Le besoin de réponses à la précarité alimentaire est devenu une urgence en France, dans un contexte d’accroissement général des précarités et inégalités sociales.
10 millions de personnes seraient sous le seuil de pauvreté et potentiellement en insécurité alimentaire, et on dénombrait 7 millions de bénéficiaires d’une aide alimentaire en 2021, soit une augmentation de 180 % depuis 2009.
Une augmentation très significative des besoins de l’ordre de 20 à 30 % a en effet été observée par les associations œuvrant dans ce champ depuis mars 2020.
La crise engendrée par l’épidémie de Covid-19 a conduit de nombreuses personnes à solliciter pour la première fois un dispositif d’aide alimentaire.
Pratiques Alimentaires et Précarité
Les statistiques sur les pratiques alimentaires des personnes ayant recours à cette aide en France font état de prises alimentaires réduites : 40 % en ont moins de trois par jour, et pour au moins un tiers aucune alimentation n’est consommée le matin.
Le repas du soir semble le plus régulier.
Ces personnes ont des consommations faibles de fruits et légumes, 40 % d’entre elles seulement déclarant manger 1 à 2 fois par jour de la viande, du poisson ou des œufs.
La précarité favorise les pathologies liées à l’alimentation.
Le type d’aide alimentaire auquel une personne a recours semble conditionné par le sexe.
Les structures délivrant des colis sont davantage fréquentées par des femmes (76 % des usagers) tandis que les structures délivrant des repas le sont majoritairement par des hommes (87 % des usagers).
Cette différence dans les pratiques de recours à l’aide alimentaire s’explique par une répartition sexuée des rôles dans les tâches alimentaires, selon laquelle les femmes cuisinent et les hommes moins.
Évolution du Secteur de l'Aide Alimentaire
A ce contexte s’ajoute un environnement du secteur de l’aide alimentaire en pleine évolution.
La loi EgALIM et la Charte des épiceries sociales et solidaires définissent un cadre réglementaire qui ne se satisfait plus d’une aide alimentaire uniquement nourricière, et un cadre d’action invitant les acteurs à assortir celle-ci d’une proposition systématique d’accompagnement.
La précarité alimentaire n’est qu’une facette de la précarité et un des reflets d’une situation de vulnérabilité marquée par l’isolement social, l’absence de logement, l’absence d’emploi, le non accès aux droits, etc.
Or, « on constate aujourd’hui un décalage entre l’aide alimentaire prodiguée selon des objectifs définis par le Conseil National de l’Alimentation et des besoins de populations d’origines culturelles et sociales variées en situation de dépendance alimentaire. »
Selon ces objectifs, l’aide alimentaire doit à la fois répondre à l’urgence de nourrir des populations aux cultures alimentaires différentes, sans produire de déchets, tout en constituant un moyen d’inclusion sociale et économique.
Outre ses insuffisances et inadéquations vis-à-vis des profils et besoins des personnes vulnérables, l’aide alimentaire aurait par ailleurs des « effets pervers ».
En plus de générer de l’insécurité dans certains lieux de distribution, son recours maintiendrait certaines personnes dans une dépendance et un certain isolement social.
Les files d’attente pour un repas ou pour quérir un colis alimentaire, génèreraient des sentiments de honte si forts que certaines personnes s’en détournent, et se replient vers des solutions alternatives comme le glanage de poubelles.
La CRf a ainsi décidé de réinterroger sa stratégie de réponse à la précarité alimentaire, avec pour ambition de faire de l’aide alimentaire la première étape vers une sortie durable de la précarité.
C’est pour participer à la nécessaire réflexion sur la réponse globale au-delà de l’alimentation des dispositifs d’aide alimentaire dans un contexte d’accroissement de la précarité en France que la Fondation Croix-Rouge française a décidé de lancer cet appel.
Parmi ces dispositifs, une attention particulière sera accordée à la façon dont les programmes « repas partagés » et « ateliers nutrition » agissent sur l’éducation au goût, les pratiques et le vécu alimentaires des personnes en situation de précarité dans les unités d’aide alimentaire qui constituent les sites pilotes de cette nouvelle stratégie.
A partir de l’étude des profils des personnes recourant à ces dispositifs et de leurs pratiques alimentaires, il s’agira de comprendre la façon dont les dimensions socio-culturelles du comportement alimentaire entravent ou non l’objectif de recréer du lien social via l’alimentation.
Comment mettre en place des actions inclusives autour de la nutrition et l’éduction au goût ?
Il sera enfin attendu des recommandations en réponse aux défis de l’accueil alimentaire à destination des bénévoles.
La lutte contre la précarité alimentaire est une activité structurante de la CRf, dans sa très large majorité bénévole, ce qui induit de forts enjeux autour du recrutement de forces vives qu’il convient également de former et fidéliser.
Qu’est-ce qui facilite ou entrave la mise en place de ces dispositifs expérimentaux par les bénévoles ?
Nestlé France et la Lutte Contre l'Insécurité Alimentaire
L’insécurité alimentaire touche encore 32% des Français en 2024, selon l’Observatoire des Vulnérabilités Alimentaires de la Fondation Nestlé France.
Face à cette situation d’urgence qui persiste, Nestlé France, ses marques et sa Fondation intensifient leurs actions pour apporter des solutions d’ensemble : temps de production dédié aux Banques Alimentaires et accompagnement des acteurs de terrain afin d'agir sur les freins qui exacerbent cette situation.
Les principaux chiffres 2024 (1) :
- L’insécurité alimentaire touche encore 32% des Français en 2024 ; plus de la moitié des 18-24 ans (58%); et 40% des familles avec enfant(s).
- Près d’un Français sur cinq (19%) a déclaré avoir eu faim sans pouvoir manger pendant l’année écoulée, un chiffre qui atteint 28% chez les familles.
- 30% des personnes en insécurité alimentaire déclarent avoir réduit leurs portions, un chiffre qui atteint 64% chez les 18-24 ans.
- Malgré leur besoin, 78% des personnes en insécurité alimentaire ne font pas appel à l’aide alimentaire.
Les jeunes (58 %) et les familles (40 %, dont 10 % sont monoparentales) sont particulièrement exposés.
Malgré une aide alimentaire cruciale, 78 % des personnes concernées ne sollicitent pas cette aide, souvent par crainte de stigmatisation sociale ou par manque d’information.
Ce phénomène est particulièrement marqué parmi les familles monoparentales, qui se retrouvent souvent isolées face à cette précarité croissante.
Au-delà de l’aide alimentaire, il est donc essentiel d’agir sur les obstacles aggravant l’insécurité alimentaire.
Parmi ces obstacles, le manque d’équipement, l'absence de savoir-faire ou de motivation pour cuisiner jouent un rôle important pour pouvoir préparer des repas sains et abordables.
Les dons de café de Nestlé France ont été multiplés par trois, atteignant ainsi 90 tonnes.
Ces dons concernent des produits encore consommables mais ne pouvant plus intégrer les circuits de distribution classiques (reliquats de ventes saisonnières, emballages endommagés, ou proximité de la date limite de consommation).
Mais face à la réduction des sources d’approvisionnement traditionnelles pour l’aide alimentaire (-10 % sur les premiers mois de 2024 selon les Banques Alimentaires (3)), de nouvelles solutions doivent donc être imaginées comme la production dédiée : depuis 2023, Nestlé France met en place un temps de production dédié et le savoir-faire de ses collaborateurs en usine pour produire ces dons.
Plusieurs marques du Groupe, parmi les plus demandées par les bénéficiaires, répondront à nouveau à l’appel en 2025 :
- Chocapic® : 1,6 millions de petits-déjeuners à destination de plus de 130 000 bénéficiaires, soit une augmentation de 11% par rapport à 2024.
- Nesquik® : 1 million de bols pour 27 000 bénéficiaires
- Maggi® : 4 millions de Kub Or® pour 130 000 bénéficiaires
“Il est vital que nous nous mobilisions tous pour lutter contre la précarité alimentaire.
Nous sommes très fiers d’avoir été parmi l'un des premiers groupes agroalimentaires à mettre en place un dispositif de production dédiée, et espérons que nous serons de plus en plus nombreux pour pouvoir garantir à nos partenaires associatifs les dons nécessaires pour remplir leur mission.” Catherine Chapalain, Directrice Générale Affaires Publiques et Communication Nestlé France
Par ailleurs, Nestlé France propose à ses collaborateurs des missions courtes préalablement définies avec les Banques Alimentaires pour les aider sur des problématiques ponctuelles.
Cette année, 142 collaborateurs du siège et des usines participeront à la Collecte Nationale.
Favoriser l’Autonomie : Une Clé pour Sortir Durablement de l’Insécurité Alimentaire
Les acteurs de terrain sont unanimes : pour lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire, il ne suffit pas de fournir de la nourriture.
Il est essentiel de redonner aux personnes en situation de précarité la possibilité de se nourrir dignement et de renforcer leur capacité à faire leurs propres choix.
L’autonomisation passe par l’acquisition de compétences pour cuisiner sainement avec des moyens limités, mais aussi par la capacité à choisir des produits adaptés à ses goûts et besoins.
Ce processus est d’autant plus important lorsque l’équipement de cuisine est restreint.
Pouvoir préparer des repas équilibrés avec des ustensiles de base ou des équipements rudimentaires est un enjeu central.
Donner à chacun les outils pour faire des choix alimentaires sains et adaptés à leurs moyens, c’est leur permettre de retrouver une véritable autonomie dans leur alimentation.
La Fondation Nestlé France, acteur de référence dans le domaine de la précarité alimentaire, souhaite souligner l’importance de prendre en compte ces facteurs dans l’élaboration des réponses.
« Pour lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire, il est crucial de combiner l'aide matérielle avec des initiatives qui permettent aux personnes en difficulté de surmonter les obstacles comme le manque d’équipement et de savoir-faire en cuisine, détaille Laurence David, Déléguée Générale de la Fondation Nestlé France.
Seule une approche prenant en compte ces freins permettra aux populations concernées de retrouver leur autonomie et de faire leurs propres choix alimentaires. »
Par ailleurs, la Fondation Nestlé France coconstruit, avec ses partenaires associatifs, des programmes d’accompagnement visant à lutter contre les facteurs aggravants de l’insécurité alimentaire.
Des initiatives comme “Entraid’ Plat Dessert” ou les “Ateliers Culinaires” permettent aux bénéficiaires d'apprendre à cuisiner simplement et sainement, avec peu de moyens, tout en tenant compte de leur équipement de cuisine.
Les Différents Types d'Aide Alimentaire
L’aide alimentaire en nature apportée par les associations se répartit en trois principaux types : les colis ou paniers alimentaires, les épiceries sociales et les distributions de repas.
Dans 93 % des cas, ils s’en tiennent à deux associations.
Profil des Bénéficiaires de l'Aide Alimentaire
Le profil des recourants varie beaucoup selon le type d’aide sollicitée.
La situation de logement est particulièrement déterminante.
Produits alimentaires bruts puis les cuisiner suppose de disposer d’un logement.
Ce rôle important du logement.
De recourir aux distributions de repas.
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