Gérard Depardieu : Au Cœur de la Controverse

L'acteur aussi populaire que controversé du cinéma français, Gérard Depardieu, est au centre de nombreuses polémiques. Des accusations d'agressions sexuelles à une séquence filmée en Corée du Nord, les controverses se sont multipliées.

Condamnation et Réactions Internationales

Gérard Depardieu a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis pour avoir agressé deux femmes sur le tournage du film "Les Volets verts" de Jean Becker en 2021. Les réactions de la presse internationale se sont multipliées suite à cette condamnation. Le journal allemand Der Spiegel note que l'acteur est "devenu un personnage extrêmement controversé en France" en raison d'une vingtaine d'accusations d'agressions sexuelles à son encontre.

Le quotidien espagnol El País souligne que Depardieu devient ainsi le premier grand acteur de l’industrie cinématographique française condamné pour des délits sexuels dans le cadre du travail, "un fait que beaucoup considèrent comme le début d’un #MeToo à la française".

The New York Times décrypte que "ce qui s’est joué au tribunal faisait partie d’une remise en question tardive mais nécessaire de l’obsession française pour la séduction, de l’adulation aveugle envers ses artistes, et de l’avancée freinée du mouvement #MeToo en France".

Comme le souligne le journal suisse Le Temps, un élément a joué en la défaveur de l’accusé : "Les déclarations de Gérard Depardieu ont évolué significativement entre sa garde à vue et l’audience".

Elément marquant pour la presse internationale : le comportement de l’avocat de Depardieu, Me Jérémie Assous, particulièrement agressif à l’égard des victimes et de leurs avocates. "Il utilisait des termes dégradants pour décrire leur position et était allé jusqu’à se moquer de leur voix", décrit ainsi le média suisse.

Une autre observation semble faire l’unanimité chez les observateurs internationaux : le procès s’est déroulé dans un climat "tendu du début à la fin", juge notamment El País. En partie à cause des grandes voix ayant défendu l’acteur par le passé. En 2023, l’acteur avait été "défendu à l’époque par le président français Emmanuel Macron, poursuit le journal hispanique. Il l’a également été cette semaine par l’actrice française légendaire Brigitte Bardot", qui a accordé une interview exceptionnelle à BFMTV lundi soir après dix ans de silence médiatique.

Le juge lui a ordonné de verser des dommages et intérêts de 15 000 euros à l’une des deux victimes et 14 040 € (incluant ses frais médicaux) à l’autre, qui s’ajoutent aux dix-huit mois de prison avec sursis. "Une futilité", tance le journal britannique The Independent.

"Que Depardieu ait été reconnu coupable représente sans doute une victoire pour les femmes courageuses qui l’ont accusé, y compris les plus de vingt dont les plaintes n’ont jamais abouti à un procès, faute de preuves ou en raison de la prescription", reconnaît l’éditorialiste du média.

La Séquence Controversée en Corée du Nord

Au cœur de la controverse, une séquence filmée en 2018 dans un haras en Corée du Nord, diffusée par "Complément d’enquête". Dans cette séquence, Gérard Depardieu prononce des propositions sexuelles lorsqu’une petite fille à cheval passe à l’image. Sa défense assure que ces propositions ne visaient pas l’enfant et souligne qu’ils n’ont en fait pas été prononcés au moment où elle est à l’image.

Selon eux, la synchronisation des différentes images et pistes sonores apporte "la démonstration" que les propositions de M. À l’inverse, Me Assous fait valoir que les auteurs "reconnaissent être incapables d’établir par l’image" que M. La justice a toutefois rejeté cet argument par deux fois et, en octobre, la cour d’appel de Paris a ordonné une expertise des images.

Réactions au Festival de Cannes

Très attendue, pour sa première conférence de presse en tant que présidente du jury de la 78e édition du Festival de Cannes, Juliette Binoche a été interpellée à deux reprises sur la condamnation de l’acteur Gérard Depardieu. Ses réponses, marquées par une prudence surprenante, contrastent avec ses prises de position passées en faveur du mouvement #MeToo, révélant un malaise palpable dans le milieu du cinéma français.

À une première question, Juliette Binoche a d’abord commencé par répondre par une observation mesurée, pour ne pas dire vague, notant que le mouvement #MeToo a mis « un certain temps à arriver en France ». Face à l’insistance d’une journaliste allemande, elle a développé ensuite une réflexion nuancée : « L’association de monstre et sacré m’a toujours gêné. Gérard Depardieu, ce n’est pas un monstre, c’est un homme qui a été désacralisé par les faits passés, par la justice. » Et d’ajouter que le « sacré » réside dans l’acte créatif, et que la chute de Gérard Depardieu invite à réfléchir sur le pouvoir accordé à certaines figures.

Ce silence ou ces réponses voilées traduisent la gêne d’un milieu confronté à la chute d’un de ses monstres sacrés. Le décalage entre la réaction de Juliette Binoche et ses prises de position antérieures est frappant. Lors de la sortie de Elle de Paul Verhoeven en 2016, elle avait salué le courage des actrices dénonçant les abus. En 2019, elle avait signé une tribune dans Libération appelant à « détrôner les rois intouchables » du cinéma. Cette fois, son discours, axé sur la « désacralisation » plutôt que sur une condamnation claire, semble tempéré par le poids culturel de Gérard Depardieu et par la complexité de juger un pair.

Le Festival de Cannes 2025, entre paillettes et polémiques, met en lumière les contradictions du cinéma français. La prudence de Juliette Binoche, en contraste avec son militantisme passé, incarne ce tiraillement entre la célébration des icônes et la nécessité de reconnaître leurs failles.

Anciennes Allégations et Défense

Déjà en 1991, l'acteur avait fait scandale aux Etats-Unis. Dans cet entretien que le magazine avait titré "Depardieu : primitif français", l'acteur explique très crûment comment il a participé à des viols durant sa jeunesse. "C’est mon pote Jackie - il avait 16 ou 17 ans - qui m'a amené à mon premier viol".

L'acteur tente de calmer le jeu en assurant que ses propos avaient été mal traduits : "Je n'ai pas dit que j'avais participé à des viols mais que j'en avais été témoin. Violer ? Jamais !

Le Procès pour Agressions Sexuelles

Gérard Depardieu a contesté toute agression et toute intention sexuelle ce mardi 25 mars pour le deuxième jour de son procès au tribunal judiciaire de Paris. Il a cepedant reconnu pour la première fois un contact physique sur Amélie, qui l'accuse d'agression sexuelle lors du tournage du film "Les Volets verts" en 2021. Cette dernière a démenti "la nouvelle version de l'acteur" qui parle de "reproche professionnel".

Me Jérémie Assous accuse les parties civiles et les plaignantes de "s'opposer" à "la manifestation de la vérité" dans le procès de Gérard Depardieu.

À la barre, l'acteur, interrogé sur le traumatisme des deux plaignantes, vient de lâcher une longue diatribe contre les féministes."Mais... Et moi? Mais c’est horrible ce qu’on me fait. En me traitant de gros porc. En me refusant n’importe quel contrat. En me refusant. Ça fait trois ans que j’essaye de travailler", lâche Gérard Depardieu.

Maître Carine Durrieu-Diebolt, avocate d'Amélie, prend la parole et rappelle à Gérard Depardieu qu'il a livré trois versions différentes. En garde à vue, l'acteur a dit n'avoir jamais touché la plaignante. Ce matin, il a dit l'avoir attrapée pour ne pas "tomber", ne pas "glisser". Enfin, il a dit à l'instant l'avoir attrapée pour lui parler.

Amélie, décoratrice sur le tournage du film Les Volets verts, donne sa version des faits qui se seraient passés après l'enregistrement d'une scène. "Il revient. Il s’installe. Je termine mon travail. Je dois passer devant lui. Arrivée devant lui, il fait 'hey' et il crie", détaille Amélie. "Là, il referme ses jambes. Il met ses mains. Il avance. Il me coince avec ses jambes. Il a beaucoup de force", poursuit-elle en mimant la scène.

Gérard Depardieu "n'a jamais reconnu la moindre agression sexuelle", affirme Me Jérémie Assous, son avocat, face à la presse. Me Jérémie Assous, avocat de Gérard Depardieu, dénonce "des accusations qui ne sont que mensonges" après la prise de parole d'Amélie, l'une des deux plaignantes.

À la barre, Amélie, l'une des plaignantes, réagit aux déclarations de Gérard Depardieu. "Je découvre la dernière version toute récente. Ce qui m'amuse un peu. Ça m'a donné le courage de parler", dit-elle.

Depardieu regrette l'image qu'il a donné de lui ces dernières années. "Avec ce que je lis sur moi depuis trois ans. On dit que je suis un gros dégueulasse. Même Anouk Grinberg le dit de moi à la télévision. J’ai honte de moi.

Gérard Depardieu conteste "s'amuser à peloter" des femmes. "Je ne vais pas m’amuser à 76 ans, à 150 kilos... Je ne me plais pas suffisamment pour mettre la main aux fesses de quelqu’un", se défend l'acteur. "Mais c’est quoi? C’est quoi? Je ne suis pas Émile Louis."

Gérard Depardieu reconnaît pour la première fois un contact physique sur Amélie, la première plaignante. "Je l’appelle. Venez, venez, venez. Je lui dis 'Pourquoi tu me mens? Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais ensemblière ' (...) Là, je m'échauffe. Ça monte. Je l’attrape par les hanches", détaille l'acteur en mimant avec ses mains.

Gérard Depardieu est interrogé sur ses propos graveleux. "Graveleux? C'est quoi graveleux? Grossier? Oui il m'arrive de dire 'Allez chatte! Allons-y'".

Gérard Depardieu prend la parole. "Bien entendu, j'ai des déclarations à faire", annonce l'acteur.

Le président lit les faits dénoncés par Amélie, la première plaignante et revient sur l'ensemble des témoignages, notamment celui de l'auxiliaire de tournage qui a assisté à la scène d'agression sexuelle. "J'étais dans le hall. Devant moi, il y avait Gérard et Amélie. Gérard était assis sur un cube. Il a attrapé Amélie et l'a collée contre lui. Ça m'a mis mal à l'aise".

Décision de la Cour d'appel

Vendredi dernier, la cour d'appel de Paris a décidé de procéder à une expertise visant à déterminer si les images d'un épisode de l'émission "Complément d'enquête" sur France 2, mettant en scène Gérard Depardieu, avaient été manipulées. La décision, consultée par l'AFP et révélée par Télérama, stipule que les images brutes tournées lors d'un voyage en Corée du Nord en 2018 doivent être expertisées. Cette mesure sera financée par Gérard Depardieu, qui souhaite prouver que le montage de l'émission est trompeur.

Lors de l'émission diffusée fin 2023, les images montrent Gérard Depardieu multipliant des commentaires misogynes et insultants dans un haras, tandis qu'une fillette était à l'écran. Gérard Depardieu a affirmé que ses propos n'étaient pas destinés à la jeune fille et a insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une scène de fiction. L'expertise demandée devra donc clarifier cette situation.

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