On pourrait croire à un article du Gorafi et pourtant... Le groupe agroalimentaire Brioche Pasquier a lancé des recours contre plusieurs startups pour l’utilisation du mot « pitch », marque déposée par le groupe.
L'indignation des startups
« C'est absurde, grotesque ! » s'offusque Gaël Duval. Contacté par la rédaction, le président de JeChange.fr et fondateur de la French Touch Conference qui organise des évènements dédiés aux entrepreneur·se·s, croyait lui aussi à une mauvaise blague lorsqu'il a reçu son premier courrier début 2017. Les avocats du groupe français Brioche Pasquier réclament très sérieusement qu'il cesse d'utiliser sa marque « Pitch in the plane », pourtant déposée en toute légalité auprès de l'Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI) en 2015.
Alors que l'anglicisme est devenu indissociable de l'univers startup, Gaël Duval pense que la marque craint « le syndrome frigidaire ». À tel point, que Brioche Pasquier a déjà fait enregistrer 16 oppositions auprès de l'INPI. Sur celles-ci, 12 leur sont revenues favorables, dont deux concernant L'Ecole du Pitch fondée par Lorenzo Croati et Damien Gromier.
Comme Gaël Duval, ils nous expliquent qu'ils ont reçu un courrier des avocats du groupe il y a un peu moins d'un an, et qu'ils ont depuis entamé des procédures pour conserver leur marque.
« Dans un monde globalisé où le mot pitch est utilisé couramment, les oppositions systématiques de Brioche Pasquier à son utilisation manque de sens » note Damien. Ce qu’ils souhaiteraient, c’est une tolérance du groupe, que ce dernier reconnaisse l’utilisation du terme dans l’univers startup et comprenne qu’il ne porte en rien préjudice à la marque. « Nous opérons clairement dans un secteur d’activité différent : nous sommes une école, nous ne sommes donc pas dans la brioche » conclut Damien.
Une occasion manquée pour Brioche Pasquier ?
Pour Gaël Duval, c’est un exemple flagrant du manque de maturité des grands groupes face aux startups. L’entrepreneur, qui vient de la communication, regrette que la marque n’ait pas pensé à créer, pourquoi pas, des hackathons avec ces jeunes sociétés, ou simplement à surfer sur ce point commun inattendu pour en tirer une campagne intelligente et décalée.
Alors que le groupe s’approche dangereusement du bad buzz, certaines sociétés mettent déjà la clef sous la porte. Après avoir alerté sur la situation via La Lettre de Petit Web, Fréderic Bascuñana, organisateur de Pitch Parties qui entraîne bénévolement des entrepreneur·se·s, a déclaré au Figaro « Privée du terme, mon activité n'a plus sa raison d'être ».
La réponse maladroite de la marque
Côté marque, les Brioches Pasquier se sont fendues d'un tweet - sommaire - et peu convaincant.
Nous soutenons l’entrepreneuriat et continuerons à le soutenir dans le respect des droits de chacun.
Appelez-nous désormais Pain Suisse My Startup. On devrait être bon pour quelques années avec ce nouveau nom ? mais qu'est ce que j'ai ri !
Alors, à moins que Pasquier trouve une jolie pirouette pour sortir grandi de ce mauvais buzz... il est probable qu'on trouvera moins de petits pains industriels dans les hackathons...
TAG: #Brioche
