres indésirables de façon naturelle.
La Couleuvre verte et jaune a un régime alimentaire diversifié. La couleuvre à échelons chasse essentiellement des lapins, des rongeurs et des musaraignes. Elle se nourrit également à l'occasion de lézards, d'oiseaux et leurs oeufs ou d'insectes. La couleuvre vipérine se nourrit essentiellement de poissons, parfois d’un diamètre bien plus gros qu’elle, et d’Amphibiens, parfois d’insectes.
La Couleuvre Vipérine
La Couleuvre vipérine ressemble à une Vipère aspic avec sa tête triangulaire, son corps trapu et assez massif gris-brun, les motifs en zigzag sombre sur le dos brun, sa queue courte bien différenciée du corps et sa posture de défense. Son nom vulgaire vient d’ailleurs de là. Par contre, les grandes plaques céphaliques et la pupille ronde ne trompent pas, il s’agit bien d’une couleuvre ! Et malgré ses postures d’intimidation, la Couleuvre vipérine est particulièrement craintive et pacifique et ne mort jamais. Ce serpent aux mœurs amphibies ne s’éloigne jamais bien loin de l’eau.
En Bourgogne, la Couleuvre vipérine fréquente les eaux courantes ou leur proximité immédiate (rivières, ruisseaux, canaux), ainsi que, peu souvent, les mares et étangs. Ses milieux de prédilection sont généralement pentus, bien exposés et présentant des abris divers (anfractuosités, racines, végétation aquatique).
Peu de données existent en Bourgogne concernant les périodes d’accouplements, de pontes et d’éclosions des œufs de Couleuvre vipérine. Généralement, les adultes se reproduisent en avril-mai. En juin-juillet, les femelles pondent 2 à 26 œufs d’environ trois centimètres dans un sol meuble où ils incuberont une quarantaine de jours.
La Couleuvre vipérine est peu connue des naturalistes en Bourgogne, les observations sont souvent le fait du hasard. Sa confusion avec la Vipère aspic fait qu’elle est souvent détruite par l’Homme. Le comblement et le drainage de zones humides, les interventions physiques sur les cours d'eau (rénovation des ponts, berges etc.), les transformations de ses habitats, la circulation routière plus ponctuellement sont autant de facteurs responsables de l’affaiblissement des populations.
Egalement sensible à la pollution de l’eau, aux traitements herbicides des berges, l’espèce est vraisemblablement en régression en Bourgogne. Les œufs sont mangés par les rats, les Corvidés etc., les adultes peuvent être prédatés par le Chat domestique, les oiseaux (rapaces et Hérons notamment), et d’autres serpents (des cas de cannibalismes ont été référencés). Ce serpent est une espèce méridionale, présente exclusivement au sud-ouest de l’Europe.
La Couleuvre à Échelons
La couleuvre à échelons Zamenis scalaris vit dans les zones de garrigues, maquis, plaines rocailleuses et forêts arbustives clairsemées jusqu'à 2.000 m d'altitude ou au-delà. On la trouve en Espagne, au Portugal et une petite partie ouest de l'Italie. En France, elle est présente dans les départements du pourtour méditerranéen et jusqu'au sud de la Drôme et de l'Ardèche.
Elle mesure généralement de 80 cm à 1,30 m de long mais elle peut atteindre 1,60 m de long. Mâle et femelle se rencontrent au printemps. Après une parade nuptiale puis l'accouplement, la femelle pond une dizaine d'oeufs après environ un mois de gestation. Les oeufs, la plupart du temps délaissés par leur génitrice, éclosent à la fin de l'été.
Elle peut vivre une quinzaine d'années. Statut de sauvegarde à l'état sauvage : Quasi menacé. Même si elle n'est pas considérée comme une espèce menacée sur l'ensemble de son aire de répartition où elle demeure plutôt commune avec des effectifs stables (statut 'Préoccupation mineure' en Europe), elle a en France le statut d'espèce 'Quasi menacée' en régions PACA et Rhône-Alpes. C'est une espèce qui vit dans des environnements sensibles soumis aux incendies et à la pression anthropique.
La couleuvre à échelons est une espèce protégée et il est interdit de la tuer. Quant à la manipuler, au regard de son mauvais caractère, vous aurez compris que ça n'est pas une riche idée.
La Couleuvre Verte et Jaune
La Couleuvre verte et jaune est un grand serpent au dos noir parsemé de taches jaunes, qui s’alignent et forment des stries longitudinales sur la queue. Le ventre est jaune pâle. Elle présente les caractéristiques des couleuvres avec les grandes écailles sur la tête, l’unique rangée d’écailles entre l’œil et la bouche, et la pupille ronde.
Cette couleuvre fréquente le bocage et les milieux secs, chauds et ensoleillés, plutôt pentus, elle affectionne les pelouses calcaires, les zones rocheuses recolonisées par une végétation broussailleuse, les haies, les friches et bords de voies de communication où, cachée, elle peut passer inaperçue. On l’observera parfois dans les landes et les cultures, près des vieux murs et des tas de pierre ou de bois, plus rarement dans les prairies humides.
La Couleuvre verte et jaune peut être agressive lorsqu’elle se sent menacée, pouvant mordre et lâcher prise difficilement. Cela lui vaut d’être souvent tuée alors qu’elle reste inoffensive pour l’Homme. L’espèce paie aussi un lourd tribut à la circulation routière lors de ses déplacements saisonniers, en période de reproduction.
Le serpent disparaît avec la réduction de surfaces qui lui sont favorables par l’agriculture intensive (remembrement, arrachage des haies), la fermeture excessive des milieux (abandon des pelouses sèches par exemple), il est aussi victime du fauchage des bords de routes. Ce serpent ne se rencontre quasiment qu’en France et en Italie.
La Couleuvre verte et jaune est assez communément observée en Bourgogne où sa répartition calque celle des affleurements calcaires, ainsi sa distribution est inégale dans la région : on la rencontre principalement dans les vallées de l’Yonne et de la Cure, du Serein et de l’Armançon, dans les zones vallonnées de l’Auxois et sur les systèmes de côtes en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire.
Préservation
Victime de sa mauvaise réputation du fait qu’elle ressemble physiquement à la vipère, la couleuvre est généralement chassée des jardins, et même tuée. Comme il est difficile de différencier la vipère d’une couleuvre, on conseille de se munir d’un bâton et d’en frapper le sol lors des promenades en campagne ou en forêt afin de faire fuir les serpents de tous types, ou bien encore de marcher en tapant le sol de ses pieds.
Le SMIRIL a créé des murets de pierre sèche au profit des reptiles. Un muret a été récemment monté à la petite prairie et un autre sur le promontoire de la lône Table Ronde. Le SMIRIL gère également les lisières entre forêts et zones ouvertes afin d’obtenir une strate intermédiaire, arborescente, qui est une zone particulièrement adaptée aux reptiles. La couleuvre vipérine va de plus bénéficier de tous les points d’eau, Rhône, lônes et mares.
La couleuvre vipérine n’est pas la plus commune des couleuvres du site, elle est même plutôt rare. La Couleuvre vipérine est répartie sur l’ensemble des abords du Rhône et de ses affluents (notamment sur les plages de galets qui bordent le Rhône) qui représentent d’indispensables corridors (trame bleue) dont elle est entièrement dépendante. En raison de ses exigences écologiques, la Couleuvre vipérine est contactée uniquement sur plusieurs types d’habitats humides : sur les lisières de prairies et zones ouvertes bordant le Rhône et le canal, dans la lône Table Ronde et à proximité des mares pédagogiques.
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