Chocolatine ou pain au chocolat, l’appellation de cette petite viennoiserie craquante et dorée affole et divise la France. Il suffit parfois de quelques mots "malheureux" pour relancer un vieux conflit.
L'Intervention d'Emmanuel Macron et le Relancement du Débat
C’est le président de la République qui a remis le couvert. Lors du traditionnel discours de l’Épiphanie, Emmanuel Macron a brièvement exprimé son avis au sujet de l’éternel débat, ce 7 janvier 2024. « Chez moi, on dit pain au chocolat » et non pas chocolatine, a-t-il déclaré. Une intervention rapide et concise, qui aura tout de même suffi à remettre une pièce dans la machine et la fameuse question concernant l’appellation de cette viennoiserie sur le devant de la scène médiatique.
Une Étude Approfondie des Usages
Après cette intervention, la plateforme de veille indépendante Tagaday s’est plongée dans dix ans d’archives d’utilisation de ces deux expressions dans les médias français. Les chocolatines et pains au chocolat ont été traqués, inventoriés et étudiés dans 5 400 programmes d’informations, diffusés par 410 chaînes de télévision et de radio, et plus de 3 000 publications de presse écrite, imprimées ou en ligne. Celle-ci rattrape bientôt le terme star « pain au chocolat » qui, malgré une augmentation, progresse moins vite que son rival, et passe de 2740 à 8405 utilisations sur la même période.
Événements Marquants et Pics d'Utilisation
Toutes ces données rassemblées dans un graphique par la plateforme Tagaday permettent de revenir sur quelques événements marquants de l’histoire du mythique débat. On se souvient par exemple de l’année 2016, où Jean-François Copé a sous-estimé, sur les ondes d’une radio, le prix de la viennoiserie. En répondant à la question « Combien coûte un pain au chocolat ? » d’un auditeur d’Europe 1, l’homme politique, alors candidat à la primaire de la droite, estime avec assurance qu’il coûte entre 10 et 15 centimes d’euros. La toile s’enflamme, les médias s’emparent du sujet, et l’utilisation du terme décolle. D’où le pic observé dans la courbe de citations de « pain au chocolat » après cette intervention.
L'Inflation et la Menace sur les Boulangeries
Il faut attendre 2021 pour le pic suivant. Cette période marque le début de l’inflation, les prix flambent, et ceux de la viennoiserie française avec. Les boulangeries sont alors en danger : le prix du pain bondit de 18 % en moyenne au sein de l’Union européenne, entre août 2021 et août 2022, d’après les chiffres publiés à la mi-septembre par l’agence de statistiques européennes Eurostat. À titre de comparaison, la hausse n’avait été que de 3 % au cours de l’année précédente. Cette augmentation devient un sujet phare des médias, et l’utilisation des termes connaît une grande évolution sur cette période.
L'Intervention d'Elon Musk
En août 2023, c’est autour d’Elon Musk de relancer la tendance. La presse française s’empare de « l’événement » et place la question dans le peloton de tête des préoccupations des Français. Dans un discours, jeudi 5 janvier, Emmanuel Macron a fait référence au "pain au chocolat" plutôt qu'à la "chocolatine".
Le Contexte Culinaire et les Références Présidentielles
Dans une allocution de 30 minutes qui précédait la dégustation d'une galette des rois (NDLR : une frangipane) de 1,20 m de diamètre, le président de République en a profité pour évoquer longuement les problèmes énergétiques que rencontrent les artisans mais aussi pour féliciter tous les boulangers français qui ont vu la baguette inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco. Emmanuel Macron fait ici référence à Guillaume Gomez, ancien chef des cuisines de l'Elysée et, depuis 2021, représentant personnel du président de la République auprès des acteurs et des réseaux de la gastronomie et de l'alimentation, afin de promouvoir les arts culinaires de la France. Mais le Président, qui a des origines dans le Sud-Ouest par sa grand-mère, s'est bien gardé une nouvelle fois de prendre position entre "chocolatine" et "pain au chocolat".
