Assez farouche, le Geai des chênes (Garrulus glandarius) est impossible à confondre. Il est le “gardien” de la forêt et des mangeoires.
Description Physique
Il arbore un plumage chamois roux avec des ailes blanches et noires, et de très jolies plumes bleues zébrées de noir au niveau du poignet. Le dessus du dos est brun-gris rosé, la gorge est blanche et les sous-caudales (plumes du dessous de la queue) sont blanches également. La calotte (dessus de la tête) est blanchâtre tachetée de noir. Les plumes de la calotte sont érectiles, donnant au crâne une forme pointue. Ses moustaches noires sont bien visibles et ses ailes paraissent très arrondies. En vol, on peut distinguer son croupion blanc et des barres alaires blanches.
Le plumage du juvénile est très semblable à celui de l'adulte, mais semble moins uniforme, plus ébouriffé.
- Longueur: 32-35 cm
- Envergure: 54-58 cm
- Poids: 140 à 190 g
- Longévité: 18 ans
Dimorphisme sexuel : mâle et femelle ont un plumage identique.
Répartition Géographique
On trouve le Geai des chênes partout en France, en Europe, en Afrique du nord, jusqu'en Asie. Son aire de répartition s'étend d'ouest en est, depuis l'océan Atlantique à l'océan Pacifique sur tout le continent eurasiatique. Il est cependant absent d'Islande et de l'extrême nord de la Scandinavie.
Il existe différentes sous-espèces de geais en fonction de la localité géographique. Elles sont différenciables - entre autres - par la couleur du plumage, l'étendue des stries ou du noir sur la calotte, la couleur des joues... Les oiseaux d'Europe du nord et de France appartiennent à la sous-espèce G. g. glandarius, reconnaissables à la calotte blanchâtre tachetée de noir. Les oiseaux des îles Britanniques G. g. rufitergum et G. g. hibernicus sont brun roux plus foncé.
Habitat
Le Geai des chênes est avant tout une espèce forestière. En période de reproduction il recherche la présence d’arbres, notamment les chênaies-charmaies et hêtraies. Il s'accommode des forêts mixtes et même de conifères en altitude. Il fréquente également les bosquets et les parcs urbains. En dehors de la période de reproduction, son habitat s’élargit aux milieux semi-ouverts : bocages, jardins, milieux semi-ouverts, espaces agricoles...
Migration et Hivernage
Selon les conditions climatiques de la zone dans laquelle il vit, le Geai des chênes est soit sédentaire, soit migrateur. En France, on peut observer en septembre-octobre le passage migratoire de geais originaires du nord-est, se déplaçant en petits groupes lâches en direction du sud-ouest. Les oiseaux volent d'habitude à faible hauteur, passant rapidement d'une forêt à l'autre pour éviter au maximum les prédateurs. Une migration appelée : "migration rampante".
Pour préparer l’hiver, le geai fait des réserves de nourriture, notamment des glands et des faines (fruit du hêtre), qu’il cache sous des mousses, des feuilles mortes, parfois dans un arbre creux.
Alimentation
Le Geai des chênes se nourrit de glands qui représentent 70 à 80% de son alimentation (Yeatman-Berthelot D. et Jarry G., 1995) et qu’il transporte assez loin. Il participe ainsi à la dissémination du chêne, mais il prélève aussi des fruits, des œufs de passereaux, des insectes... Il vient même parfois sur les mangeoires.
Quant aux invertébrés constitués à 77 % de chenilles défoliatrices, c’est son met de choix en période de nidification, car elles constituent l’alimentation de base des oisillons. En automne et en hiver, il se nourrit de graines et de baies, de noisettes et de glands.
Le Geai en fonction des saisons fait varier ses menus. Il mange volontiers des campagnols, des souris et des insectes. Il préfère les arachides, le maïs concassé, le tournesol, les noix et les graines de citrouilles.
Comportements
Relativement timide vis-à-vis de l’Homme, on entend souvent le geai plus qu’on ne le voit. Monogame, il niche par couples territoriaux qui se partagent la forêt. Il peut arriver que l'on observe le Geai des chênes dans une posture curieuse, assis sur sa queue et les ailes étendues devant lui ; c'est parce qu'il est en train de prendre un bain de fourmis. Pour se défendre, les fourmis envahissent son plumage, et l'humectent d'acide formique. Cette pratique permet de tuer les parasites ou tout au moins de les déranger suffisamment pour qu'ils deviennent plus accessibles lorsque l'oiseau procède au lissage.
Le Geai des chênes est un oiseau discret et timide, souvent entendu à défaut d’être vu. C’est un oiseau souvent solitaire ou en petits groupes familiaux. Vers la fin de l’été et en automne, ils forment de grands dortoirs.
Il s'amuse à harceler les hiboux et autres rapaces lorsqu’il chasse en groupe. C’est un imitateur hors pair, capable de plagier n’importe quel oiseau. Bruyant et bavard, c'est la sentinelle de la forêt.
Reproduction
La saison de reproduction s’étend du mois d’avril à juillet. La femelle pond en moyenne 5 à 7 œufs, vert pâle parsemés de taches plus sombres. Les œufs sont incubés 16 à 17 jours par la femelle. Les poussins deviennent indépendants au bout de 8 semaines. Les Geais des chênes n’élèvent qu’une nichée par an.
Son nid est généralement installé dans une enfourchure d’arbre, assez haut (à plus de 3 mètres de hauteur).
La saison de reproduction varie selon la distribution. Le Geai des chênes nidifie en solitaire et les couples restent unis longtemps, peut-être pour la vie.
Tendance de la Population et Statut
La population française de couples nicheurs de geais a été estimée entre 500 000 à 900 000 couples sur la période 2009-2012 (Olioso G., 2015 - Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine).
Le Geai des chênes est une espèce en augmentation en France de + 23 % sur la période 2001-2019 (Fontaine, B., Moussy, C., Chiffard Carricaburu, J., Dupuis, J., Corolleur, E., Schmaltz, L., Lorrillière, R., Loïs, G. & C., G. (2020),MNHN- Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation, LPO BirdLife France). En Europe, l'augmentation de sa population est qualifiée de modérée (EBBC - European Bird Census Council, 2024).
Enfin, le Geai des chênes est classé LC, "préocupation mineure" sur les listes rouges UICN de France, Europe, Monde et Régionales (INPN - Inventaire national du patrimoine naturel, 2024).
Un Rôle Utile dans la Biodiversité
Le Geai des chênes n'est pas une espèce "nuisible" pour l'écologue ou l'ornithologue. Il occupe une place bien définie dans l'écosystème forestier et participe à la régénération de la forêt comme nous l'avons vu. Ce corvidé possède sous son bec une petite poche capable de transporter des glands qu’il dissimule à l’automne un peu partout sur son territoire, sous la mousse ou la litière de feuilles mortes, afin de constituer des réserves de nourriture pour l’hiver. Ceux qui ne sont pas consommés deviennent au printemps de nouveaux chênes, contribuant activement à la régénération naturelle des forêts. Il rentre aussi en interaction avec les autres animaux de la forêt puisqu’il donne l’alerte par son cri rauque lorsqu’un intrus ou un prédateur pénètre sur le territoire. Les autres espèces y reconnaissent un avertissement.
Le geai des chênes fait partie de ses espèces animales qui sont capables de thésauriser sa nourriture, c’est-à-dire qu’il va stocker sa nourriture en prévision des mauvais jours. Un seul geai arrive à cacher environ 3000 glands par mois en hiver, en les enfonçant dans le sol ou sous des buissons bas. C’est un bon planteur de chênes !
Voix
Le Geai des chênes est particulièrement loquace. C'est la sentinelle de la forêt, car il avertit par un "Shrreik" rauque et perçant les autres espèces de la présence d’un intrus sur son domaine. Ce cri peut être répétés lorsqu'il est en groupe, et peut même tourner au vacarme en cas de présence d'un prédateur. Il fait aussi des gloussements, des caquètements et d'autres sons rudes, graves, portant peu.
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