En France, on estime que 20% de la nourriture est jetée et que le poids annuel du gaspillage alimentaire s’élève à 10 millions de tonnes par an. Cela représente un tas d’aliments équivalant à 1000 fois le poids de la Tour Eiffel.
Les causes du gaspillage alimentaire
Depuis le champ jusqu’à nos assiettes, le gaspillage alimentaire a lieu à tous les stades de la chaîne de production alimentaire.
Étape de production
A l’étape de production, les aliments sont triés et sélectionnés en fonction de leur aspect, de leur calibre ou de leur couleur. Les pommes de terre sont ainsi l’aliment le plus gaspillé pendant l’étape de transformation. Elles sont la base de beaucoup de plats préparés, où une partie importante du produit est jetée, au moment de l’épluchage puis de la taille.
Phase de transport
Il est rare que la phase de transport épargne la totalité des aliments présents dans une cargaison. Beaucoup sont abîmés dans les camions, les trains ou les bateaux, puis jetés à l’arrivée sur leur lieu de distribution. Le blé tendre arrive en tête des aliments les plus gaspillés au moment de la distribution.
Consommation
A la fin d’un repas, il nous est tous arrivé de jeter du pain rassis que l’on a pas eu le temps de consommer. A cette étape, les pertes alimentaires les plus importantes ont lieu sur les produits laitiers. Au restaurant, nous ne décidons pas de la quantité de nourriture dans nos assiettes. Or, ces portions non ajustées sont la cause principale de gaspillage alimentaire dans la consommation hors foyer.
Conséquences du gaspillage alimentaire
La production et la consommation alimentaires ont un poids conséquent sur l’environnement. Le secteur agricole représente 21% des émissions de gaz à effet de serre en France. Ce chiffre grimpe même à 36% si l’on prend en compte l’ensemble des activités agricoles et alimentaires (ex: la fabrication des emballages ou le transport de marchandises). A cet égard, le gaspillage alimentaire représente à lui seul 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’activité nationale.
En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gâchées chaque année, représentant 16 milliards d’euros de perte. 33% du gaspillage alimentaire a lieu lors de la consommation, dont 14% pour la restauration collective et commerciale.
Le gaspillage alimentaire représente un prélèvement inutile de ressources naturelles (terres cultivables, eau, etc.), et des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées. Ces dernières sont évaluées par l’Ademe à 3 % de l’ensemble des émissions nationales.
Les déchets sont générés à chaque étape de l’alimentation humaine, depuis la production jusqu’à la consommation en passant par la distribution.
Chiffres du gaspillage en France
En 2021, 8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France, soit 129 kg par personne. Toutes les étapes de la chaîne alimentaire y contribuent :
- 1,24 millions de tonnes pour la production primaire (14%)
- 1,72 millions de tonnes dans la transformation (20%)
- 633 000 tonnes dans la distribution (soit 7%)
- 1,08 millions de tonnes dans la restauration (12%)
- 4,08 millions de tonnes dans les ménages (47%)
Parmi ces déchets, 4,5 millions de tonnes sont non comestibles (os, épluchures…). Le gaspillage alimentaire représente donc près de 4,3 millions tonnes de déchets issues des parties comestibles des aliments (aliments non-consommés encore emballés, restes de repas, etc.).
La France se situe légèrement en deçà de la moyenne européenne (près de 60 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produites au niveau européen, soit 131 kg par habitant).
Tableau récapitulatif du gaspillage alimentaire en France en 2021
Étape de la chaîne alimentaire | Quantité de déchets (millions de tonnes) | Pourcentage |
---|---|---|
Production primaire | 1,24 | 14% |
Transformation | 1,72 | 20% |
Distribution | 0,633 | 7% |
Restauration | 1,08 | 12% |
Ménages | 4,08 | 47% |
Législation et mesures contre le gaspillage alimentaire
Les mesures nationales en faveur de la lutte contre le gaspillage alimentaire se sont progressivement renforcées au cours des 10 dernières années, avec la signature du premier Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire réunissant l’ensemble des parties prenantes en 2013 (renouvelé pour deux périodes de 3 ans), la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) en 2015, la loi Garot en 2016, la loi EGAlim en 2018, et enfin la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en 2020.
La loi Garot
La loi Garot qui s’adresse aux industriels, oblige les grandes surfaces à donner les denrées alimentaires sur le point d’être jetées à des associations, et interdit de détruire les denrées consommables. Cette loi est cependant très critiquée par différents acteurs car, si elle peut paraître de bon sens au premier abord, elle contribue en réalité à la surproduction.
La loi a notamment introduit une hiérarchie des actions à mener en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, en donnant la priorité à la prévention, puis au don ou à la transformation. Viennent ensuite la valorisation en alimentation animale ou sous forme d’énergie. La destruction est envisagée en dernier recours.
Les distributeurs ayant une surface de vente de plus de 400 m², les opérateurs de la restauration collective préparant plus de 3 000 repas par jour, et les opérateurs de l’industrie agroalimentaire ayant un chiffre d’affaire supérieur à 50M€, et les grossistes (chiffre d’affaires supérieur à 50M€) doivent par ailleurs proposer des conventions de don à des associations d’aide alimentaire pour écouler leurs invendus. Il est en outre interdit, dans l’industrie agroalimentaire et la restauration collective, pour les grossistes et les distributeurs, de rendre impropres leurs denrées alimentaires invendues encore consommables.
La France s’est par ailleurs dotée d’un objectif global de réduction du gaspillage alimentaire de 50 % entre 2015 et 2025 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025, et de 50 % entre 2015 et 2030 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale.
Le label national « anti-gaspillage alimentaire »
En 2020, la loi institue la mise en place d’un label national « anti-gaspillage alimentaire » visant à valoriser les acteurs de la chaîne alimentaire qui contribuent aux objectifs nationaux de réduction du gaspillage alimentaire. Ce label est aujourd’hui disponible pour le secteur de la distribution (grandes et moyennes surfaces, grossistes et métiers de bouche). Suivront le label pour le secteur de la restauration (restauration collective et commerciale), puis celui de l’industrie agroalimentaire.
Dates de consommation : DLC et DDM
D’après la Commission européenne, jusqu’à 10% du gaspillage alimentaire serait lié à une mauvaise compréhension des dates de consommation qui sont indiquées sur les emballages.
- La date limite de consommation (DLC) indique une limite impérative. Elle est signifiée par la mention « à consommer jusqu’au… » suivie du jour, du mois, et éventuellement de l’année. Une fois la DLC dépassée, les aliments concernés sont impropres à la consommation car ils présentent un caractère dangereux pour la santé.
- Pour les produits alimentaires qui ne sont pas soumises à la mention DLC, une date de durabilité minimale (DDM) est apposée, présentée sous la forme « à consommer de préférence avant… ». Le dépassement de la DDM ne rend pas l'aliment dangereux pour la santé. Il peut en revanche avoir perdu son arôme ou sa consistance.
Comment agir contre le gaspillage alimentaire ?
Les astuces anti-gaspillage sont nombreuses et vous permettront de réduire votre empreinte écologique tout en réalisant des économies.
- Préférez l’achat en vrac pour contrôler les quantités… et limiter les emballages. Souvenez-vous que les fruits et légumes un peu tordus sont tout aussi bons que les autres !
- En cas de doute sur la péremption d’un produit, référez-vous à la Date Limite de Consommation (“à consommer jusqu’au”) sur les emballages. Ne jetez pas les restes ! Gardez les fanes de poireaux, de carottes ou encore de radis pour les mijoter et les incorporer à d’autres plats, ou les queues de fraises pour faire des sirops délicieux.
- La conservation des aliments est une des clefs pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le produit qui génère le plus de gaspillage alimentaire est le pain ! Pensez à le transformer en croûtons, pain perdu ou chapelure lorsqu’il durcit. Pensez à la congélation, la salaison, la conservation dans l’huile (pour les olives, tomates séchées, aubergines ou champignons…).
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