Le terme "nourrissement" en apiculture désigne l'acte de nourrir artificiellement les abeilles. En quelque sorte, il s’agit d’une précaution pour laisser assez de provisions aux abeilles auxquelles on prend le miel lors de la récolte afin d’assurer la récolte suivante.
Principes du Nourrissement
Le nourrissement repose sur le principe de l’hydrolyse, un procédé chimique par lequel le saccharose du nectar est transformé en miel. En effet, l’hydrolyse du saccharose permet d’obtenir du « sucre inverti », l’aliment le plus proche du miel dont les abeilles ont besoin.
La transformation du saccharose par hydrolyse se passe à une température avoisinant 20°C et plus. Il est donc préférable que la ruche soit tenue à une température plutôt élevée. Le procédé se passe dans un pH acide et il ne requiert pas beaucoup d’eau. Il fait intervenir un enzyme nommé invertase contenu dans le jabot des abeilles. Tous ces petits détails sont nécessaires pour optimiser la miellée et l’équilibre de la colonie.
Types de Nourrissement
Voici les deux façons d’effectuer un nourrissement :
- Nourrissement spéculatif: Appelé « biberonnage » ou « nourrissement collectif », il se fait au printemps et sert à stimuler la ponte de la reine. Par ce type de nourrissement, on simule le nectar à l’aide d’un sirop de saccharose en petites quantités préparé avec 1kg de sucre et 1L d’eau chaude.
- Nourrissement de complément: Programmé au début de l’automne ou effectué en urgence en hiver. Le produit utilisé serait ici idéalement le miel mais comme la rentabilité de la culture est aussi prise en compte, un produit pouvant lui être assimilé fera l’affaire : un produit pâteux comme le sirop de sucre inverti.
Erreurs à Éviter
Le surnourrissement figure parmi les erreurs les plus couramment commises par les débutants. En effet, par crainte de l’idée que leurs abeilles ne passent pas l’hiver, ils leur laissent une dose élevée de repas. Or, les abeilles stockent juste ce qui est en excès. Car, en effet, à vouloir trop bien faire, le remède risque d’être pire que le mal.
Le taux de HMF devient extrêmement élevé dans le miel lorsque la nourriture des abeilles en contient ou lorsque la température est trop élevée. Or selon la règlementation, un miel sain ne devrait pas en contenir plus de 40 mg/kg.
Par exemple trop nourrir une ruche à l’automne ou, la nourrir alors que cela n’est pas nécessaire, contraindra au printemps à retirer des cadres de provisions (d’où problèmes de conservation de ces cadres, fausse teigne etc.
Quand Nourrir ?
Si on admet, et il faut le faire !, que la saison apicole commence avec la mise en hivernage le premier nourrissement pourra donc avoir lieu en fin d’été, dès la mi-août. Le nourrissement sera de type stimulant : sirop léger (1/1 c’est à dire 1 kg de sucre cristallisé pour 1 l d’eau) à donner en faible quantité et en plusieurs fois. En général 0,5 l à 3 reprises, espacées de 3 à 4 jours.
Ou nourrissement de soutien intervient plus tard en saison, (ou tôt en début d’année si on considère l’année civile). Son objectif est d’apporter un complément en cas de réserves insuffisantes, souvent en février, mars (mauvaise estimation des réserves à la mise en hivernage, surconsommation, hiver long, conditions météorologiques défavorables au printemps…). Cet apport se fait sous forme d’un pain de candi. La consommation du candi est par ailleurs un bon indicateur de l’état général de la colonie.
Ce nourrissement de secours se fera par apport d’un sirop de concentration légèrement plus élevée (3/2) et en faible quantité (1 kg à renouveler si nécessaire).
Types de Sucre Utilisés
Il s’agit du sucre de canne ou de betterave qu’on trouve dans le commerce, vendu sous forme cristallisée. Le chauffage facilite l’opération et est même parfois indispensable (obtention de sirops très concentrés). Soit l’exemple d’un sirop 3/2 : on utilise 3 kg de sucre et 2 l d’eau. Au-delà du rapport 2/1 le sirop recristallise partiellement lors du refroidissement.
C’est tout particulièrement le cas des sirops dits H.F.C.S. (High Fructose Corn Sirup) ; ce sont des sirops dérivés de l’amidon du maïs, riches en fructose, (par exemple Butiforce, Apirève).
Importance du Nourrissement
Même si les colonies d’abeilles sont aptes à réguler leurs besoins en nourriture et font preuve par là de facultés d’adaptations étonnantes, ce que d’aucuns appellent « l’esprit de la ruche », il n’empêche que tout apiculteur qui veut pratiquer une apiculture rationnelle et moderne ne peut faire l’impasse du nourrissement.
Les Avantages du Recours aux Nourrissements Sucrés
Le recours aux nourrissements sucrés présente de nombreux avantages. Fréquent parmi les apiculteurs, il recouvre toutefois des pratiques hétérogènes, dépendantes d’une multiplicité de facteurs.
Tableau Récapitulatif des Types de Nourrissement
Type de nourrissement | Période | Objectif | Type de nourriture | Quantité |
---|---|---|---|---|
Spéculatif (Biberonnage) | Printemps | Stimuler la ponte de la reine | Sirop de saccharose (1kg sucre / 1L eau) | Petites quantités |
Complémentaire | Automne ou hiver | Compenser les réserves insuffisantes | Miel ou sirop de sucre inverti | Variable |
Secours | En cas d'urgence | Apporter un soutien rapide | Sirop concentré (3/2) | 1 kg, renouvelable si nécessaire |
Stimulant | Fin d'été (mi-août) | Préparer à l'hivernage | Sirop léger (1/1) | 0.5L x 3, espacées de 3-4 jours |
Soutien | Fin hiver / début printemps (Février/Mars) | Complément en cas de réserves insuffisantes | Candi | Selon consommation et besoins |
En conclusion, le nourrissement des abeilles est une pratique complexe qui nécessite une bonne compréhension des besoins de la colonie, des types de nourriture disponibles et des erreurs à éviter. Une approche réfléchie et adaptée est essentielle pour assurer la santé et la productivité des abeilles.
TAG: