Chaque année, le 16 octobre marque la Journée mondiale de l’alimentation. Créée en 1979 par l’ONU, cette journée met l'accent sur des enjeux tels que la sécurité alimentaire et la lutte contre la faim. Cette journée vise à sensibiliser aux défis liés à la malnutrition dans le monde et à promouvoir des systèmes alimentaires durables. En France, cette date a également été désignée comme la Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire en 2013.
Le gaspillage alimentaire représente un prélèvement inutile de ressources naturelles (terres cultivables, eau, etc.), et des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées. Ces dernières sont évaluées par l’Ademe à 3 % de l’ensemble des émissions nationales.
Pourquoi des journées de sensibilisation au gaspillage alimentaire ?
Comprendre des sujets complexes comme le gaspillage alimentaire ou le réchauffement climatique peut sembler difficile, surtout avec le rythme effréné de la vie quotidienne. Ces journées de mobilisation permettent à chacun d’entre nous de prendre le temps de s’informer et d’agir à son échelle. Ces événements sont l'occasion de sensibiliser les consommateurs sur l’impact de leurs achats et d’adopter des gestes simples pour limiter le gaspillage, comme mieux organiser ses courses ou cuisiner les restes. Ils permettent aussi de mettre en lumière les initiatives d’entreprises et d’organisations qui œuvrent pour réduire le gaspillage.
Initiatives concrètes pour réduire le gaspillage
Ces journées offrent également une visibilité accrue aux solutions proposées par de nombreux acteurs, comme les magasins qui vendent des produits proches de la date de péremption à prix réduit. Vous pouvez également vous tourner vers les paniers anti-gaspi, disponibles via des applications ou directement sur les marchés.
Le 29 septembre, l’ONU organise la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, instaurée en 2020. Cette journée vise à mobiliser le public et à atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030. Ce programme encourage chacun à adopter un mode de consommation plus responsable, afin de répondre aux besoins actuels sans compromettre ceux des générations futures. Il est crucial que chaque individu contribue à cette cause à son niveau, le plus tôt possible.
Actions et événements en France
De nombreuses associations, telles que les Banques Alimentaires, participent à cette campagne, notamment en organisant des interventions dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes. En partenariat avec l'association "Question de Culture", un stand sera installé au marché de Bergerac, mettant l'accent sur l'alimentation durable, la saisonnalité des légumes et la réduction des déchets alimentaires, notamment à travers la préparation d'une soupe "zéro déchet". L'événement s'inscrit dans une stratégie plus large de sensibilisation, qui se déroule également dans le cadre de la semaine européenne de réduction des déchets, prévue du 16 au 24 novembre. Ces initiatives visent à modifier les habitudes alimentaires, avec des activités éducatives et des conseils pratiques pour éviter le gaspillage, sachant qu’en France, chaque personne jette en moyenne 25 kg de nourriture par an.
Le SMD3 organise également des événements connexes, comme la "Fête du sol vivant", qui inclut des ateliers et des campagnes de broyage pour encourager le recyclage des déchets végétaux. Ces actions visent à encourager des pratiques plus respectueuses de l'environnement tout au long de l'année. En effet, c’est bien tout au long de l’année que le Syctom sensibilise au quotidien un large public à la réduction des déchets, au tri des déchets alimentaires et au gaspillage alimentaire. Sensibiliser en amont notamment les futurs concepteurs et designers participe également des actions en faveur de l’éco-conception et la réduction des déchets. C’est l’objectif du concours Design Zéro Déchet dont l’édition 2020 a pour thème la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration commerciale, de la production au service.
Conseils pour lutter contre le gaspillage alimentaire au quotidien
Bien que ces journées soient essentielles pour sensibiliser le public, il est tout aussi important d’adopter des habitudes durables au quotidien. Voici quelques conseils pour réduire le gaspillage alimentaire chez vous :
- Planifiez vos courses avec une liste pour éviter les achats impulsifs.
- Cuisinez à l’avance (batch cooking) pour limiter les restes inutilisés et gagner du temps.
- Achetez des produits “moches”, comme des fruits et légumes imparfaits, mais tout aussi savoureux.
Législation française contre le gaspillage alimentaire
Les mesures nationales en faveur de la lutte contre le gaspillage alimentaire se sont progressivement renforcées au cours des 10 dernières années, avec la signature du premier Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire réunissant l’ensemble des parties prenantes en 2013, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) en 2015, la loi Garot en 2016, la loi EGAlim en 2018, et enfin la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en 2020. La loi a notamment introduit une hiérarchie des actions à mener en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, en donnant la priorité à la prévention, puis au don ou à la transformation. Viennent ensuite la valorisation en alimentation animale ou sous forme d’énergie. La destruction est envisagée en dernier recours.
Les distributeurs ayant une surface de vente de plus de 400 m², les opérateurs de la restauration collective préparant plus de 3 000 repas par jour, et les opérateurs de l’industrie agroalimentaire ayant un chiffre d’affaire supérieur à 50M€, et les grossistes (chiffre d’affaires supérieur à 50M€) doivent par ailleurs proposer des conventions de don à des associations d’aide alimentaire pour écouler leurs invendus. Il est en outre interdit, dans l’industrie agroalimentaire et la restauration collective, pour les grossistes et les distributeurs, de rendre impropres leurs denrées alimentaires invendues encore consommables. Les contrevenants s’exposent à une amende pouvant atteindre jusqu’à 0,1 % de leur chiffre d’affaires.
La France s’est par ailleurs dotée d’un objectif global de réduction du gaspillage alimentaire de 50 % entre 2015 et 2025 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025, et de 50 % entre 2015 et 2030 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale.
Dates de consommation : DLC et DDM
D’après la Commission européenne, jusqu’à 10% du gaspillage alimentaire serait lié à une mauvaise compréhension des dates de consommation qui sont indiquées sur les emballages. Les produits alimentaires pré-emballés doivent indiquer un délai pour la consommation : la date limite de consommation (DLC) ou la date de durabilité minimale (DDM). La date limite de consommation (DLC) indique une limite impérative. Elle est signifiée par la mention « à consommer jusqu’au… » suivie du jour, du mois, et éventuellement de l’année. Elle s'applique à la majorité des produits à conserver au frais qui sont très périssables (viandes, les poissons, la charcuterie, les plats cuisinés, produits laitiers frais etc.). Une fois la DLC dépassée, les aliments concernés sont impropres à la consommation car ils présentent un caractère dangereux pour la santé.
Pour les produits alimentaires qui ne sont pas soumises à la mention DLC, une date de durabilité minimale (DDM) est apposée, présentée sous la forme « à consommer de préférence avant… ». Celle-ci concerne les produits secs, stérilisés et déshydratés (café, lait, jus de fruit, gâteaux secs, boîtes de conserve, pâtes, riz, sucre, farine, etc.). Le dépassement de la DDM ne rend pas l'aliment dangereux pour la santé. Il peut en revanche avoir perdu son arôme ou sa consistance. Les aliments dont la DDM est dépassée, contrairement à ceux dont la DLC est dépassée, peuvent être commercialisés et consommés.
Chiffres clés du gaspillage alimentaire en France
En 2021, 8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France, soit 129 kg par personne. Toutes les étapes de la chaîne alimentaire y contribuent :
- 1,24 millions de tonnes pour la production primaire (14%)
- 1,72 millions de tonnes dans la transformation (20%)
- 633 000 tonnes dans la distribution (soit 7%)
- 1,08 millions de tonnes dans la restauration (12%)
- 4,08 millions de tonnes dans les ménages (47%)
Parmi ces déchets, 4,5 millions de tonnes sont non comestibles (os, épluchures…). Le gaspillage alimentaire représente donc près de 4,3 millions tonnes de déchets issues des parties comestibles des aliments (aliments non-consommés encore emballés, restes de repas, etc.).
La France se situe légèrement en deçà de la moyenne européenne (près de 60 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produites au niveau européen, soit 131 kg par habitant).
Étape de la chaîne alimentaire | Déchets alimentaires par habitant (kg) | Part du gaspillage |
---|---|---|
Production primaire | 18 | 76% |
Transformation et fabrication | 25 | 35% |
Distribution, commerces de détail | 9 | 78% |
Consommation hors domicile (restaurants, cantines) | 16 | 53% |
Consommation à domicile | 60 | 41% |
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